Selon M. Noureddine Bouthiba, vice-président de l’APC de Chlef, chargé de l’Administration, du développement local, de la formation, des établissements scolaires, des mosquées et des cimetières, la rentrée scolaire 2020-2021 s’est déroulée dans de bonnes conditions et ce, malgré le fait que beaucoup de problèmes n’ont pas été traités lors des deux derniers mandats.
Très remonté contre ses prédécesseurs, M. Noureddine Bouthiba avoue qu’il essaie, depuis sa prise fonction, d’être à la hauteur de la confiance placée en lui par la population de la commune de Chlef. «Pour dire vrai, les plus grandes difficultés, je les rencontre quotidiennement dans les établissements scolaires, dans différents domaines, notamment le manque de moyens humains et matériels qui se pose à tous les établissements, excepté les écoles construites récemment», reconnait-il. «Avec l’aide des élus, ajoute-t-il, je veux en venir à bout afin d’assurer la bonne marche de ses écoles primaires».
M. Bouthiba avoue rencontrer de multiples difficultés pour l’application du protocole sanitaire pour les 86 écoles en raison d’un budget très amoindri et vu l’état catastrophique dans lequel se trouvent certaines écoles.
Lors d’une réunion préparatoire de la rentrée scolaire, l’APC de Chlef a recensé nombre de difficultés multiples au niveau des écoles primaires dont plusieurs sont dans un état qui laisse à désirer et qui, de ce fait, ne peuvent assurer la prise en charge convenable des élèves. Devant cet état de fait, 5 commissions ont été créées, chacune présidée par un vice-président et des délégués ainsi que des membres du conseil communal participatif, comprenant notamment des représentants des secteurs de l’Education nationale et de la Santé ainsi que des associations de parents d’élèves. Après évaluation de la situation scolaire et sanitaire, des décisions ont été prises pour engager des opération de réfection pour certains établissements et l’établissement de fiches techniques pour ceux nécessitant de gros travaux de réhabilitation à l’effet de dégager un budget dans ce sens et le soumettre à l’approbation du conseil communal.
Défaillances sur divers plans
Certes, la rentrée s’est effectuée «normalement» mais certains échos venant de la part de la société civile font état de l’absence de cantines dans certaines écoles, de problèmes d’étanchéité dans d’autres ou de manque de chauffage ou dans potable, outre des problèmes d’assainissement.
Face à ces carences, le wali de Chlef a ordonné l’ouverture de 22 cantines qui vont s’ajouter aux 53 cantines existantes. «Nous avons aussi relevé l’existence de 8 cantines mais qui ne sont pas équipées», avoue M. Bouthiba en précisant toutefois qu’un budget est à l’étude et qui sera débloqué pour venir à bout de tous les problèmes évoqués.
En ce qui concerne la gestion de la pandémie, notre interlocuteur fait savoir que tout le monde est réquisitionné pour la désinfection quotidienne des écoles primaires, l’acquisition et la distribution des bavettes en nombre conséquent de même que le gel hydro-alcoolique. Le respect de la distanciation physique est de rigueur, ajoute-t-il, citant en outre l’aide précieuse des associations caritatives et des autres associations de la société civile qui participent à l’effort de désinfection.
M. Bouthiba insiste sur le fait que le problème ne réside pas dans l’application du protocole sanitaire à l’intérieur des établissements scolaires : «C’est à l’extérieur de l’établissement qu’il n’est pas appliqué de manière stricte».
Et d’assurer que le protocole sanitaire est très bien respecté au niveau des établissements scolaires et ce, malgré le manque de moyens dont nous avons fait part depuis le mois de juin 2020 aux autorités concernées. Mais, note-t-il, la recrudescence de l’épidémie observée ces derniers temps suite au relâchement en matière de respect des mesures de prévention contre le coronavirus peut compromettre l’année scolaire. «Les élèves sortent à la fin des cours et côtoient des personnes qui ne prennent pas au sérieux les consignes sanitaires, ne portent pas le masque de protection et ne respectent pas la distanciation physique», fait-il remarquer.
Le vice-président chargé de l’administration et le développement local estime nécessaire de conjuguer les efforts pour endiguer la propagation du virus pour permettre aux 30 977 élèves dans 86 écoles primaires composées de 970 classes que compte la commune de Chlef de suivre une scolarité normale dans ce contexte particulier. Il a estimé nécessaire de mobiliser tous les moyens susceptibles d’assurer la continuité dans la mise en œuvre du protocole sanitaire dans ce cycle.
Pourquoi pas la direction de l’Education ?
M. Bouthiba évoque le manque de moyens constaté dans l’APC de Chlef qui rencontre beaucoup de difficultés pour venir à bout des problèmes dans certaines écoles du cycle primaire, estimant qu’il faut revoir le système de gestion des écoles primaires, comme le suggèrent certains syndicats de l’éducation, afin qu’elles reviennent sous le giron de la direction de l’Education. «C’est mon avis personnel en tant qu’élu et citoyen en même temps», dit-il.
Et d’argumenter : «Les collectivités locales, avec toutes les missions qui leur sont dévolues conjuguées au manque flagrant de moyens humains et matériels, sont dans l’impossibilité de prendre en charge l’éducation des enfants de l’Algérie de demain. La scolarité de l’enfant d’aujourd’hui doit se dérouler dans de bonnes conditions pour assurer la santé et la prospérité du pays».
Plus direct, il nous révèle que son service ne dispose même pas d’un véhicule pour intervenir sur un problème de chauffage, d’électricité, de plomberie, de maçonnerie ou de menuiserie se posant dans une des nombreuses écoles de la commune. Dont le territoire s’étend sur 127 km2. Ajouté à cela, il y a le manque de personnel. Il est en effet interdit aux collectivités locales tout recrutement depuis 2015. Une grande partie du personnel de l’APC est partie à la retraite. Les contrats avec la DASS pour y remédier au manque de personnels qualifiés tels que les cuisiniers, les gardiens, les magasiniers, les gestionnaires de stocks, les femmes de ménage font aussi défaut depuis 2015. Les anciens contrats n’ont pas été renouvelés. Pire, certaines écoles primaires ne disposent ni de gardien de jour ni de veilleur de nuit.
Ces contraintes majeures amoindrissent considérablement les capacités d’intervention de la collectivité et se répercutent de manière négative sur la qualité de service public offert aux écoles primaires. Des correspondances ont été adressées aux responsables concernés, à savoir le chef de daïra, le directeur de l’Education, le président de l’APW et le wali de Chlef.
Il reste toutefois à espérer des lendemains meilleurs, selon M. Bouthiba qui tient à remercier le wali de Chlef qui a pris la décision de remplacer toutes les citernes d’eau métalliques dans les 86 écoles primaires par des citernes en plastique renforcé.
«Nous sommes aussi en train d’éradiquer les chauffages à mazout pour les remplacer par des chaudières à gaz, je profite de votre venue pour lancer un message à M. le wali de Chlef afin de dégager un budget conséquent pour venir à bout de ces multiples problèmes qui se posent dans nos écoles primaires», a conclu notre interlocuteur.
Hocine Boughari