Ces dernières années, les voyageurs fréquents ont constaté un phénomène de plus en plus courant : des turbulences plus fréquentes, plus soudaines et, dans certains cas, plus violentes. Tablettes et boissons renversées, passagers effrayés… Ce n’est pas qu’une impression. La science le confirme : le changement climatique redéfinit l’atmosphère terrestre et, par conséquent, la façon dont les avions la traversent.
Selon les experts, la hausse des températures mondiales intensifie les processus atmosphériques à l’origine des turbulences, en particulier les plus insidieuses : les turbulences en air clair, invisibles aux radars des avions. Résultat ? Des vols plus inconfortables, plus longs et potentiellement plus chers. Les turbulences se produisent lorsqu’une masse d’air subit des changements brusques de vitesse ou de direction. Avec le réchauffement climatique, ces changements deviennent plus marqués et plus fréquents. L’atmosphère se réchauffe de manière inégale : certaines régions se réchauffent plus vite que d’autres. Ce déséquilibre modifie la circulation des vents et, surtout, affecte la dynamique du courant-jet, une bande de vents très forts qui circule entre 9 et 12 kilomètres d’altitude. C’est dans ces courants que se génère la turbulence en air clair (TAC) : la plus difficile à prévoir, la plus soudaine et celle qui inquiète le plus les pilotes et les scientifiques. La TAC n’étant associée ni aux nuages ni aux orages, elle est invisible aux radars météorologiques et aux instruments de bord classiques. Au cours des prochaines décennies, nous pouvons nous attendre à ce que les fortes turbulences doublent ou triplent à l’échelle mondiale. Les 10 minutes d’aujourd’hui pourraient devenir 20 ou 30. » Le changement climatique intensifie un phénomène clé : le cisaillement du vent, soit la variation soudaine de la vitesse du vent sur de courtes distances. C’est précisément le cisaillement du vent qui rend les aéronefs instables et provoque des oscillations brusques. L’augmentation du CO₂ dans l’atmosphère entraîne un réchauffement de l’air et un contraste thermique accru : des conditions idéales pour intensifier le cisaillement du vent dans les zones de turbulence maximale.

Une étude récente a identifié plusieurs régions du monde où l’augmentation des TAC sera la plus marquée en Asie de l’Est, Moyen-Orient, Afrique du Nord, Pacifique Nord et Amérique du Nord. Ce sont des zones traversées quotidiennement par des milliers de vols commerciaux. Les liaisons transatlantiques – entre l’Europe et les États-Unis – sont également particulièrement sensibles : c’est là que certains des courants-jets les plus puissants circulent de manière constante d’ouest en est. La taille des zones TAC peut varier considérablement, de 80 à 100 kilomètres jusqu’à plus de 500 kilomètres, tandis que l’épaisseur de la couche atmosphérique concernée varie de 500 mètres à 2 kilomètres. Il ne s’agit donc pas de « points isolés », mais de véritables zones que les aéronefs doivent traverser ou contourner, ce qui a des conséquences sur la durée des vols.
Les turbulences croissantes sont déjà en cours
Il ne s’agit pas d’un problème futur : il est déjà une réalité. Une étude publiée en 2023, analysant plus de 40 ans de données atmosphériques (de 1979 à 2020), a mis en évidence une hausse significative des turbulences en air clair aux altitudes de croisière. L’exemple le plus emblématique concerne un incident survenu le 5 décembre 2024 lors d’un vol Londres-Rome. L’avion a subi de fortes turbulences dans la FIR de Milan. Aucune carte météorologique n’avait signalé de risques ; aucun système de prévision n’avait relevé d’anomalies. L’incident a été attribué à un courant-jet, une portion particulièrement intense de ce courant. Ce cas illustre un point essentiel: Même avec des systèmes avancés, les TAC peuvent échapper aux modèles de prévision. De plus, à mesure que les conditions qui les génèrent s’améliorent, des événements similaires pourraient se multiplier.
Quelles conséquences cela a-t-il pour les passagers ? Devons-nous nous inquiéter ?
Les turbulences peuvent être gênantes, voire effrayantes. Elles peuvent causer des blessures, notamment chez les passagers ne portant pas leur ceinture de sécurité ou chez les membres d’équipage travaillant debout. Selon le Bureau national de la sécurité des transports (NTSB), entre 2009 et 2024, 207 blessures graves ont été causées par des turbulences aux États-Unis, dont 166 concernaient des membres d’équipage. A l’échelle mondiale, on estime que près de 5 000 épisodes de fortes turbulences se produisent chaque année sur plus de 35 millions de vols. L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a indiqué en 2024 que près de 40 % des blessures graves survenues à bord d’aéronefs l’année précédente étaient dues aux turbulences.
Mais les avions sont-ils réellement en danger ?
La réponse est claire : non. Les technologies aéronautiques modernes permettent aux avions de résister à des contraintes bien supérieures à celles causées par les turbulences les plus intenses. Les avions ne s’écrasent pas à cause des turbulences. Ce qui est en jeu, c’est le confort des passagers, la sécurité des personnes qui ne sont pas assises ou qui ne portent pas leur ceinture de sécurité, la gestion des vols et des itinéraires. En d’autres termes : plus d’inconfort, plus de précautions, plus d’attention.
Les coûts cachés des turbulences
L’augmentation des turbulences pose non seulement un problème de sécurité et de confort, mais aussi un problème économique. Survoler des zones turbulentes peut nécessiter :
Toute turbulence importante nécessite également une inspection technique obligatoire de l’aéronef, ce qui peut entraîner des retards et des coûts supplémentaires. Et si l’évitement des turbulences nécessite plus de carburant et un temps de vol plus long, les coûts d’exploitation augmenteront inévitablement. Finalement, comme c’est souvent le cas, ils pourraient être répercutés sur les passagers.
Vers un ciel plus turbulent : que faire ?
La réponse est claire : non. Les technologies aéronautiques modernes permettent aux avions de résister à des contraintes bien supérieures à celles causées par les turbulences les plus intenses. Les avions ne s’écrasent pas à cause des turbulences. Ce qui est en jeu, c’est le confort des passagers, la sécurité des personnes qui ne sont pas assises ou qui ne portent pas leur ceinture de sécurité et la gestion des vols et des itinéraires. En d’autres termes : plus d’inconfort, plus de précautions, plus d’attention.

Les coûts cachés des turbulences
L’augmentation des turbulences pose non seulement un problème de sécurité et de confort, mais aussi un problème économique. Survoler des zones turbulentes peut nécessiter des changements de cours, des ascensions ou descentes en altitude, la consommation de carburant accrue et des retards et déviations. Toute turbulence importante nécessite également une inspection technique obligatoire de l’aéronef, ce qui peut entraîner des retards et des coûts supplémentaires. Et si l’évitement des turbulences nécessite plus de carburant et un temps de vol plus long, les coûts d’exploitation augmenteront inévitablement. Finalement, comme c’est souvent le cas, ils pourraient être répercutés sur les passagers.
Vers un ciel plus turbulent : que faire ?
Comme le souligne l’armée de l’air italienne, les turbulences nous rappellent la « puissance et l’imprévisibilité de l’atmosphère ». Mais tout n’est pas hors de contrôle. Ces dernières années, les compagnies aériennes et les centres météorologiques ont investi dans :
systèmes prédictifs basés sur l’intelligence artificielle, surveillance en temps réel par avion en vol, algorithmes capables d’identifier des signaux d’alerte invisibles au radar, réseaux mondiaux de partage de données entre pilotes et compagnies aériennes. L’objectif est clair : prédire de mieux en mieux où et quand les phénomènes CAT peuvent se produire, afin de minimiser les risques et d’améliorer l’expérience de vol. Le ciel de demain sera probablement plus instable que celui d’aujourd’hui. Le changement climatique, en modifiant les rythmes et la structure de l’atmosphère, rendra les turbulences plus fréquentes et, dans certains cas, plus intenses. Cela ne signifie pas pour autant que prendre l’avion deviendra dangereux, mais il sera d’autant plus important de rester assis, ceinture attachée, et de se fier aux nouvelles technologies de prévision. L’industrie aéronautique s’efforce déjà d’atténuer les effets de cette tendance, mais le phénomène est voué à s’amplifier. Les turbulences deviendront une composante de plus en plus intégrante de l’expérience de voyage en avion dans les décennies à venir : un signe concret supplémentaire de la façon dont le changement climatique transforme notre quotidien.
Rédaction internationale