Ayoub Hadj Ahmed gère « Dar Dwaya », une jeune maison d’édition et d’impression installée à Adrar, dans le sud algérien. Présent à la 28ème édition du salon international du livre d’Alger, il nous a présenté brièvement son entreprise et livré quelques impressions sur le déroulement de cette importante manifestation culturelle.
La maison d’édition « Dar Dwaya », nous dit-il, a été créée en 2021 à Adrar, une ville où il est improbable de lancer pareille activité et ce, en dépit de la présence d’une grande université, d’une zaouia célèbre et de nombreux intellectuels et penseurs. Mais cela n’a pas découragé le jeune Ayoub qui n’a pas hésité un moment pour se lancer dans ce pari risqué et qui, en fin de compte, s’est révélé gagnant. Dès la naissance de « Dwaya », explique-t-il, des auteurs du cru ont commencé à se rapprocher de la maison d’édition, proposant des œuvres de différentes factures mais qui ne laissent pas indifférent. Outre des écrits littéraires, Dwaya s’est vu proposer des essais et recherches historiques et anthropologiques sur le Sahara algérien. De quoi engager une vraie réflexion sur la spécialisation future de la maison d’édition qui, d’emblée, a choisi de privilégier les œuvres abordant des problématiques qui se posent dans les différentes régions du vaste Sahara algérien.
Anthropologie, histoire et patrimoine
Au salon international du livre d’Alger, Dwaya tient un modeste stand au pavillon central (Concorde), elle expose plusieurs titres en langue nationale que s’arrachent les universitaires et spécialistes du sud du pays. Pour une première participation au SILA, Dwaya a vite fait l’unanimité chez les connaisseurs. A ce propos, Ayoub nous indique qu’il a édité une étude sur un épisode douloureux vécu par les populations algéro-maliennes en 1973, à la suite d’une grave sécheresse dont les effets ont contribué à la déstructuration sociale et tribale, entrainant une guerre civile au Mali. Des milliers de réfugiés se sont retrouvés en Algérie, fuyant les exactions de l’armée de Bamako. « C’est un travail de recherche qui a eu un énorme écho auprès de la communauté universitaire », précise notre interlocuteur, qui ajoute que Dwaya a réédité le roman « Tarhane » qui a obtenu le prix Assia Djebbar 2022 pour la meilleure œuvre en langue arabe. « Tarhane et une pratique usurière pratiquée autrefois dans la région d’Adrar, qui consiste à avancer du grain, par exemple, à un fellah, et lui exiger en retour le double de la quantité après la récolte », nous renseigne notre interlocuteur.
Très satisfait de sa présence au SILA, le patron de Dwaya a tenu à remercier ses organisateurs, soulignant avoir eu la chance d’être admis au pavillon central « Concorde » qui accueille les maisons d’édition les plus prestigieuses du pays. Cela rend compte, note-t-il, de la parfaite maitrise de l’organisation de cet important événement culturel.
« Je profite de l’occasion qui m’est offerte pour exprimer toute ma gratitude au commissaire du salon pour la qualité de l’organisation et pour dimension africaine que défendent et encouragent ceux et celles qui président aux destinées du salon international du livre d’Alger », a-t-il dit avant de conclure en remerciant les responsables au ministère de la Culture et des Arts pour leur soutien aux jeunes éditeurs.
Le Chélif