L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Centre des Nations Unies pour l’agriculture par satellite (UNOSAT) ont publié ce vendredi une nouvelle analyse géospatiale révélant des dégâts considérables et croissants au secteur agricole de la bande de Gaza. Cette analyse met en évidence la destruction généralisée des terres cultivées, des serres, des puits d’irrigation et autres infrastructures agricoles – des atouts essentiels à la production alimentaire et aux moyens de subsistance. Globalement, l’agriculture gazaouie est dévastée, mais le cessez-le-feu actuel offre une opportunité, certes limitée dans le temps, pour amorcer la restauration de la production alimentaire et des moyens de subsistance.
Malgré l’ampleur persistante des dégâts, l’analyse indique également que 37 % des terres arables endommagées de la bande de Gaza sont désormais physiquement accessibles pour la réhabilitation et la culture. Dans ces zones accessibles, environ 600 hectares de terres restent intacts, offrant ainsi la possibilité de relancer la production alimentaire et de soutenir les moyens de subsistance. Les dégâts aux terres cultivées n’ont cessé de s’aggraver tout au long de l’année 2025, passant d’environ 80 % en avril à 86 % en juillet, pour atteindre 87 % fin septembre. Cette tendance reflète la destruction continue et répétée des terres et des infrastructures agricoles.
Une augmentation des dégâts a également été observée concernant les serres, passant de 71 % en avril à 80 % en octobre. Le gouvernorat de Gaza a subi des pertes totales, tandis que le nord de Gaza a été presque entièrement détruit. Grâce au cessez-le-feu actuel, les surfaces accessibles aux serres ont également augmenté de 17 %, offrant ainsi une base solide aux efforts de relèvement de la FAO.

Par ailleurs, les dégâts aux puits agricoles, essentiels à l’irrigation, se sont aggravés – passant de 83 % en avril à près de 87 % fin septembre – réduisant encore davantage la capacité de Gaza à maintenir la production agricole et l’élevage. « Comme le montrent les images satellites, l’ampleur des destructions de terres agricoles à Gaza a gravement compromis la capacité de la région à produire des aliments », a déclaré Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO. « Toutefois, le cessez-le-feu offre une opportunité. Un soutien urgent est nécessaire pour remettre en état les terres et les infrastructures agricoles, permettre aux agriculteurs de reprendre la production de produits frais et reconstruire les secteurs de la pêche et de l’élevage, car la restauration de ces systèmes est essentielle pour protéger les moyens de subsistance et garantir l’autosuffisance alimentaire des familles », a-t-elle ajouté. Alors que la FAO se prépare à s’engager dans un effort de réhabilitation intersectoriel plus vaste, son appel d’urgence 2025 de 75 millions de dollars pour la bande de Gaza n’est actuellement financé qu’à hauteur de 10 %, ce qui souligne le besoin urgent de ressources supplémentaires pour reconstruire les moyens de subsistance.

Destruction massive de tous les actifs agricoles
La nouvelle analyse révèle des dommages dans toutes les principales catégories agricoles : terres cultivées, serres, puits et infrastructures agricoles.
Terres cultivées : Près de 87 % des terres cultivées ont été endommagées. Les gouvernorats de Gaza-Nord et de Gaza-Ville ont enregistré les dommages proportionnels les plus élevés (94 % et 91 % respectivement), tandis que Khan Younis a connu la plus grande superficie totale touchée, dépassant 3 500 hectares.
Types de cultures : Les dégâts sont importants pour toutes les catégories de cultures, notamment les vergers et les arbres (89 %), les grandes cultures (88 %) et les légumes (80 %). Les oliveraies sont les plus touchées (90 %).
Serres : Près de 80 % des serres ont été endommagées, ce qui représente plus de 1 000 hectares perdus dans les gouvernorats de la bande de Gaza, dont Deir el-Balah, Gaza, Khan Younis, Gaza-Nord et Rafah. Dans le gouvernorat de Gaza, 100 % des serres ont été détruites, tandis que Gaza-Nord a enregistré des dégâts de 99,8 %.
Puits agricoles : Près de 87 % des puits agricoles ont été endommagés, perturbant ainsi des systèmes d’irrigation essentiels.
Infrastructures agricoles : Les installations les plus touchées sont les élevages de volailles (962 endommagés), les étables (924) et les élevages ovins (689). Khan Younis enregistre le plus grand nombre de structures endommagées.
R. l.