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Journée mondiale pour célébrer le coton : la mode à l’heure des créations africaines

Une lumière éclatante filtre à travers les verrières de l’élégant Palazzo romain de la belle époque, qui abritait il y a peu un grand magasin et qui a depuis été réaménagé pour accueillir l’Accademia di Costume e Moda, l’école de mode de Rome, rapporte la FAO à l’occasion de la Journée du coton le 7 octobre.

Le bruit des machines à coudre envahit les locaux bourdonnant d’activité, tandis que les jeunes étudiants s’affairent autour des espaces de travail et des mannequins, esquissant des croquis, coupant du tissu et transformant le coton africain coloré en magnifiques créations de mode. Alphadi, styliste nigérian et Ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), passe de table en table pour échanger avec les étudiants et discuter avec eux de leurs planches de tendances et de leurs croquis. Fort de ses dizaines d’années d’expérience à l’avant-garde de la mode et en tant que créateur du Festival international de la mode en Afrique, il écoute leurs explications et leur donne des conseils sur leurs moulages et leurs projets de création.

Grâce à sa grande polyvalence, le coton est l’une des fibres naturelles les plus importantes du marché. Ces dernières années, en raison de l’intérêt grandissant pour la durabilité, la demande de fibres naturelles a augmenté, mais la concurrence des fibres synthétiques met le secteur du coton à rude épreuve. «Je pense qu’il est important de participer aujourd’hui à la Journée mondiale du coton afin de mettre en avant le commerce de détail au sein du secteur cotonnier», estime ElMamoun Amrouk, Économiste principal de la FAO. Lorsqu’il est question du coton, on s’intéresse principalement au produit final, mais «la filière du coton est très longue», explique M. Amrouk. «Elle commence avec les semences et la production du coton, puis se poursuit avec la récolte, et vient enfin le processus de transformation, qui comprend l’égrenage et la filature, ces étapes permettant de transformer le coton en fils, puis en tissus et en fines étoffes. Cela fait intervenir beaucoup d’activités, de technologies, d’innovation, et donc beaucoup de connaissances et de compétences.»

Les précieux conseils de la FAO

La principale mission de la FAO dans le secteur consiste à aider les petits producteurs de coton à adopter des pratiques durables et à analyser les marchés et le commerce. La célébration de la Journée mondiale du coton est l’aboutissement d’une demande des pays africains producteurs de coton qui souhaitaient promouvoir le coton et le mettre en avant dans le monde entier. Le secteur cotonnier emploie des millions de personnes aux quatre coins de la planète et représente une industrie importante pour certains des pays les plus pauvres, en raison des recettes d’exportation qu’il génère pour les producteurs. Depuis 2021, la FAO et ses partenaires organisent les manifestations destinées à célébrer cette journée. Cette année, dans le cadre de ses activités de promotion du coton, la FAO s’est associée au secteur de la mode pour montrer le cheminement du coton depuis les champs jusqu’aux ateliers des créateurs de mode et sensibiliser à l’importance du secteur pour les nouvelles générations. Alphadi a animé une masterclass de deux jours destinée aux étudiants des premier et deuxième cycles de l’académie, lesquels ont eu l’occasion d’explorer le mélange des modes traditionnelles d’Afrique et d’Italie. «Ce genre d’échange culturel est essentiel pour évoluer [dans cette profession]», d’après Maria di Napoli Rampolla, chargée des relations avec l’industrie et des perspectives de carrière à l’académie. «Rencontrer Alphadi et travailler avec lui a été une expérience culturelle enrichissante et merveilleuse.» Sofia Rapanotti, étudiante, se réjouit elle aussi : «C’est une très bonne initiative et j’espère que nous aurons d’autres occasions de collaboration de ce genre. Cela nous donne une plus grande ouverture d’esprit et nous permet de nous impliquer davantage. Je pense que c’est important aussi bien pour les écoles de mode que pour les stylistes qui sont déjà bien établis.»

Rendre hommage au bogolan, aux tissus indigo et au raphia

Alphadi, qui s’arrête pour examiner les créations en coton d’un bleu vif, d’un rouge éclatant ou d’un brun chatoyant qui prennent forme sous sa direction, est dans son élément. Il échange avec tous les étudiants, regroupés en binômes : ceux-ci lui expliquent les recherches approfondies qu’ils ont menées avant le cours, tandis que le créateur leur fait profiter de sa vaste connaissance de la mode africaine, leur fournit conseils et suggestions et répond à leurs questions techniques. «Nous voulons rendre hommage à l’Afrique et à ses textiles, du bogolan aux tissus indigo du Burkina Faso en passant par le raphia et l’artisanat congolais», explique Alphadi. «Il s’agit pour moi de mettre en avant tout ce dont l’Afrique est capable.» Le cours de deux jours a permis de créer sept tenues différentes qui mettent à l’honneur le coton africain.b «Je crois que c’est une belle façon de rendre hommage à notre continent, de valoriser ce travail et de mettre en avant les atouts de l’Afrique. Le coton africain est un produit de qualité qui peut être utilisé dans le monde entier, que ce soit par les populations du Sahel ou par les Européens et les Américains.» À en juger par la masterclass donnée par Alphadi aux étudiants de l’Accademia di Costume e Moda, la prochaine génération de créateurs et de stylistes ne peut qu’être d’accord avec cette vision.

R. C.

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