« La troisième guerre mondiale éclatera le 3 novembre » : quelle est cette histoire qui alarme Internet ?

Dans une interview accordée au Daily Mail, un ancien responsable des forces alliées en Europe de l’OTAN, a déclaré que l’Occident pourrait être entraîné dans une guerre mondiale en quelques heures. Ces quelques mots, certes peu positifs, ont alimenté les théories du complot en ligne.

« Ils le savent et ils ne nous le disent pas ! » Voilà à peu près l’ambiance qui règne sur les réseaux sociaux suite aux révélations d’un ancien général britannique sur les possibles vents de guerre qui vont bientôt souffler sur le Vieux Continent et au-delà. Il s’appelle Sir Richard Shirreff, ancien commandant suprême adjoint de l’OTAN pour l’Europe, aujourd’hui analyste, écrivain, consultant et stratège. Dans une interview accordée au Daily Mail, il a détaillé, minute par minute, comment l’Occident pourrait être entraîné dans une guerre mondiale en quelques heures. Une page de stratégie militaire authentique qui, cependant, n’est pas passée inaperçue, à tel point que des conspirationnistes ont surgi de toutes parts sur les réseaux sociaux, avec de fausses informations, des images générées par l’IA montrant des scénarios apocalyptiques et des scénarios géopolitiques improvisés analysant les propos de Shirreff. Mais quelle est la part de vérité ?

Ce que Shirreff a dit

C’est ce qu’on appelle le scénario du pire, et c’est ce que les experts et les analystes, notamment militaires mais pas seulement, doivent nécessairement calculer pour identifier les risques et planifier des mesures préventives en cas, précisément, du « pire scénario ». Des chars russes franchissent la frontière, une salve de missiles est tirée sur la Grande-Bretagne, et c’est alors que l’enfer nucléaire se déchaîne. Le général Sir Richard Shirreff révèle alors comment, selon lui, la Troisième Guerre mondiale éclatera… et nous n’avons que deux ans pour nous y préparer. Et c’est là plus ou moins l’essence même du scénario catastrophe : Sir Shirreff choisit une date symbolique – le 3 novembre 2025 – et émet l’hypothèse qu’en moins de cinq jours, la Russie pourrait mettre l’Europe à genoux. Le message est clair : l’OTAN est vulnérable et le continent n’est pas prêt à se défendre. D’où son appel à renforcer la sécurité militaire afin de ne pas être pris au dépourvu.

En fin de compte, Shirreff ne fait pas de prophétie, mais se livre à un exercice théorique : il imagine une attaque russe à partir du 3 novembre 2025, afin d’expliquer le déroulement d’un conflit éclair. Selon son scénario, les premières à tomber seraient les capitales baltes. Vilnius serait frappée par des pannes d’électricité massives, qui se propageraient rapidement à l’Estonie et à la Lettonie en raison de cyberattaques sur leurs réseaux électriques. La paralysie des services essentiels – banques, hôpitaux, administrations publiques – déclencherait un chaos interne, tandis que des agents russes et biélorusses alimenteraient émeutes et troubles. La vague d’attaques se poursuivrait vers le cœur de l’Europe : le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne subiraient des pannes de courant, avec des conséquences dévastatrices pour les institutions et la population. Shirreff envisage également la conquête du corridor de Suwalki, point stratégique reliant Kaliningrad à la Biélorussie, et la domination du ciel européen par l’armée de l’air russe. Dans ce scénario, l’OTAN serait incapable de réagir à temps : en cinq jours, l’ordre mondial serait bouleversé.

Entre l’alarme et la réalité, c’est un complot !

Sur les réseaux sociaux, cette hypothèse a dégénéré : la théorie a été déformée et transformée en aliment pour de nouveaux fantasmes complotistes sur une « troisième guerre mondiale imminente ». Certains prétendent avoir trouvé sur le dark web de prétendus « plans secrets » pour la prochaine guerre mondiale. D’autres s’amusent à associer chiffres et dates de guerres passées, découvrant des coïncidences « mystiques » avec le 3 novembre 2025 : selon eux, l’élite mondiale utilise la numérologie pour choisir des dates « chargées d’énergie destructrice ». Pendant ce temps, les fausses nouvelles prolifèrent : fausses nouvelles, images apocalyptiques générées par l’intelligence artificielle et soi-disant analystes géopolitiques « prouvant » la validité du scénario de Shirreff. 

Distinguer les faits des mensonges

Il faut dire que l’hypothèse n’est pas nouvelle : Shirreff l’avait déjà exposée dans son livre « Guerre avec la Russie » (2016). L’essentiel est clair : si Moscou lançait une attaque soudaine, l’Europe et ses alliés n’auraient pas le temps d’organiser une défense efficace. À ce jour, cependant, rien n’indique que la Russie prépare une opération militaire de cette ampleur aux frontières de l’OTAN. L’absence de mouvements importants de la flotte russe rend un tel scénario peu probable à court terme. Certes, des tensions existent – empiètements de frontières, drones, brouillage GPS – mais la prédiction de Shirreff reste une simulation stratégique, et non une menace imminente. Comme toujours, les théories du complot naissent de petits fragments de réalité, déformés et astucieusement réassemblés pour créer la panique.

R. I.