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Waâda de Sidi Mohamed Ben Aouda : Un rassemblement spirituel et équestre consacrant la cohésion sociale

La  commune de Sidi M’hamed Benaouda, dans la wilaya de Relizane, se prépare à célébrer la traditionnelle « Waâda du saint Sidi Mohamed Ben Aouda », organisée chaque année dans la commune qui porte son nom (éponyme) daïra d’El Matmar. Cet événement qui aura lieu à la fin du mois en cours attire des milliers de visiteurs venus de différentes wilayas du pays, ainsi que des membres de la communauté algérienne résidant à l’étranger. Au-delà de son aspect religieux, la Waâda reflète une identité culturelle profondément enracinée et une mémoire collective transmise de génération en génération.

Cette manifestation populaire, qui s’étend sur trois jours, conjugue cercles de dhikr et prières, banquets collectifs autour du couscous traditionnel, ainsi que spectacles équestres de fantasia, offrant un cadre festif mêlant esthétique visuelle et symbolique historique liée à la résistance populaire et à l’identité nationale.

La Waada attire des milliers de visiteurs venant pour la plupart des wilayas du Centre Ouest

Interrogée sur la symbolique de cette fête, la Dre Laila Belkacem, professeure d’histoire à l’université de Relizane, explique : « La Waâda n’est pas une simple fête religieuse, mais un espace de communication sociale et de réactivation du passé à travers la symbolique de la fantasia. C’est une pratique historique qui remonte aux résistances populaires contre la colonisation française et qui constitue aujourd’hui un patrimoine renforçant l’unité nationale et la solidarité entre tribus et clans. »

L’histoire des Waâdas en Algérie illustre cette dimension : la Waâda de Sidi Mohamed Ben Ali, lancée il y a quatre siècles, favorisait l’entraide pour la récolte agricole et la célébration collective ; celle de Sidi Ghanem fut associée à la lutte contre l’invasion espagnole, revêtant une forme festive dissimulant des aspects militaires. Au XIXᵉ siècle, ces rendez-vous sont devenus de véritables espaces de résistance, les tribus y proclamant la mobilisation générale, comme lors du soulèvement de Sidi Lazreg Belhadj en 1864.

Il est difficile de trouver une place de stationnement. Même les champs sont envahis par les véhicules.

Quant à Sidi Mohamed Ben Aouda, né au Xème siècle de l’Hégire (972 H) dans la région de l’oued Mina, il fut connu pour son savoir, son ascétisme et son combat contre les Espagnols. Il joua un rôle décisif dans la défense de Ténès, Mazagran et Oran, ainsi que dans la levée du siège de Mostaganem. Après son décès en 1034 H, le bey turc Mohamed El Kebir ordonna l’édification de son mausolée. Depuis, la Waâda perpétue sa mémoire et son combat.

La manifestation réunit chaque année de nombreuses troupes de cavaliers venues de Chlef, Mascara, Tiaret et Relizane, qui présentent des spectacles de fantasia en habits traditionnels algériens, offrant des tableaux alliant beauté artistique, bravoure et valeurs de courage.

N. Ouadah 

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