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Taous Ben Amara, artiste plasticienne : « En Algérie, être artiste est un acte de résistance silencieuse »

Pour la plasticienne Taous Ben Amara, la peinture un langage universel qui a cette capacité de nouer les liens entre les générations et les peuples. Elle estime aussi que l’art pictural participe à la guérison ce qu’elle appelle les « blessures invisibles ». A travers ses œuvres, l’artiste plonge dans la mémoire collective et se fait un ardent défenseur des droits de la femme et de l’enfance. Notre journaliste l’a rencontrée et lui a posé quelques questions. Voici ses réponses.

Le Chélif : Voulez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Taous Ben Amara : Taous Ben Amara est mon vrai nom, je suis artiste plasticienne originaire de Kabylie, en Algérie. Depuis toujours, je suis habitée par une profonde sensibilité pour l’image, les formes et les émotions humaines. Mon art puise à la fois dans mes racines berbères, dans mes rêves et dans les silences du quotidien. Je peins pour donner corps à l’invisible, à ce qui se ressent plus qu’il ne se dit.

Comment avez-vous débuté dans l’art pictural ?

J’ai commencé très jeune, avec le dessin comme refuge. Petit à petit, la peinture s’est imposée naturellement comme un besoin vital, une manière de respirer autrement. C’était au départ intime et solitaire, mais l’envie de partager mes visions m’a poussée à exposer. Je suis autodidacte, mais curieuse et passionnée. Chaque œuvre est une expérience intérieure, une trace d’un moment vécu ou rêvé.

Avez-vous exposé vos œuvres ?

Oui, j’ai eu la chance de participer à plusieurs expositions collectives et individuelles en Algérie. J’ai également animé des ateliers d’arts plastiques pour enfants, car transmettre fait aussi partie de ma mission d’artiste. Mes œuvres explorent souvent des thématiques liées à la mémoire, à la condition féminine, à la spiritualité ou à l’enfance. Je travaille principalement la peinture acrylique et les techniques mixtes, et je m’intéresse aussi à l’illustration et à l’écriture.

Que pensez-vous du métier d’artiste-peintre en Algérie par rapport au reste du monde ?

En Algérie, être artiste est un acte de résistance silencieuse. Les moyens sont limités, la reconnaissance lente et les espaces d’exposition peu accessibles. Mais cette difficulté forge une sincérité et une intensité qu’on ne retrouve pas partout. Dans d’autres pays, l’art est soutenu, valorisé, institutionnalisé. Ici, il repose souvent sur la volonté individuelle. Il y a un immense potentiel artistique en Algérie, mais encore trop peu de passerelles entre l’artiste et le public.

Quels sont vos souhaits pour le développement de la culture et des arts en Algérie ?

Je rêve d’un pays où la culture serait considérée comme essentielle, pas comme un luxe. Il faudrait plus d’espaces d’exposition, plus de soutien aux artistes locaux, plus de résidences et de formations accessibles, notamment pour les femmes et les jeunes en régions. La peinture est un langage universel. Elle peut relier les générations, les peuples, guérir des blessures invisibles. J’aimerais que l’Algérie fasse confiance à ses artistes, car ils ont beaucoup à offrir au monde.

Propos recueillis par Abbas M.

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