« Si j’étais médecin, je prescrirais des vacances à tous les patients qui considèrent que leur travail est important » …
De Bertrand Russel
De nos jours, prendre quelques jours de vacances ne peut être que bénéfique surtout sur le plan moral. Une véritable thérapie lorsqu’elles sont réussies. Pour moi, je ne commence à y penser et à les programmer qu’un peu tard, pour ne pas dire à la toute dernière minute, car étant occupé, toute l’année, par la charge du travail et celle de la famille. Et n’aller surtout pas croire que c’est un programme outre-Méditerranée ou transatlantique, un rêve inaccessible. Loin de là, quelques jours au bord d’une de nos plages suffisent largement à dissiper l’ennui, le dégoût et la routine envahissante de toute une année. Occasion unique aussi de se ressourcer et de se revitaliser avant de reprendre le rythme de la vie quotidienne.
Généralement, j’opte pour le Centre ou l’Ouest qui sont des destinations plus ou moins proches de ma ville natale, Tissemsilt. Pour ce qui est de l’Est, ça reste comme projet pour l’avenir si les choses vont s’améliorer du point de vue transport. C’est surtout la distance lointaine qui me dissuade de profiter de nos plages orientales.
Une fois rassuré pour l’hébergement surtout, c’est la joie générale qui se lit sur le visage de mes enfants qui commencent à rassembler tout un arsenal d’objets liés aux vacances, de la simple casquette au parasol en passant bien sûr par la glacière, les chaises pliantes, maillots de bain et serviettes ! Mais leur maman veille au grain et est à cheval sur les bagages. Eh oui ! Préparer sa valise est un art qui nécessite à la fois méthode et prévoyance. Elle essaye de ne rien oublier en particulier pour les petits détails qui peuvent faire la différence. Vêtements adaptés, trousse de toilette, médicaments, accessoires de tout genres : chargeur, crème solaire, anti-moustiques etc. Ce petit nécessaire qui peut éviter bien des désagréments.
Arrivés enfin sur les lieux, ce sont les nerfs qui commencent à prendre le dessus de la situation en commençant par le bonhomme au gilet jaune et bâton à la main qui vous demande de casquer la première addition du parking, au choix d’une place à la vue dégagée sur la mer. Là, faut pas trop y compter sans avoir mis la main à la poche aussi puisque d’autres énergumènes y ont déjà placé leurs matériels, acte de propriété et livret foncier à la main donc n’allait point leur demander quoi que ce soit au risque d’avoir pas mal d’ennuis. On se contente donc du premier espace qui s’offre à nous, on dresse notre parasol et tout ce qui s’ensuit. Une fois installés, et le premier « ouf » lancé, les enfants se précipitent vers l’eau et c’est un va-et-vient entre l’eau et le parasol jusqu’à la pause-déjeuner. Moi, je me contente de quelques plongées dans l’eau, préoccupé surtout par la surveillance des enfants. « T’éloigne pas, reviens, reste à côté de moi… » C’est le lot de paroles qui me collera sur les lèvres toute la journée. Leur maman, quant à elle, une fois dans l’eau, se retrouvera entourée par ses enfants qui essayent de la guider le plus loin possible de la plage pour lui montrer qu’ils sont dans leur terrain de jeu et qu’elle n’a rien à craindre avec eux. Elle se contente de quelques moments de fraicheur et surtout de quelques pics avec la tête pour conjurer tous les mauvais sorts et toutes les charges maléfiques collectés durant l’année. Eh oui ! Superstition féminine quand tu nous tiens ! Elle n’y retournera plus campant durant tout le séjour à nous servir et surtout à scruter l’horizon sous tous les angles.

Le petit répit de la pause-déjeuner terminé et rebelote jusqu’au premier départ de quelques familles qui se sont installées, entre temps, juste à côté de nous, signe que l’heure de rebrousser chemin va bientôt sonner. Effectivement, on commence à ranger les affaires et à prévenir les enfants qu’on va quitter les lieux et donc qu’ils fassent vite pour profiter au maximum des derniers moments de la fraicheur de l’eau ! Bien sûr, ils n’admettent pas facilement que le temps s’est vite passé et commencent à rouspéter en demandant un peu de temps additionnel, accepté difficilement par l’arbitre et son juge de touche en l’occurrence le papa et la maman qui ne pensent qu’à quitter, le plus vite possible, les lieux tout en ayant, au préalable, rempli d’eau de mer quelques bouteilles afin de se débarrasser du sable qui nous colle sur les pieds au moins. Tous les membres de la famille redoutent ce moment où ils ne peuvent pas prendre une petite douche pour au moins faire tomber la couche de sable et de sel qui les gêne. On se dirige donc vers le parking, en regrettant le fait que nos plages restent encore dépourvues d’un minimum de commodités.
Voilà en gros l’une de mes journées de vacances estivales passées avec ma petite famille. Les autres journées de mon séjour estival, c’est du pareil au même, pardi ! Et je pense que c’est pareil, si je ne me trompe pas, pour la majorité de mes semblables qui viennent surtout des villes intérieures pour passer un ou quelques jours de vacances au bord de nos plages.
Aux prochaines vacances estivales, inchalah, qui suivront, sans le moindre doute, le même scénario !
Des fois, ce traitement prescrit nous fait énormément de bien en nous procurant détente, joie et énergie pour revenir encore plus fort et parfois les effets secondaires font leur effet : fatigue générale, courbatures… et des économies de toute une année épuisées voire taries jusqu’au dernier centime !
« On n’a jamais autant besoin de vacances que lorsqu’on en revient » dit la citation.
Rabah SAADOUN