Pour combien de temps la plante utilisera-t-elle encore les énergies fossiles et en premier le pétrole et le gaz ? Pour pas très longtemps, répondent en chœur les scientifiques qui appellent au développement et l’exploitation d’autres sources d’énergie, le solaire essentiellement. A ce titre, nous avons posé quelques questions au Pr. Azzedine Soudani, directeur du Laboratoire de Physique Énergétique Appliquée (LPEA) relevant du département de physique de la Faculté des sciences de la Matière, Université de Batna 1.
D’emblée, le Pr Soudani fait remarquer que l’Algérie s’est engagée sur la voie des énergies renouvelables « afin d’apporter des solutions globales et durables aux défis environnementaux et aux problématiques de préservation des ressources énergétiques d’origine fossile à travers le lancement d’un programme ambitieux pour le développement des énergies renouvelables qui a été adopté par le Gouvernement en février 2011 et révisée en mai 2015 et placé au rang de priorité nationale en février 2016 lors du Conseil du Restreint Gouvernement ». Notre interlocuteur a rappelé que, « depuis 2011, l’Algérie a mis en œuvre un programme national ambitieux visant à diversifier ses sources d’énergie en faveur des énergies renouvelables (ER). Révisé en 2015, ce programme a été élevé au rang de priorité nationale en 2016. Il vise notamment à répondre aux défis environnementaux, à réduire la dépendance aux énergies fossiles et à favoriser un développement énergétique durable ».
Répondant à la question de savoir comment s’orienter vers des solutions renouvelables en traçant une voie vers une économie durable et prospère, le Pr Soudani a plaidé pour « un cadre réglementaire clair et incitatif, des investissements massifs dans les infrastructures, la formation adéquate du capital humain ainsi qu’une volonté politique soutenue et des partenariats publics-privés tout en engageant des citoyens dans la sobriété énergétique. »

Quant aux moyens d’optimiser la production de grandes quantités énergies renouvelables et leur intégration régionale, notre interlocuteur a répondu en mettant l’accent sur la décentralisation de la production énergétique (micro-réseaux, solaire domestique), le développement du stockage énergétique (batteries, hydrogène vert), l’amélioration des réseaux électriques intelligents (smart grids) ainsi que la coordination régionale et transfrontalière pour l’échange d’énergie.
S’agissant de l’insertion des énergies renouvelables, qui demeure une contrainte pour les réseaux électriques, le Pr Soudani a rappelé que celle-ci est constaté partiellement en expliquant que « les énergies renouvelables sont par nature intermittentes (ensoleillement, vent), ce qui complique leur intégration dans des réseaux traditionnels conçus pour une production centralisée et prévisible. Cela nécessite une modernisation des réseaux et l’utilisation de technologies comme la prévision météo avancée, le stockage, la gestion de la demande, et les réseaux intelligents. »
Dans le même ordre d’idées, il a précisé que « l’intelligence artificielle est efficace pour améliorer l’utilisation des sources d’énergie renouvelable car elle permet de prévoir la production d’énergie, d’optimiser la distribution d’électricité en temps réel, de gérer les pannes ou pics de consommation, et surtout de piloter efficacement les batteries et unités de stockage. »

Il a relevé par ailleurs que l’Algérie considère les énergies renouvelables comme « une opportunité et un levier de développement économique et social », en précisant que « les énergies renouvelables demeurent un moteur de croissance verte via la création d’emplois dans l’industrie solaire, éolienne, etc. ainsi qu’un axe principal dans le développement régional, surtout dans les zones sahariennes. Ces facteurs favorisent aussi l’exportation d’énergie verte à terme, mais aussi l’autosuffisance énergétique et la diversification économique. »
Le Pr Soudani a également abordé le volet relatif au développement de l’interconnexion électrique entre le Nord et le Sahara, indiquant que le gouvernement s’est penché sur la question en proposant l’installation de grandes centrales d’énergies renouvelables dans les régions d’In Salah, Adrar, Timimoun et Bechar et leur intégration dans le système énergétique national. Notre interlocuteur a plaidé pour l’investissement dans des interconnexions stratégiques entre le Nord, densément peuplé, et le Sud ensoleillé, avec la construction de grandes centrales photovoltaïques dans des régions comme In Salah, Adrar ou Bechar. En conclusion, il a estimé que « l’intégration de ces installations au réseau national grâce à des lignes hautes tension permettra une valorisation certaine du potentiel solaire du Sahara, essentiel à l’atteinte des objectifs nationaux en matière d’énergies renouvelables ».
Mohamed Medjahdi