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Cher, ce sacré ovidé !

Par Mohamed Medjahdi

Ce n’est pas le mouton qui manque. L’offre est abondante. Or, face à des prix quelque peu exorbitants, le citoyen hésite encore. Seuls ceux qui ont la chance d’acheter les moutons importés de Roumanie et d’Espagne se sont tirés d’affaire.

Lors d’une virée à travers certains souks et points de vente, des éleveurs nous ont affirmé à l’unanimité que les citoyens demandent le prix mais n’achètent pas. Selon eux, le cheptel cette est cher par rapport à l’an dernier. En effet, les prix pratiqués n’encouragent personne à acheter le sacré ovidé. Un bélier aux cornes spirales dépasse les 120 000 DA, alors que d’autres bien « gras » sont cédés entre 90 000 et 110 000 DA. Pour le « Hawli », le prix varie entre 100 000 et 120 000 DA. Seule l’agnelle est abordable, mais elle n’intéresse que ceux dont le revenu est en deçà des espérances. Celle-ci est cédée entre 40 000 et 60 000 DA, selon la taille et le poids.

A travers la région de Tlemcen à l’instar d’autres contrées du pays, la population s’apprête à vivre une fête du sacrifice inabordable, et les prix exorbitants des moutons demeurent un sujet d’actualité. Les éleveurs de différentes régions de l’ouest, soulignent que cette hausse décuplée des prix s’explique par la cherté de l’aliment de bétail et la sécheresse qui a frappé la région ouest du pays. D’autres facteurs qui sont à l’origine de cette hausse des prix, ce sont notamment les intermédiaires, les chevillards qui dictent leur loi, régnant en maitre sur les marchés à bestiaux. 

Les curieux plus nombreux que les acheteurs

Une ambiance fade caractérise les marchés et points de vente. Les acheteurs s’assemblent autour des bêtes, tournent tout autour d’elles, les tâtent, s’informent des prix et font demi-tour, laissant les moutons défiler en cercle devant une pléthore d’acheteurs hésitants. Partout dans les souks de la région, une multitude d’acheteurs potentiels regarde défiler les éleveurs, qui baladent le bétail à la longe. Un acheteur intéressé demande le prix de la bête et attend parfois plusieurs tours avant d’entamer une tractation.

Dans ces points de vente improvisés, les bourdonnements, les cris et les bêlements se mêlent dans l’odeur du bétail ; acheteurs, curieux et vendeurs semblent évoluer dans les nuages de poussière soulevée par les sabots du cheptel ovin. Rares cependant sont ceux qui sont rentrés chez eux accompagnés du mouton de l’Aïd. On attend les derniers jours en espérant un fléchissement des prix.

Fête religieuse caractérisée par le recueillement, les retrouvailles familiales et la liesse des enfants, l’Aïd Al Adha, qui sera célébré dans trois jours, demeure un des soucis majeurs des pères de familles et particulièrement ceux pour qui cette fête sacrée implique une véritable et périlleuse acrobatie budgétaire.

Notons par ailleurs que l’Aïd, c’est aussi l’occasion d’observer la multiplication de certains métiers saisonniers comme les vendeurs de charbon, d’aliments du bétail, de couteaux, scies et différents accessoires, ou les « aiguiseurs » qui proposent d’affûter les lames et couperets pour découper les carcasses de moutons une fois égorgés et dépecés. On les voit squatter les places des villes et villages de la wilaya de Tlemcen.

Pour cette année, il est à signaler que plusieurs points de vente estimés à une cinquantaine sont autorisés par le gouvernement local à travers la wilaya de Tlemcen. De son côté, la direction des services agricole a mobilisé plusieurs vétérinaires pour veiller au contrôle quotidien des marchés.

M. M.

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