L’aménagement du territoire répond aux besoins des populations, en quelques lieux qu’elles se trouvent, et assure la mise en valeur de chaque portion de l’espace où elles sont installées. Cela implique une nouvelle architecture des villes et des contrées éloignées des grands centres urbains de même que la mise en place de sous-systèmes de réseaux mieux articulés et plus interdépendants.
Cette démarche inclut la protection de l’environnement et donc un nouveau modèle énergétique pour un développement durable. Cette action devra s’inscrire dans le cadre de l’espace africain, maghrébin et euro-méditerranéen qui est l’espace naturel de l’Algérie.
L’efficacité des mesures d’aménagement du territoire pour favoriser les activités productives implique une refonte des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle la politique d’aménagement du territoire aurait une portée limitée, elle doit aussi s’appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches et sur une véritable décentralisation qui doit être prise en compte par les pouvoirs publics, évitant l’esprit centralisateur jacobin largement dépassé.
Le pôle touristique d’excellence Sud-Ouest Touat-Gourara est constitué de deux wilayas, à savoir : Adrar et Bechar. Il est limité au Nord par Naama et El Bayadh, à l’Est par Tamanrasset et Ghardaïa, à l’Ouest par le Maroc et Tindouf, au Sud par le Niger et la Mauritanie. Cet ensemble géographique s’étend sur une superficie de 603 000 km² et abrite une population estimée à environ 900 000 habitants. Il dispose d’un climat de type continental, froid en hiver et chaud en été et d’une pluviométrie faible. L’effet éolien, durant 4 mois (de février à mai), provoque des vents de sables qui amoindrissent l’activité humaine.

Tassili N’Ajjer, un pôle de dimension mondiale
L’existence de vestiges uniques au monde d’une haute valeur culturelle dans le Tassili N’Ajjer, permet la confection d’un produit touristique « authentique » très prisé par la clientèle, surtout étrangère. La fragilité des sites, notamment, le plateau du Tassili, doit être prise en considération durant les opérations de développement touristique afin d’assurer leur protection et leur conservation en même temps que la protection de l’environnement. Ce parc saharien abrite des sites d’intérêt touristique riches et diversifiés comme Tamrit, Séfar, Jabbaren, Kisran, Erg d’Admer, Assakao, Zouantelaz, Issendilen, Vallée de l’Ihrir… Six sources thermales existent dans ce pôle.
Le pôle abrite d’importantes infrastructures routières et aéroportuaires (aéroports de Djanet, Illizi et In Amenas) ; de nouvelles liaisons routières sont en cours de réalisation. En outre, les réserves foncières existantes sont immenses, elles sont représentées entre autres par la ZET de Djanet, où s’impose d’emblée l’impératif de l’assainissement du foncier touristique pour sa mise à la disposition de l’investisseur.
Des vocations diverses s’offrent aux opérateurs du secteur, à l’exemple de l’écotourisme saharien, le tourisme de santé et de bien-être, le tourisme culturel, le tourisme religieux, le tourisme scientifique, le tourisme de circuits …
Avec tous ces atouts, on peut faire de Djanet « une terre d’aventure sans mésaventures » et un camp de base pour des randonnées dans le désert. La région abrite l’un des plus grands et un des plus riches musées d’art préhistorique à ciel ouvert. C’est un vaste plateau de grès qui s’étend sur plus de 80 000 km2 au décor envoûtant avec des paysages fantastiques, des gueltas, des oueds, des ravins profonds, des pics et des colonnes gigantesques en forme d’aiguilles ponctués d’impressionnants canyons et d’une vallée de cyprès millénaires.
L’existence de ces vestiges uniques au monde dote le pôle de Djanet d’une haute valeur culturelle et écologique, deux vecteurs d’attraction de la clientèle internationale.
La région connaît plusieurs projets de développement. Des initiatives privées dans le secteur touristique sont en cours, contribuant ainsi à l’augmentation du nombre de lits au niveau du pôle Tassili N’ajjer.

Un patrimoine diversifié, des destinations multiples mais…
Développer le tourisme est une nécessité absolue car le développement de ce secteur s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique nationale du développement humain. L’Algérie a opté pour la diversification de ses ressources financières, avec pour objectif stratégique de réduire à l’aube de ce troisième millénaire sa dépendance des recettes des hydrocarbures et d’améliorer le niveau de vie de ses citoyens. Les pouvoirs publics basent le développement touristique sur deux piliers, à savoir le facteur humain et les diverses et multiples potentialités naturelles de l’Algérie.
Or, la destination Algérie tant vantée reste peu attractive, le pays cherche toujours à attirer les touristes étrangers qui lui préfèrent ses deux voisins, considérés comme plus « accueillants ». Les Algériens peuvent contribuer largement au développement de notre tourisme interne, puisqu’elle dispose d’énormes potentialités.
À notre avis, une politique rigoureuse s’impose pour faire sortir notre tourisme de sa léthargie, car l’objectif ultime est le bien-être social et économique des citoyens. C’est dans cet objectif que la valorisation du patrimoine naturel et culturel algérien ainsi que l’amélioration de l’image de l’Algérie, sont considérés comme les ressorts nécessaires au développement durable de toutes les zones touristiques qui existent dans notre vaste pays. Le tourisme peut ainsi s’approprier une part de marché de plus en plus importante, développant ainsi une des industries puissantes à l’échelle mondiale.

Mieux gérer le potentiel balnéaire
Pour rappel, les objectifs stratégiques assignés par les pouvoirs publics au secteur touristique en zone côtière sont sous-tendus par un processus de gestion intégrée et reposent sur la maîtrise de l’occupation et de l’utilisation du sol et l’exploitation rationnelle et raisonnée des ressources vivantes, notamment marines et littorales, inscrite également comme élément fondamental de la stratégique nationale relative à la sécurité alimentaire…
On a toujours soutenu qu’il ne peut pas y avoir de conquête touristique des marchés extérieurs, sans la sensibilisation de l’environnement à la mentalité touristique et sans un minimum de connaissance de l’Algérie par les Algériens eux-mêmes.
Les placards publicitaires de nos professionnels vantant les charmes d’ailleurs sont assez significatifs de l’indigence de nos esprits, de la faiblesse de nos idées et de la recherche de la facilité dans l’action et l’entreprise.
Nos établissements hôteliers sont occupés tout au long de la période estivale où les nuitées doublent de tarif, pendant que le service reste le même. Et c’est toujours par la loi de l’offre et de la demande pour justifier les prix exagérés des prestations hôtelières. « C’est la haute saison », souffle-t-on pour justifier cet excès.
Pour arriver à attirer la clientèle, qu’elle soit nationale ou étrangère, l’hôtelier professionnel doit réfléchir à un bon rapport qualité/prix des produits qu’il vend. Cette réalité amère fait que les Algériens ont le sentiment d’être arnaqués dans leur propre pays, à la différence de notre voisine de l’Est, à savoir la Tunisie où « le client en a pour son argent ».
Le problème pour cette clientèle, ce n’est point le montant à payer pour un bon séjour balnéaire, mais plutôt la qualité de services qu’ils ont en contrepartie de leur argent. Si on devait analyser les chiffres de ces dernières années et les comparer avec nos voisins qui n’ont pas les mêmes atouts naturels, historiques et culturels, on peut dire que le secteur du tourisme en Algérie n’est pas bien exploité au regard de ses potentialités.

Depuis très longtemps, nos voisins ont intégré dans leur stratégie économique le tourisme comme une véritable priorité nationale. Ils ont privilégié un tourisme de masse avec un accès sans contrainte aux flux d’investissements étrangers et touristiques. A contrario, notre approche pour le secteur du tourisme n’a jamais été une priorité de développement économique par les pouvoirs publics. Pour cela, la nouvelle gouvernance souhaitée par les pouvoirs publics doit placer le secteur du tourisme comme un vecteur essentiel de développement stratégique et prioritaire pour l’économie nationale en général et l’économie locale en particulier. Un nouveau discours peut augurer de perspectives intéressantes pour un secteur pourvoyeur de richesses et de valeur ajoutée pour notre pays.
La valorisation de la destination Algérie, l’amélioration de la qualité des prestations touristiques, le renforcement du financement et de la formation, la mise en valeur des pôles d’excellence par des investissements réfléchis, sont des axes stratégiques dynamiques qui doivent être pris en considération. À nous, tous ensemble, de conjuguer nos efforts pour bâtir une vraie politique touristique à même de promouvoir l’Algérie comme une véritable destination. À nous, cadres et travailleurs patriotes pour cette nouvelle république, de trouver les moyens spécifiques pour développer un tourisme alternatif basé sur l’authenticité.
Notre pays ne manque ni de moyens financiers, ni de ressources, ni de volonté. Toutefois, une véritable stratégie touristique sur le long terme impliquant l’ensemble des intervenants, acteurs et professionnels, en liaison permanente avec les pouvoirs publics, peut dynamiser et donner une nouvelle impulsion à ce secteur d’activité qu’on doit considérer comme une véritable industrie influente sur le PIB.
Au vu de notre expérience, le secteur ne peut se développer en vase clos car le tourisme est une culture, un état d’esprit, des modes de fonctionnement, de tolérance et de modernité qui doivent s’enraciner dans le vécu quotidien avec des ramifications dans tous les pans de la société notamment dans l’éducation de nos enfants. En termes plus clairs, nous devons développer une vraie « Tradition Touristique » propre à notre pays qui nous fait défaut jusqu’à maintenant.
A suivre
M. M.