Inondations, sécheresses, incendies et tempêtes, tous accompagnés d’inégalités marquées, où les plus précaires seront les plus vulnérables : telles sont les conditions que les enfants d’aujourd’hui sont destinés à vivre dans le futur, a révélé une étude d’une université belge, publiée dans la revue Nature. Dans cette étude, les scientifiques ont évalué “le fardeau de la crise climatique que risquent de supporter les jeunes, exposés aux impacts les plus extrêmes que toute génération précédente”. Chacune des dix dernières années a été parmi les plus chaudes jamais enregistrées au cours des deux derniers siècles et, en raison de ce réchauffement, les événements extrêmes augmentent en fréquence et en intensité. C’est le terrible tableau qui ressort de cette recherche selon laquelle “avec un réchauffement de +3,5°C d’ici 2100, 92% de cette génération sera exposée à des vagues de chaleur sans précédent”.
Les auteurs de l’étude ont calculé le pourcentage de chaque génération née entre 1960 et 2020 qui sera confrontée à une exposition « sans précédent » à des événements météorologiques extrêmes au cours de sa vie, qu’il s’agisse de vagues de chaleur, de sécheresses, d’incendies de forêt ou de cyclones tropicaux et autres tempêtes.
“En 2021, nous avons démontré comment les enfants sont confrontés à une augmentation disproportionnée de leur exposition aux événements extrêmes, en particulier dans les pays à faible revenu. Nous avons maintenant examiné les endroits où l’exposition cumulative aux extrêmes climatiques au cours d’une vie dépassera de loin ce qui se serait produit dans un climat préindustriel”, explique Wim Thiery, professeur de sciences du climat et auteur principal de l’étude, cité dans les médias. Plus une personne est jeune, plus elle risque d’être exposée à des phénomènes climatiques extrêmes sans précédent. Même si nous parvenons à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, 52 % des enfants nés en 2020 seront confrontés à une exposition sans précédent aux vagues de chaleur, contre seulement 16 % de ceux nés en 1960. En ce qui concerne les vagues de chaleur, l’effet est particulièrement prononcé pour ceux nés après 1980, lorsque les scénarios de changement climatique dictent de plus en plus les niveaux d’exposition, constate-t-on.

Crise climatique des nouveau-nés
“En stabilisant notre climat à environ 1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles, environ la moitié des jeunes d’aujourd’hui seront exposés à un nombre sans précédent de vagues de chaleur au cours de leur vie. Dans un scénario de 3,5 °C, plus de 90 % des personnes subiront une telle exposition tout au long de leur vie”, prévient Luke Grant, auteur principal et climatologue à Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). Le même tableau se dégage pour d’autres extrêmes climatiques examinés, bien que dans des proportions légèrement plus petites de la population affectée. Pourtant, les mêmes différences générationnelles injustes sont observées dans une exposition sans précédent. En fin de compte, ce sont les enfants des pays tropicaux qui supporteront le plus lourd fardeau dans un scénario de réchauffement de 1,5 °C. Cependant, dans des scénarios d’émissions élevées, presque tous les enfants du monde entier sont confrontés à la perspective de vivre une vie sans précédent, selon les chercheurs.

Vulnérabilité climatique et injustice sociale
L’étude met également en évidence l’injustice sociale du changement climatique et ses impacts. Dans le cadre des politiques climatiques actuelles, les enfants les plus vulnérables sur le plan socio-économique nés en 2020 seront presque tous (95 %) exposés à des vagues de chaleur sans précédent au cours de leur vie, contre 78 % du groupe le moins vulnérable. « Les enfants les plus vulnérables subissent les pires escalades des extrêmes climatiques. Avec des ressources et des options d’adaptation limitées, ils sont confrontés à des risques disproportionnés », explique Thiery. À l’approche de la COP30 prévue au Brésil, les nations doivent soumettre des engagements climatiques actualisés. « Partout dans le monde, les enfants subissent de plein fouet une crise dont ils ne sont pas responsables », a déclaré Inger Ashing, PDG de l’ONG Save the Children International. « Une chaleur dangereuse qui met en péril leur santé et leur apprentissage, des cyclones qui frappent leurs maisons et leurs écoles, des sécheresses rampantes qui flétrissent les récoltes et réduisent leur assiette. Face à ce rythme de catastrophes quotidien, les enfants nous implorent de ne pas nous déconnecter. Cette nouvelle étude montre qu’il y a encore de l’espoir, mais seulement si nous agissons avec urgence et ambition pour limiter rapidement le réchauffement climatique à 1,5 °C et si nous plaçons véritablement les enfants au cœur de notre réponse au changement climatique. »
En bref, limiter le réchauffement climatique à +1,5°C permettrait à plus de 600 millions d’enfants d’échapper à ces conditions extrêmes, recommande la recherche.
A. M.