La Conférence des Nations Unies sur la biodiversité, reprise le 25 février dernier à Rome, en Italie, après avoir été suspendue à Cali fin 2024, s’est conclue par un accord sur la stratégie de financement de la biodiversité et la réalisation des objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (KMGBF), se sont réjouis les participants.
Après la suspension des travaux à Cali en 2024, des délégués du monde entier se sont réunis dans la capitale italienne pour aborder le défi crucial du financement des objectifs du Cadre mondial pour la biodiversité Kunming-Montréal (KMGBF). L’accord conclu, fruit d’intenses négociations, définit une feuille de route pour combler le déficit de financement et mobiliser au moins 200 milliards de dollars par an d’ici 2030, dont 20 milliards de dollars par an de flux internationaux d’ici 2025, pour atteindre 30 milliards de dollars d’ici 2030. Cependant, l’enthousiasme pour cette étape importante est tempéré par la conscience que les ressources allouées restent insuffisantes et que le chemin vers la « Paix avec la Nature » est encore long. Le Fonds mondial pour la nature (WWF), basé en Suisse et d’autres organisations environnementales ont salué l’accord, mais ont souligné la nécessité d’un engagement plus important de la part des pays développés, notamment pour respecter leur engagement de mobiliser 20 milliards de dollars par an en flux internationaux d’ici 2025, selon les médias, L’un des principaux points du débat tournait autour de l’utilisation du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) comme outil de financement de la biodiversité. Certains pays, dont la Russie, considèrent le FEM comme discriminatoire, car l’accès y est refusé à ceux qui sont soumis à des sanctions internationales. L’accord conclu à Rome comprend d’importantes réformes du FEM pour garantir l’accès au fonds fiduciaire à tous les pays.
De plus, d’ici 2030, plusieurs fonds simultanément, nouveaux, anciens et réformés, alignés sur les fonds climat, comme le Fonds vert pour le climat, seront possibles. Cette convergence des voies de négociation représente un signal positif pour l’avenir du financement de la biodiversité. D’ici la COP18 sur la biodiversité en 2028, il sera nécessaire de déterminer quelle infrastructure financière unique gérera le financement de la biodiversité sous les auspices de la COP.

Comment atteindre l’objectif des 200 milliards ?
Mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre l’objectif de 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 est un défi complexe. L’accord comprend un plan de quatre ans impliquant le FEM et souligne l’importance de la neuvième reconstitution des ressources du FEM, actuellement en cours. Pour la première fois, un dialogue interministériel est ouvert entre tous les ministères de l’environnement et de l’économie et des finances pour trouver les bonnes ressources, impliquant des fonds publics, privés, philanthropiques et multilatéraux. Il est également prévu qu’au moins 20 % des fonds soient destinés aux communautés autochtones, reconnaissant ainsi leur rôle crucial dans la conservation de la biodiversité. Une réalisation importante à Rome a été le lancement du Fonds Cali, qui recevra les contributions des entités du secteur privé qui font un usage commercial des informations de séquençage numérique sur les ressources génétiques (DSI). Le Fonds Cali représente une nouvelle ère dans le financement de la biodiversité, car il s’appuie sur le financement du secteur privé. Les entreprises qui font un usage commercial des DSI doivent désormais verser une partie de leurs revenus ou de leurs bénéfices au Fonds. Au moins 50 % des ressources du Fonds Cali seront allouées aux peuples autochtones et aux communautés locales, reconnaissant ainsi leur rôle de gardiens de la biodiversité.
L’Italie à l’avant-garde
L’accord prévoit également le renforcement des mécanismes de suivi, de rapport et d’examen (PMRR) pour garantir la responsabilité et la transparence dans la mise en œuvre du KMGBF. Un ensemble complet d’indicateurs a également été convenu pour mesurer les progrès mondiaux et nationaux vers la mise en œuvre du KMGBF. Malgré les progrès réalisés, le WWF souligne que la COP16.2 ne représente qu’une première étape. Efraim Gomez , directeur de la politique mondiale du WWF, prévient que « les pays développés ne sont pas encore sur la bonne voie pour respecter leur engagement de mobiliser 20 milliards de dollars d’ici 2025 en faveur des pays en développement ». Investir dans la nature est essentiel pour atténuer la crise climatique, assurer la résilience des écosystèmes et atteindre les Objectifs de développement durable. L’Italie, qui a accueilli la reprise de la COP16, a un rôle important à jouer dans ce processus. Bernardo Tarantino, du WWF Italie, appelle le gouvernement italien à « un plus grand engagement et un plus grand leadership » pour faire avancer l’agenda diplomatique en faveur de la protection de la nature. Le prochain événement crucial sera la COP30 au Brésil, qui sera axée sur le changement climatique. L’événement, qui se déroulera dans la forêt amazonienne, enverra un signal fort sur l’urgence de protéger la nature et de réduire la déforestation. La prochaine COP sur la biodiversité se tiendra à Erevan, en Arménie, en 2026.
L’accord conclu à Rome marque une avancée significative, mais le défi consiste désormais à traduire les engagements en actions concrètes. Le financement de la biodiversité est crucial, mais sans mécanismes de vérification et sans engagement financier plus large, les promesses risquent de ne pas être tenues. La COP16.2 a posé les bases d’un avenir plus durable, mais son succès dépendra de la volonté des gouvernements d’investir dans la nature et de travailler ensemble pour atteindre les objectifs du KMGBF.
R. E.