L'Algérie de plus près

Parents exigeants, enseignants cupides : les cours de soutien, un calvaire pour les enfants algériens

Obliger les élèves scolarisés à suivre des cours de soutien, dès leur jeune âge, est devenu de nos jours de bon ton. Les parents perdent toute confiance en l’école publique et le savoir qu’elle transmet. Sinon, comment explique-t-on le fait de confier sa progéniture au premier « enseignant » venu ? Nombreux sont les parents qui ignorent cependant que, pour prendre en charge un enfant scolarisé, il faut que le précepteur soit dûment habilité à prodiguer des enseignements précis et à maîtriser les « ficelles » du métier.

Il faut savoir que le personnel enseignant affecté par l’État dans les établissements éducatifs pour prendre en charge les élèves est formé en la matière. Avant d’élaborer son programme d’enseignement, il fait le point sur les lacunes de son public (les élèves) pour dispenser les enseignements adaptés. L’enseignant est censé connaître, après une brève période d’observation, de quoi ont vraiment besoin ses élèves, il est conscient de l’hétérogénéité du groupe qu’il a sous sa responsabilité tout comme il est conscient de la manière dont il doit lui prodiguer le savoir. De ce fait, il est indispensable de rappeler qu’il est impossible qu’un « enseignant » non-formé puisse répondre aux attentes d’un enfant en quête de connaissance. Que les parents se détrompent : les notes obtenues en fin de chaque trimestre et les remarques des enseignants reflètent fidèlement le niveau réel de leurs enfants ! Confier un élève de première année primaire à un présumé enseignant, fraîchement diplômé de l’université n’est pas la bonne solution, loin s’en faut.

Un autre phénomène est à relever, qui explique l’avidité des donneurs de cours de soutien : certains enseignants, pour ne pas dire la majorité, se plaignent de la surcharge des classes et revendiquent des salles de classes aérées, éclairées et dotées de tous les matériaux pédagogiques mais s’arrangent pour dispenser des cours de soutien pour leurs propres élèves dans des caves et garages sans aération, faiblement éclairés, mal chauffés en hiver et sans climatisation pendant les périodes caniculaires, seule compte la rémunération. Il n’y a pas très longtemps, ces cours dits de soutien se limitaient aux classes d’examen de baccalauréat. Les preneurs étaient des enseignants de renom en de différentes matières. Ils prônaient la gratuité moyennant le sérieux et l’assiduité de la part des élèves. De nos jours, la pratique est devenue un métier par définition. Il suffit d’être en possession d’un garage pour en faire un espace pédagogique et y dispenser des cours, peu importent les principes de la pédagogie.

Les parents sont aussi complices de cet état de fait. Déjà, au primaire, ils exigent de leurs enfants des notes élevées sans se soucier de la qualité de l’apprentissage. Pour ce faire, ils multiplient les promesses alléchantes du genre : « Mon fils, ma fille, si tu arrives à avoir 10/10 dans la matière telle, je t’achèterai un vélo ou je t’emmènerai au parc d’attractions. » Dans ce cas de figure, l’enfant s’évertue à ruser avec ses parents et son instituteur pour arriver à ses fins.

Le plus grave, c’est que d’autres élèves vont à l’école la peur au ventre, hanté par l’idée qu’ils seront lourdement sanctionnés s’ils n’arrivent pas à obtenir la note attendue par les parents.

Le constat est vraiment amer, les instances éducatives devraient trouver des solutions vu les troubles psychiques apparents qui se manifestent chez beaucoup d’apprenants.

Désormais pris en tenailles entre les exigences des parents et la gourmandise des prétendus enseignants, nos enfants subissent un calvaire qui ne dit pas son nom.

Abdelkader Ham

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *