Par Hamid Dahmani
Lors d’une discussion amicale avec le propriétaire d’une boutique de brocante ces derniers jours, le proprio m’a demandé par curiosité quel âge j’avais et, sans réfléchir, je lui ai répondu :
– 75 euros !
– Comment ? m’a-t-il répondu intrigué par ma réponse. Tu veux dire 75 ans ?
– Non, je préfère vous donner mon âge en valeur euro, parce que dans ces moments de folies de cette devise enivrante, tout le monde raffole des beaux billets en euros non scotchés. « Bekri », avant l’ère de l’euro, c’était l’âge de pierre, puis est venu l’âge du bronze, « thouma » celui du fer et ensuite celui du moyen-âge. A présent, c’est l’âge des euros ou des dollars formels et informels (c’est kif-kif car on n’a pas le choix). En ces moments tendus, nous avons tous cette envie de caresser cette monnaie stable qui donne du réconfort et des idées. Sais-tu mes amis que l’âge n’est qu’un repère comme un numéro d’ordre dans le temps pour remplir une fiche signalétique. Sans plus. Donc, mieux vaut compter son âge en euro ou autre chose d’équivalent comme ça au moins on pourra revendre ses piges à bon prix. Aujourd’hui, vivre avec l’âge de pierre à 75 ans c’est vivre avec des illusions. Vous ne pouvez pas faire des miracles pour vivre dignement avec la monnaie locale. Les septuagénaires sont devenus des antiquités rouillées et plein de vert-de gris et de désarroi. Leurs valeurs varient selon l’état de la « carrosserie » et du moteur s’il ne consomme pas trop d’huile. Savez-vous que l’euro dans ces moments prospères s’est envolé dans les airs et qu’il n’est pas facile de le courtiser.
– Alors là, mon ami, vous m’en bouchez un coin avec cette réflexion ahurissante. Vous savez, l’âge est une sagesse qui vaut son pesant d’euros avec les temps qui court. Aussi, il faut mesurer cette monnaie avec grand respect et beaucoup de « s’il vous plait ».
Heureux sont les gens qui ont 100 euros au compteur et qui croquent la vie à belles dents. L’euro est un symbole de réussite sociale et une monnaie solide qui réunit des peuples autour d’une convention collective qui fait l’unanimité et la puissance de ces utilisateurs. L’euro est une devise forte qui fait rêver beaucoup de gens par sa puissance économique. Et c’est pour cela que cette devise a atteint des records inimaginables sur les marchés populaires de l’informel grâce au travail, à la science et à la technologie.
Dans ce monde étonnant, « kayen » des zéros qui détiennent beaucoup d’euros qu’ils fructifient astucieusement pour s’enrichir davantage et devenir de super-milliardaires sans trop d’obligations. A l’inverse, il y a de malheureux acheteurs malgré eux qui se font plumer en pleine rue chez les « bureaux de change sis rue de l’incognito ».
Ainsi fonctionne ce monde injuste ou les gros poissons avalent les petits poissons.
H. D.