La victoire du candidat républicain Donald Trump à la présidentielle américaine du 5 novembre a été acquise grâce au vote d’une partie des électeurs arabo-musulmans, notamment dans plusieurs États clés, ont constaté les analystes. Les électeurs arabo-musulmans ont ainsi puni Kamala Harris, et le parti démocrate pour son soutien indéfectible à l’entité sioniste dans sa guerre contre à Gaza et au Liban, a-t-on expliqué. En 2000, ces mêmes électeurs avaient favorisé Biden du fait qu’ils votaient traditionnellement pour les démocrates. Du reste, à moins d’une semaine du scrutin, de nombreux Arabes américains de l’État pivot qu’est le Michigan, très indécis, dénoncent le soutien apporté à Israël par l’administration de Joe Biden dans la guerre conduite à Gaza. Ils n’ont pas l’intention de voter pour la candidate démocrate, selon les médias. C’est ainsi que le banquet annuel de l’Arab American Political Action Committee (Aapac), groupe de pression arabe, à Dearborn, près de Detroit, dans le Michigan, affichait son refus une semaine avant le vote, d’appeler à voter pour Harris, quelles qu’en soient les conséquences dans cet État pivot très indécis.
Plus de 4,5 millions de musulmans
« Je voterai selon ma conscience, pour les droits humains et contre le génocide à Gaza », assure Sam Baydoun, l’un des responsables démocrates du comté auquel la ville est rattachée, cité par un journal. “En marge de la réception du groupe de pression, le premier maire arabe et musulman de Dearborn, Abdullah Hammoud, élu en 2022 sous les couleurs du Parti démocrate, reste inflexible. Devenu l’une des figures nationales du mouvement, qui dénonce la trahison de valeurs américaines dans le soutien constant apporté à Israël par l’administration de Joe Biden dans la guerre conduite à Gaza puis au Liban, il ne bougera pas d’un pouce, à moins d’un cessez-le-feu et d’un embargo sur les armes à destination” de l’entité, ajoute-t-il. Aussi bien dans le Michigan que dans d’autres États indécis très convoités, les électeurs arabo-musulmans ont en majorité boycotté les deux candidats, justifiant leur refus d’appuyer Trump par sa mesure prise lorsqu’il était président en 2016, d’interdire l’entrée aux USA aux citoyens de certains pays arabes. Le seul mérite de Trump pour certains de ses soutiens arabo-musulmans était son engagement à faire cesser la guerre au Moyen-Orient.
Dans le Michigan, 110 000 électeurs arabo-musulmans ont participé au vote et ont opté en majorité pour la candidate des Verts Jill Stein qui s’est engagée à faire cesser la livraison d’armes à l’entité sioniste et exigeait la fin du génocide à Gaza. Commentant ces résultats, le sénateur démocrate d’origine américain égyptienne George Helmi, membre de la commission des relations étrangères du Sénat américain, a déclaré que la guerre à Gaza a contribué à la perte de l’État du Michigan par Kamala Harris. Helmi a ajouté que les États-Unis doivent demander des comptes à leurs alliés lorsqu’ils violent le droit international. Le nombre d’Américains d’origine arabe dans le Michigan est estimé à environ 392 000, selon les données de l’Arab American Institute, qui constitue la plus grande présence arabe parmi les États américains. Aux USA, on compte plus de 4,5 millions de musulmans, une communauté difficile à identifier statistiquement du fait, selon les experts, que depuis 1977, le gouvernement américain classe les personnes ayant des liens ancestraux avec les « peuples originels d’Europe, d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient » dans la catégorie des « Blancs ». Les membres de cette communauté sont donc englobés dans le très vaste groupe des « Blancs », ce qui les rend indiscernables dans la quasi-totalité des données administratives et des sondages d’opinion, explique-t-on.
De même, les musulmans ne sont pas pris en compte dans les données officielles, car les États-Unis n’enregistrent pas l’appartenance religieuse des citoyens, ajoute-t-on. Le “Arab American Institute”, un groupe de défense des droits des Arabes américains, affirme que depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le soutien des membres de ce groupe au Parti démocrate s’est effondré, passant de 59 % en 2020 à seulement 17 %, indique un expert, pour qui “parmi les Américains musulmans, la baisse est encore plus importante, leur soutien aux Démocrates étant passé de 70 % en 2020 à environ 10% fin 2023”.
A. M.