Par Mohammed Koulal*
L’Occident qui, jadis, avait promulgué des lois condamnant les crimes de guerre et ceux contre l’Humanité, se trouve aujourd’hui empruntant la même feuille de route fixée par le nazisme durant la seconde guerre mondiale.
Avant l’entrée en guerre de son pays dans le second conflit mondial, le ministre US de la justice, Robert H. Jackson, déclarait en 1941 devant le congrès de l’union internationale des juristes réunis à la Havane : « … depuis le pacte Briand Kellogg, les guerres d’agression sont des guerres injustes et les violations des traités sont des crimes contre la paix, elles ne doivent pas être sans conséquence sous prétexte qu’il n’existe pas de tribunal susceptible de juger l’agression ».
Il est à mentionner que Robert H. Jackson fut magistrat à la Cour suprême des États-Unis avant d’être désigné par le Président Truman, après la mort Roosevelt, comme procureur général représentant les USA durant le procès de Nuremberg où il est déclaré que l’inaction contre ces guerres engendre une anarchie où chaque État peut déclencher impunément une guerre s’il pense qu’elle doit servir ses intérêts. Il assure aussi que les USA défendront l’idéal d’un ordre universel garanti et protégé par le droit et seront déterminés de réprimer cet état de fait pour sauvegarder la justice parmi les hommes et les peuples. Roosevelt, quant à lui, avait déclaré auparavant : « Une domination par la terreur ne saurait imposer la paix, elle ne sert qu’à semer la haine, germe d’une terrible vengeance ».
Toujours dans ce sens, Churchill avait rappelé que « ces crimes dépassent en horreur tout ce qu’on a imaginé depuis les origines de l’humanité ».
Le 13 janvier 1942, lors d’une conférence, les Alliés sont unanimes à décider de la sanction des crimes de guerre, affirmant leur volonté de juger et de condamner les criminels sans distinction d’origine et de veiller à l’exécution des sentences dans le cadre d’une juridiction internationale. D’où, pour eux, l’adoption urgente d’un nouveau code de droit criminel international.
Alors, faut-il rappeler aux américains, leur promesse de défendre la paix et les peuples victimes de crimes de guerre ? Jackson, le procureur général déclarait : « La véritable partie plaignante est la civilisation ». Il ajoutait : « L’ultime ressource pour éviter le retour périodique de guerres inévitables dans un système international qui ne reconnaît pas l’autorité de la loi est d’en rendre responsables les hommes d’État … cette loi doit viser, et si l’on veut l’appliquer utilement, sanctionner l’agression commise par n’importe quelles autres nations »
Les institutions judiciaires internationales ne doivent pas rester passives devant la volonté des peuples désespérés pour appliquer la discipline du droit aux hommes d’État qui usent de leurs pouvoirs politiques pour attaquer les fondements mêmes de la paix mondiale et pour violer les droits de leurs voisins. On constate aujourd’hui que, malgré le grand effort pour affermir la paix, un pas est fait dans cette direction par l’organisation des Nations Unies qui prend des mesures politiques pour prévenir les guerres et, si c’est possible, des mesures militaires combinées pour que toute nation qui la commence la perde. Ainsi, un second pas sera franchi quant à l’assurance juridique qui assurera l’expiation personnelle à ceux qui auront déclenché une guerre.
Qu’en est-il pour les crimes de guerre et ceux contre l’humanité commis par Netanyahou ? Le monde devrait-il se taire parce que la victime est Arabe, peu importe sa religion, même si Israël bombarde le Liban, faisant des milliers de morts et près d’un million de déplacés internes, et mène pendant plus d’une année des attaques indiscriminées contre la population de Gaza ? La communauté internationale échoue une nouvelle fois à forcer les sionistes au respect du droit international. Si les populations palestiniennes et libanaises payent le prix le plus fort de l’impunité, c’est l’ordre mondial dans son ensemble qui en pâtit, ainsi que la crédibilité de l’Occident vis-à-vis du reste du monde.
Nathalie Jane d’Othée dans une de ses publications intervient dans ce sens en écrivant : « Le discours du premier ministre israélien Benjamin Netannyahou à la tribune des Nations Unies vendredi 27 septembre et la séquence qui l’a entourée en dit long sur l’état du monde. Alors que la veille, les États-Unis et la France mettaient sur la table un plan pour un cessez-le-feu, Netanyahou n’a même pas daigné y répondre dans son discours, présentant la guerre comme la seule issue possible. Ce discours fait devant une salle à moitié vide, un grand nombre de diplomates ayant décidé de quitter en signe de protestation. Sans aucun respect envers l’institution onusienne et au sein de son siège, il ordonna la frappe sur le quartier du Hezbollah.
Le nouvel ordre établi après la Seconde guerre mondiale et les sentences que peuvent encourir ceux qui entravent le processus de la paix en provoquant des guerres et les crimes qui en découlent, cet ordre est piétiné par le sionisme, frère jumeau du nazisme, qui opte pour la force militaire et ce, malgré la position de 87 pays arabes prêts à garantir la sécurité de l’État hébreux dans le cadre d’une solution à deux États. Mais comme la mauvaise herbe de la violence ne cesse de repousser tant que ses racines profondes ne sont pas déracinées.
Au courant du mois de juillet 2024, la Cour internationale de justice a émis un avis mettant en lumière les violences au Moyen-Orient pendant plus d’un demi-siècle : occupation du territoire palestinien s’accompagnant de colonisation et d’annexion illégales des terres palestiniennes sous un système de discrimination qui peut être qualifié d’apartheid. La Cour a établi au regard de ces données que l’occupation israélienne est illicite et doit cesser immédiatement. Le 18 septembre dernier le délai a été fixé à 12 mois par une résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU. Hélas, la dégradation de la situation se poursuit toujours. L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin ne cesse de le rappeler : l’Occident doit prendre en compte la manière de penser du reste du monde sous peine d’un jour perdre toute voix au chapitre.
Une question s’impose : les Occidentaux choisiront-ils de réaffirmer leur soutien au droit international adopté au sortir de la seconde guerre mondiale en le faisant respecter de manière cohérente par Israël comme par tout autre acteur et regagner en crédibilité dans le reste du monde ? Ou vont-ils s’entêter dans un deux poids-deux mesures qui permet à Israël de piétiner ce droit en sapant la crédibilité et creuser le fossé qui sépare les populations arabes au reste du monde ? Bertrand Badi, spécialiste du droit international, préconise que l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice du 19 juillet 2024 et la résolution de l’Assemblée Générale de l’ONU qui la met en œuvre établissent des actions concrètes que les États tiers ont l’obligation de mettre en place pour faire respecter le droit international. Parmi celles-ci, cesser d’importer des produits des colonies, ne plus fournir d’armes qui permettent de maintenir l’occupation et la colonisation israéliennes, mettre fin à tous les liens économiques et diplomatiques qui pourraient renforcer le maintien de l’occupation.
Le président Macron proclamait que Rafah est la ligne rouge mais il a fait mine de tenir ses positions sur lesquelles il n’a cessé de reculer à chaque nouvelle violation de la part d’Israël « qui a le droit de se défendre » comme si le droit international conçoit que l’on puisse se défendre contre ceux qu’on colonise. Pour Macron, le seul responsable est le Hamas et la France officielle est complice de ce qui se passe à Gaza : elle ne cesse de justifier le génocide en cours tout en accordant avec les membres de la majorité, de l’opposition de droite et de l’extrême-droite voire de la gauche, tous les arguments pour blanchir le gouvernent sioniste. À ce jour, la France n’a pas cru de réagir auprès de la Cour Internationale de Justice, évoquant cet ordre sans le commenter et qui peut être contraignant pour les pays… sauf pour le génocidaire qui fait fi du droit international voire humanitaire.
Rappelons à cette France que la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide -dont elle est signataire- de prendre des mesures pour prévenir un génocide en cours surtout qu’elle est considérée comme l’arrière-garde des pays européens dans le soutien au droit international et aux droits des palestiniens. Mais accuser l’État sioniste de génocide, c’est franchir « un seuil moral » face à la Shoah (?) comme le répètent les faiseurs d’opinion de l’Hexagone.
Entre ce qui a été proclamé à partir de Nuremberg à la Cour internationale de Justice par ceux-là mêmes qui soutiennent le génocide des peuples Palestinien et Libanais, exécuté froidement par les descendants des victimes du nazisme, il y a la complicité « morbide » de l’Occident et de ses suppôts, qui laisse présager soit la pérennité de l’apartheid au Moyen-Orient, soit le soulèvement incontrôlable de toute l’Humanité qui saura, un jour, que le but du sionisme est son asservissement à tout jamais. Pour les Sionistes, les humains autres que les Juifs ont été créés pour les servir ad eternum. Les « animaux humains », ce ne sont pas seulement les Palestiniens aux yeux des dirigeants de l’entité sioniste.
Nous constatons, hélas, que certains pays arabes se sont soumis aux désidératas du sionisme : expropriation des biens des nationaux et leur affectation aux Juifs, enseignement de l’Hébreu et de la religion juive aux élèves musulmans, judaïsation de l’espace public… Cela se passe actuellement au Maroc et dans d’autres pays.
M. K.
*Avocat à la Cour de Relizane