L'Algérie de plus près

Déchets plastiques, gestion et recyclage : de la volonté mais beaucoup reste à faire

La gestion des déchets en matière plastique pose un vrai défi à la communauté internationale qui produit aujourd’hui deux fois plus de déchets plastiques qu’il y a vingt ans : seuls 9 % sont effectivement recyclés, le reste est incinéré, jeté dans les décharges et dans la nature avec les effets dévastateurs que l’on connait. En Algérie, les défenseurs de l’environnement souhaitent le renforcement de l’arsenal juridique pour lutter contre les effets pervers du sac en plastique.

Dans les pays développés, les politiques environnementales menées jusque-là n’ont pas réussi à en finir le plastique, notamment les emballages qui finissent souvent dans la nature. Si on prend l’exemple de l’Italie, un pays qui a fait de grands pas dans la gestion des déchets plastique, on constate que 46 % des produits alimentaires et boissons des supermarchés sont emballés dans du plastique inutile qui pourrait être remplacé par des alternatives plus durables, pour un total de 27,3 milliards de plastique excédentaire. Une étude récente menée par « DS Smith », en collaboration avec « Retail Economics », a révélé “l’utilisation excessive de plastique dans les emballages alimentaires des supermarchés italiens”. Selon ces deux agences, près de la moitié (46 %) des produits alimentaires et des boissons présents dans les rayons sont emballés dans du plastique inutile, qui pourrait être éliminé ou remplacé par des alternatives plus durables. “Ce chiffre alarmant se traduit par 27,3 milliards de morceaux de plastique qui pourraient être évités chaque année rien qu’en Italie.”

En Italie, 46% des produits alimentaires et des boissons sont emballés dans du plastique inutile

Parmi les secteurs les plus responsables de cette utilisation excessive du plastique figurent le pain, le riz et les céréales (87 %), suivis par la viande et le poisson (86 %), les boissons gazeuses (85 %) et les produits laitiers (81 %), indique l’étude. Bien que 98 % des entreprises impliquées dans la production et la distribution alimentaire aient déjà pris des mesures pour réduire les emballages plastiques, nombre d’entre elles sont confrontées à des obstacles importants. Environ 60 % de ces entreprises se sont fixé un objectif de réduction d’ici deux ans, mais un quart (25 %) admettent être en retard.

Les coûts élevés, obstacle majeur

Les principaux obstacles identifiés par les fabricants et les distributeurs à l’élimination du plastique sont les coûts élevés des matières premières durables et la perception selon laquelle les consommateurs ne sont pas prêts à accepter les changements. En fait, 72 % des personnes interrogées estiment que les clients ne veulent pas payer plus pour des emballages respectueux de l’environnement, tandis que 65 % craignent que la réduction de l’utilisation du plastique ne compromette le confort des acheteurs. L’étude, menée dans six pays européens, a montré que l’Italie occupe la troisième place pour l’utilisation de plastique dans les emballages, avec un taux de 66 %, à égalité avec l’Allemagne. Le Royaume-Uni arrive en tête de ce classement avec 70 % de produits alimentaires emballés dans du plastique, suivi de l’Espagne avec 67 %. La France se distingue par une moindre dépendance à ce matériau, avec seulement 49 % des aliments conditionnés en plastique, grâce à la généralisation des rayons frais et aux initiatives de vente en vrac.

Justement pour éviter ces disparités, il est nécessaire de créer des règles partagées au niveau international pour réduire l’utilisation du plastique. “Même si le remplacement total du plastique n’est pas encore possible, réglementer son utilisation est essentiel pour un avenir plus durable”, souligne-t-on. DS Smith estime que 90 % du plastique inutile en Italie peut être remplacé par des matériaux à base de fibres. Quand ce changement sera-t-il enfin possible ? En Algérie, ce genre d’étude figure-t-elle dans les projets des environnementalistes et autres défenseurs des consommateurs ?

L’Algérie, 5è gros consommateur de sacs en plastique

Près de 7,7 milliards de sacs en plastique sont utilisés annuellement en Algérie et une moyenne de 200 sachets est utilisée annuellement par chaque citoyen. Ces chiffres placent le pays au cinquième rang des plus gros consommateurs au monde de sacs en plastique après les États-Unis d’Amérique, la France et l’Australie.

Une enquête réalisée en 2023 par l’Agence nationale des déchets (AND) a révélé que 87% des détritus ramassés sur nos plages sont de nature plastique à usage unique.

Est-ce à dire qu’il faut revoir la politique gouvernementale en matière de protection de l’environnement ? Indispensable, soulignent nombre d’associations de protection du milieu qui souhaitent l’adaptation du de l’arsenal législatif aux réalités du terrain.

Initiatives locales pour dépolluer les plages et les ports en Algérie

Il faut signaler qu’une première loi, datée du 12 décembre 2001, instaurait une première politique environnementale à travers la gestion, le contrôle et l’élimination des déchets, suivie une année plus tard par la promulgation d’un décret spécifique aux déchets d’emballages. Ce texte fait obligation aux opérateurs industriels, commerciaux et artisanaux de valoriser leurs déchets d’emballage pour en diminuer le volume. Pour ce faire, ils sont tenus de procéder à la valorisation de leurs déchets eux-mêmes, faire appel à une entreprise agréée ou adhérer au système public de reprise, de recyclage et de valorisation, créé à cet effet.

En février 2009, un décret impose une taxe sur les sacs plastique importés et/ou produits localement. La loi de finances de l’année 2004 instaure une taxe à hauteur de 10,5 DA/kg aux sacs en plastique importés et/ou produits localement. En 2018, cette même taxe est fixée à 40 DA/kg puis à 200 DA/kg en 2020. Le produit de cette taxe est affecté comme suit : 73% au budget de l’État ; 27% au Fonds national de l’environnement et du littoral. 

Des associations (ici Greenbike Algérie) très impliquées dans la lutte contre les déchets en plastiques

D’autres solutions ayant essentiellement trait à la normalisation du sachet par la modification de ses dimensions et de son poids ont, par ailleurs, été initiées avec les entreprises de production des sacs en plastique. Parallèlement, des opérations de valorisation des déchets en plastique par les jeunes sont encouragées par l’État, avec l’acquisition de machines d’une capacité de 200 kg/h chacune pour laver et transformer ces sacs pour leur recyclage.

L’effet de ces mesures reste assez limité en l’absence de la mise en place du tri sélectif des déchets ménagers et l’utilisation de matériaux respectueux de l’environnement entre autres.

L. C.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *