Par Hamid Dahmani
Quand les temps sont maigres et qu’il n’y a rien à se mettre sous la dent, on se suffit de pain rassis et d’un petit chouia d’eau en attendant la providence… Et quand les jours sont fastes, c’est la bombance chez dame panse qui subit l’envie de la surabondance. Comme chaque jour qui se lève, les boyaux ronronnent et crient famine à qui peut bien les entendre et les comprendre à l’heure des braves. Ceux qui ont un gros creux dans le ventre ont l’estomac dans les talons. Et ceux qui sont rassasiés ont la bedaine qui pend jusqu’aux genoux.
Quand la grande faim frappe à la porte, on sait que cela va barder « fel couzina ». Il y a un proverbe culinaire qui dit : « Aala kerchou yekhli aarchou » (pour assouvir son ventre, il est prêt à décimer sa tribu). Cette expression populaire qui vise les inassouvis dans leur colère vorace. Chez les goinfres, on ne badine pas avec la mangeaille, ce sont les héros de la meïda qu’on surnomme les « herrassa » des mangeurs avertis, qui ingurgitent n’importe quoi pour satisfaire leurs boyaux. Il y a ceux qui mangent comme quatre et qui avalent tout comme des boas, et ceux qui mâchent comme des concasseurs sans aucun plaisir nourrissant. Quand ces derniers font leur razzia, ils ne restent plus que les os, les couverts et les assiettes vides sur la table pour témoigner d’une grande bataille entre affamés.
Pour croire ces récits, il faut faire un tour sur le web pour voir ces gloutons qui font le buzz. On aura tout vu, des mecs qui avalent plus de 10 pizzas entières, d’autres boire plusieurs bouteilles de soda d’un trait sans souffler. Ceux qui mangent à tous les râteliers ont surement un ténia qui fait la loi au milieu des boyaux et qui insiste comme un percepteur pour avoir sa part.
« Kayen » des gens quand ils mangent font des bruissements bizarres, on entend des « slurp, slurp », il y en a d’autres qui font des « euh, euh », il y en a même ceux qui rotent et qui pétaradent en pleine bouffe. Il ne faut pas oublier ceux qui bavent et avalent le tout-venant sur la table pour assouvir le creux vide de l’estomac. Quand la faim de loup tape à la porte, il faut l’alimenter comme il se doit, sinon « klek boubi ». Il ne faut pas lésiner sur les moyens pour l’adoucir avec des mets dignes d’un chef gargotier. Quand de la nourriture succulente coule dans le gosier, on est heureux de s’en mettre plein la panse. Il y a des jours favorables pour les uns, et des jours néfastes pour d’autres. Lorsque la bouffe est servie, on ne se fait pas de cadeau, on mange avec les yeux, avec les doigts et bien sûr avec les dents. Il y a des gens qui mangent à tous les râteliers pour apaiser leurs envies. Les amateurs de miam, miam, ne lâchent rien : « hat li kayen fel marmita ! » crient-ils…
H. D.
One thought on “Voraces comme des boas”
Excellent papier.