Slimane Drioua dit « El Amari » est apiculteur. Il gère aussi des magasins spécialisés dans les intrants et matériels pour l’apiculture Né en 1966 à El Asnam, l’actuel Chlef, il pratique le métier depuis qu’il a été recruté, en 1992, comme travailleur polyvalent, puis gestionnaire des stocks, au sein de la coopérative apicole de la wilaya de Chlef. Un poste qu’il occupera jusqu’en 2008, année où il décida de s’installer à son compte. Depuis, son commerce est un passage obligé pour tout éleveur apicole qui se respecte.
Durant la période passée dans la coopérative apicole de Chlef, il arrivait souvent à « El Amari » de se rendre aux ruchers pour donner un coup de main à ses collègues apiculteurs et, surtout, observer la manière dont ils s’y prennent pour élever les essaims d’abeille, entretenir les ruches et récolter le miel… Cette expérience non négligeable, combinée aux autres connaissances acquises dans la gestion du matériel et des intrants utilisés dans la filière, fit d’El Amari un vrai connaisseur en la matière.
Vint ensuite la fermeture de la coopérative et sa dissolution en raison de sa mauvaise gestion, a-t-on justifié. Tout le monde se retrouva au chômage, El Amari y compris. Il fallait donc aux travailleurs trouver le moyen de vivre dans une ville où les opportunités d’emploi se rétrécissaient comme une peau de chagrin.
Mais, comme le dit si bien le proverbe, « à quelque chose, malheur est bon ». Profitant du savoir acquis pendant ses 16 années de service et de son préavis de licenciement de 130 000 DA, El Amari n’attendit pas longtemps ; il ouvrit un local de vente de matériel et produits d’élevage apicole, un métier auquel il a pris goût… Et bien plus : beaucoup de connaissances, de l’assurance et une expertise reconnue par ses pairs. Il savait au fond de lui-même qu’il allait vers la réussite.
Son commerce était unique à Chlef, et les apiculteurs, il en connaissait beaucoup. Une solide amitié le liait à ceux, nombreux, qui venaient s’approvisionner à la coopérative de wilaya avant sa fermeture. Pour El Amari, c’est une clientèle qu’il fallait au plus vite récupérer et arracher d’entre les mains des spéculateurs sévissant dans la filière au niveau des autres wilayas, notamment Blida.
Seuls l’effort et la persévérance
Le démarrage de l’activité a été difficile en raison de l’absence de moyens financiers. Mais, petit à petit, l’apiculteur commença à sortir de la zone rouge, engrangeant de modestes bénéfices qu’il réinvestit encore et toujours dans son activité naissante…
Et la petite affaire commença à prendre de la consistance grâce au bon sens de son initiateur : en plus de proposer les meilleurs produits sur le marché, El Amari prodigue moult conseils à ses clients. Tant et si bien que son local devint, en un court laps de temps, le lieu où se discutent toutes les questions qui concernent l’abeille. El Amari y reçoit des apiculteurs venant des wilayas limitrophes, voire de l’Algérois outre les gens de la région de Chlef.
Le premier local ne payait pas de mine. Il faisait à peine 9m². Coût de l’investissement : 70 000 DA. Après une année, il dut ouvrir un local dans un autre quartier, Hay El Houria, La Ferme. Là aussi, le local faisait à peine 9m². « Grâce à Dieu et notre persévérance, nous avons réussi à emménager dans un local de 35m². J’ai laissé ces deux magasins l’un à mon fils, l’autre à mon frère. Je me suis ensuite installé dans ce local à Hay Bouchakor et j’ai ouvert un quatrième sur la route nationale 19 bis. »
N’était leur dénomination commerciale, les quatre locaux jouent pratiquement le rôle d’une coopérative apicole qui répond à toutes les sollicitations des éleveurs.
Viser l’excellence
« Quand je sens que la personne en face de moi n’a aucune compétence en matière d’élevage apicole, je prends tout mon temps pour lui en expliquer les rudiments, l’orienter dans ses achats et le conseiller quant à la bonne manière d’utiliser chaque intrant, chaque produit… », explique El Amari qui précise n’écouler que les produits concernant l’apiculture. « Pour moi, dit-il, si on veut exceller dans son domaine, il faut nécessairement se concentrer sur son activité principale. D’ailleurs, c’est le conseil que je donne à mes propres enfants : ne jamais se disperser dans des activités secondaires mais se concentrer sur le créneau qu’on a choisi en premier. Sinon, il faut carrément changer d’activité ».
Pour ce qui du développement de ses activités, El Amari songe à la mise en place d’un atelier de menuiserie, notamment pour la fabrication des éléments de la ruche, et une unité de production et de transformation de la cire d’abeille. Ces projets déboucheront sur la création de plusieurs postes d’emploi permanents. Pour le moment, El Amari emploie quatre travailleurs et offre trois autres postes temporaires durant la période comprise entre janvier et août.
La petite entreprise familiale de Slimane Drioua a conquis une clientèle fidèle répartie sur 7 wilayas. Parfois, la demande sur les produits est telle qu’elle oblige la petite équipe de travailleurs à œuvrer de jour et de nuit.
Le nécessaire suivi des investisseurs
À propos de la formation des jeunes dans les activités apicoles, El Amari a été catégorique : « Nous le voulons bien mais, force est de constater qu’il n’y a pratiquement plus de jeunes chélifiens qui s’intéressent au travail de la terre. Dans les autres wilayas aussi on fait face à ce phénomène. Et ce qui complique le tout, ce sont les changements climatiques qui ont agi de manière négative sur la filière. Quand bien même des jeunes seraient prêts à retrousser les manches, la nature elle ne le permet pas à cause du déficit énorme en pluviométrie. A cela s’ajoute le manque de sécurité pour les apiculteurs qui pourraient s’installer dans les zones forestières ; les feux de forêts ne pardonnent pas, et tout l’investissement peut être réduit en cendre en cas d’incendie. De même, il faut reconnaître que même formés à l’élevage des abeilles, la plupart des jeunes n’ont pas les moyens de s’acheter les équipements qu’il faut… »
Comme nombre de ses pairs, El Amari souhaite une meilleure organisation de la filière. A commencer par le développement de la production nationale de matériel et d’intrants. Pour le moment, assure-t-il, seule une infime partie est produite localement, la majorité des produits provenant de l’étranger. C’est ce qui explique les tarifs parfois exorbitants proposés par les importateurs. Il souligne par ailleurs que la plupart des apiculteurs souhaitent que les prix des intrants soient revus à la baisse de façon à ce que le miel et les produits de la ruche soient accessibles à la grande masse des consommateurs. »
El Amari émet le souhait que les autorités locales se penchent sur les difficultés objectives qui entravent le développement de l’activité économique de manière générale et l’agriculture de manière particulière. Dans ca cadre, il propose que les institutions chargées de la promotion de l’emploi étudient dans le détail les besoins exprimés par chaque activité, chaque filière et ce, afin d’élaborer des programmes de formation et d’insertion professionnelles des jeunes.
Un suivi méticuleux est nécessaire pour éviter la déperdition des énergies, dit-il, ajoutant que, pour ce qui est l’apiculture, les jeunes investisseurs devraient bénéficier et du matériel et des conseils.
À ce propos, il recommande à ces investisseurs de prendre attache avec l’association des apiculteurs de la wilaya pour bénéficier des conseils et recommandations appropriés, connaître les produits et la manière de les utiliser. Par ailleurs, les organismes étatiques de soutien à l’investissement agricole doivent obligent tout porteur de projet à adhérer à l’association et au bureau professionnel des apiculteurs.
Menouer Aït Saada/A. L.
2 thoughts on “« El Amari » Slimane Drioua : l’homme qui sait parler des abeilles”
bonjour, bravo pour tout ce que vous entreprenez et bonne continuation.
nous nous sommes rencontrer à la foire agricole de mostaganem hier avec votre fils.
nous sommes intéressé par l’achat de ruches pleines.
disponibilité?
prix?
cordialement
Un investissement bénéfique pour la région et qui permettra aux consommateurs de pouvoir acheter cette denrée rare aux bienfaits immenses pour la santé contrairement au soi-disant miel vendu dans les étalages et qui est composée uniquement de sucre et autres gelifiants et epaississants…