Préservation de notre patrimoine forestier : tous concernés !

Les populations habitant près des forêts vivent ces dernières années avec la hantise des feux de forêts et d’incendies qui menacent leur vie et leurs biens.

Depuis le début des années 2000, l’Algérie connait chaque année des dizaines d’incendies touchant des forêts dans différentes wilaya du nord du pays. Mais au début, il n’y a pas eu de pertes humaines comme ces dernières années où il a été enregistré des dizaines de victimes à travers le territoire national. Avant, les pertes se réduisaient aux pertes matérielles et surtout la destruction de la richesse naturelle que sont les forêts. En effet, ces incendies ont ravagé des milliers d’hectares de forêts qui, pour se régénérer, nécessitent des dizaines d’années. Beaucoup d’Algériens continuent à se comporter d’une manière irresponsable face à cette richesse naturelle dont ils connaissent pourtant les innombrables bienfaits. Ainsi, ils jettent leurs déchets, dont des objets en verre, au milieu des forêts, ce qui peut entrainer des départs de feux durant les périodes de grande chaleur. Ces feux sont à la fois une cause et une conséquence du réchauffement climatique.

Au vu des incendies qui se répètent chaque été, il semble que beaucoup d’Algériens ne réalisent pas l’importance de ces espaces végétaux qui contribuent à rendre la vie vivable et plus agréable, et ignorent par ailleurs que la sécheresse qui frappe une partie non négligeable de notre planète est due à la déforestation qui ne cesse de gagner du terrain. Et ce n’est pas un secret de dire que la sécheresse est la source de tous les maux de l’humanité : manque d’eau potable, voire l’eau tout court, ainsi que les produits alimentaires de base du fait de la raréfaction des eaux d’irrigation.

Les feux de forêts sont également à l’origine de la pollution de l’air, de l’eau et du sol d’où les nombreuses maladies dont nos ancêtres n’ont jamais entendu parler. Le pire, c’est que les incendies qui se déclarent ces dernières années menacent la vie des populations riveraines à l’instar de ceux enregistrés dans certaines wilayas comme Bejaia et Tizi Bouira et Jijel l’année passée où l’on a déploré 15 morts et plusieurs blessés.

Nous espérons que cela ne se répète pas cette année et les années suivantes. Quand il y a mort d’homme, les responsabilités doivent être déterminées et les coupables ne doivent pas rester impunis. Il est vrai que l’insouciance et la négligence voire même la malveillance et la méchanceté de beaucoup de citoyens sont les principales raisons des départs de feux et des incendies ; mais cela ne doit dédouaner  les autorités concernées. Si la protection civile est mobilisée après le déclenchement des feux, il y a d’autres institutions dont le rôle est la prévention et l’intervention avant leur survenue. Parmi ces institutions, la Direction Générale des Forets qui est représentée dans chaque wilaya par une Conservation des forêts. Vu l’étendue des incendies et les dégâts catastrophiques enregistrés ces dernières, quelle a été la réaction de ces institutions et qu’ont-elles engagé comme actions à court, moyen et long terme pour parer aux feux de forêts ?

À ce que l’on sait, elles disposent de prérogatives pour réprimer toute atteinte au patrimoine forestier. À quoi serviraient en effet les structures implantées dans chaque wilaya et même dans certaines communes si elles n’engagent pas, en étroite collaboration avec d’autres institutions, une véritable stratégie visant à préserver ce patrimoine vital ? Parmi les actions prioritaires, l’application stricte de la loi qui fait des forêts domaniales des biens incessibles, imprescriptibles et inaliénables. Autrement dit, la loi doit être appliquée avec rigueur contre tous ceux qui s’aventurent à défricher, exploiter et occuper des terrains forestiers domaniaux. De même, la pratique du brûlis devrait disparaître à tout jamais de nos campagnes et, surtout, des zones agricoles mitoyennes des forêts.

Par ailleurs, il est à se demander pourquoi les Algériens n’ont pas cette « culture verte » qui consiste à planter et protéger les arbres dans leur environnement immédiat ? Et pourquoi les responsables locaux et centraux négligent les questions du boisement et de la plantation des arbres ? Pourquoi nos villes et nos villages sont aussi dénudés ?    

Questions à méditer.

H. B.