L'Algérie de plus près

L’exil « wella tamara »

Par Hamid Dahmani

La « harga » (l’émigration clandestine) est en vogue partout dans le monde où ça ne va pas pour les gens du peuple. Elle n’est pas un phénomène réservé uniquement aux Algériens, elle attire toutes les catégories de gens des deux sexes venus du reste du monde, esseulés ou en famille entière. Les gens désespérés, quand ils ne sont pas bien dans leurs peaux, veulent changer d’atmosphère et d’environnement pour goûter aux plaisirs de la vie. Ils fuient la mélancolie, ils redoutent l’injustice, ils recherchent le bien-être, ils veulent profiter de la belle vie, ils sont ambitieux, ils aiment la richesse, ils adorent la liberté, en clair ils veulent voir du monde ! Voilà les raisons primordiales recherchées par les candidats qui veulent partir de leurs pays vers des cieux plus accueillants.

Quand les gens parlent de quelqu’un qui se débat dans la misère, ils disent de lui : « mesquine rah aayach fe tamara » (le pauvre il vit dans la misère extrême). Depuis le temps, lorsque les gens sont accablés par le mépris et l’injustice, il ne leur reste que « tehdjar l’bled » (changer de pays) pour des lieux cléments et accueillants qui leurs ouvrent les bras. Pour cela, ils sont prêts à tous les sacrifices pour arriver à leurs fins.

Les migrants ne sont pas des enfants de chœur, dans leurs vies, ils n’ont été dorlotés ni avec des câlins ni avec des mots doux. Ce sont des durs à cuire. Aussi, ils bravent le danger avec des moyens dérisoires : avec une barque, un moteur et beaucoup de courage, ils s’engagent dans un voyage plein de risques. L’Occident n’arrive plus à stopper ces vagues continues de chaloupes remplies de migrants qui abordent chaque jour qui passe sur leurs rives avec plein de demandeurs d’asiles.

Nos jeunes sont décidés dans leurs projets irréversibles et ils n’ont qu’une seule idée fixe : partir loin de ce pays ingrat. Combien de « harragas » hommes, femmes et enfants ont payé de leurs vies ce voyage hasardeux, que les flots de la Méditerranée ont emportées à tout jamais dans le fond des abimes. Même notre prophète (qsssl) s’est exilé de la Mecque vers Médine dans les moments les plus durs de sa lutte contre le culte des idoles. Alors, pourquoi pas cette frêle jeunesse pacifique qui veut vivre et s’amuser ? Partir vers de meilleurs horizons comme les premiers voyageurs de la civilisation arabo-musulmane pour découvrir le monde et ses merveilles qui attirent tant d’exilés.

Il ne faut pas oublier que les premiers harragas étaient des colons français qui ont débarqué sans visa sur les rives de notre pays armés jusqu’aux dents pour asservir le pays… Il était une fois à Sidi-Férruch en 1830…

H. D.

*Tamara = Misère extrême

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