L'Algérie de plus près

Tissemsilt, l’été de tous les soucis

Par Rabah Saadoun

« Tissemsilt est une ville où il n’existe aucun espace de détente ni jardin publique digne de ce nom. Pire encore, les seuls endroits ombragés qui existaient et qui dataient parfois de l’époque coloniale ont été détruits pour céder la place à du béton qui a envahi toute la ville ! »

Une quotidienneté envahissante et une canicule étouffante. Toutes les journées d’été à Tissemsilt se ressemblent comme des gouttes d’eau mais c’est une comparaison sèche de sens. Car il aurait été préférable de dire des journées qui se ressemblent comme des grains de sable et qui pèsent lourd sur le physique et le moral des habitants, non seulement à cause de la canicule qui sévit depuis le début de juillet mais surtout à cause du vent de sable qui assombrit de temps en temps le ciel, salit tout sur son passage, aggrave la situation des asthmatiques et, cerise sur le gâteau, l’eau courante a disparu complètement des robinets. Elle ne nous rend visite qu’une fois les 5 à 6 jours voire plus. Souvent, quand elle atteint les robinets, c’est au compte-gouttes qu’elle coule, mettant à rude épreuve les nerfs des ménages qui ne savent à quel saint se vouer ! Les camions et les tracteurs-citerne ont pignon sur rue, leurs conducteurs se lèchent les babines en sillonnant les différents quartiers de la ville pour alimenter les habitants en cette denrée devenue de plus en plus rare. Heureux celui qui détient le numéro de téléphone d’un des chauffeurs de ces engins. Le citoyen lambda, ne pense ni aux vacances ni à ses petits projets personnels, sa seule et première préoccupation est le fait de se demander chaque jour si l’eau coule dans les robinets ou non (Ja el ma wela la ?). Son second souci, c’est acheter une citerne, pour ceux qui n’en ont pas, et une deuxième pour ceux qui en ont déjà une et qui ne suffit plus. Faisant le bonheur, là aussi, des quincailleries qui rangent devant leurs portes d’entrées différents types de réservoirs avec différents volumes et se frottent les mains eux aussi !

La plage est loin et les jardins n’existent plus

La chaleur commence à taper fort dès les premières heures de la matinée et c’est à cette période, plus ou moins fraiche, que les gens font leurs achats pour ensuite se cloîtrer chez eux et ne sortir que très tard l’après-midi pour soit remplir les cafés, soit trouver une place ombragée dans les rares espaces vides de la ville. Tissemsilt est une ville où il n’existe aucun espace de détente ni jardin publique digne de ce nom. Pire encore, les seuls endroits ombragés qui existaient et qui dataient parfois de l’époque coloniale ont été détruits pour céder la place à du béton qui a envahi toute la ville ! Par ailleurs, la seule piscine de la ville ne répond plus aux besoins de la population, ni en termes de qualité de service, ni en termes d’horaire, ni en termes de satisfaction d’une demande de plus en plus grandissante…

Des virées en mer payantes pour les plages qui ne se sont pas loin, relativement parlant, à savoir les plages de Tipasa ou de Mostaganem, sont organisées par quelques transporteurs de bus au profit des jeunes et même des familles. Une véritable bouffée d’oxygène qui leur fera oublier pour quelques heures ou le temps d’un week-end le malaise ambiant qui règne dans leur ville !

Des autorités aux abonnés absents

Ce qui est digne d’être signalé ces derniers jours, c’est cette prise de conscience un peu tardive, mais encourageante, de quelques associations qui ont lancé une grande campagne de reboisement un peu partout dans le grand désert de leur ville ! Une campagne qui a été saluée par tous les habitants qui leur ont prêté main forte. Mais malheureusement en l’absence totale des autorités locales mis à part l’entreprise de nettoyage « Wancharis-net » qui les épaule pour mener à bien leur mission.   

Les habitants attendaient davantage du budget complémentaire alloué à la wilaya pour voir les choses bouger mais ils ont vite désenchantés ne sentant aucun changement mis à part le remplacement du carrelage des trottoirs par du béton imprimé qui ne fait pas l’unanimité auprès des citoyens ; ces derniers ne voit pas l’utilité du projet par rapport à d’autres priorités et surtout le démarrage de la construction du nouvel hôpital, l’approvisionnement suffisant en eau potable, les logements sociaux, la réactivation des zones d’activités qui hibernent depuis belle lurette et qui sont censées créer de la richesse et absorber le taux de chômage effrayant ou, encore, la création de jardins publics au sens propre du terme pour permettre à la population de décompresser un tant soit peu, surtout pour les habitants qui n’ont pas les moyens de se rendre ailleurs !

Et en l’absence totale d’animation et d’activités culturelles, eh oui, l’été chez nous, à Tissemsilt, c’est le désert absolu sur tous les plans. La joie de vivre a quitté notre ville et ce n’est pas pour demain qu’elle rebroussera chemin !

R. S.

5 thoughts on “Tissemsilt, l’été de tous les soucis”
  1. C’est pas grave ça toujours était uncomme ça faut pas s’inquiéter où s’ennuie inchallah vous aurez une toute autre tissemsilt elle est entre de bonnes mains ✋ ✋🙌🙌✋ à l’été prochain

  2. Très bien écrit car ça vient d’un Vialarois.
    Moi qui est née à Tissemsilt , je suis passée du primaire vers le secondaire pour opter par la suite vers un métier noble pour aider les habitants de cette ville , un retour parsemé d’obstacles qui te poussent à quitter Vialar vers d’autres cieux mais le cœur y est resté
    Et déçue des quelques jours où je reste à Vialar devant la pénurie d’eau , la rareté d’endroits pour les montrer à des enfants nostalgiques d’une Algérie plus racontée que vécue .
    A la fin une petite remarque : toute personne qui a quitté Vialar, a réussi ailleurs a croire que nul n’est prophète dans son pays.

  3. Malheureusement, ce n’est pas le cas de Tissemsilt uniquement, mais cette désolation au sens le plus grand est de toute l’Algerie qui vis une vraie sécheresse en gestionnaires de la chose politique.
    Toute notre classe politique est pourrie et ne répond pas aux normes ni aux critères de la responsabilité du haut du sommet à la base.

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