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La littérature de colportage en Europe : de la diffusion à la pérennisation

Nour-El-Houda Benderdouch*

Depuis le XVIᵉ siècle, la littérature de colportage s’est singularisée par son caractère protéiforme et sa mouvance significative. En circulant entre les maisons, les bistrots et les cabarets, les colporteurs étaient des vendeurs ambulants qui se sont consacrés à la diffusion des « belles-lettres » dans les milieux ruraux et urbains. Pestiféré et censuré par la Restauration et le Second Empire, cet acte de distribution a fait florès dans les scènes littéraires et politiques notamment avec « La Bibliothèque bleue » de Troyes apparue en France au XVIIᵉ siècle. Les livres diffusés par les libraires ambulants et les marchands merciers relèvent de genres très différents : les romans de chevalerie, les récits prosopographiques, les dictionnaires encyclopédiques et les livrets religieux étaient destinés à une clientèle composite formée plus particulièrement de paysans, de lettrés et de gens de robe. À ce propos, Robert Mandou avance dans son article Littérature de colportage et mentalités paysannes XVIIᵉ et XVIIIᵉ (1964) que : « Les colporteurs ont transporté, vendu, à travers la France entière pendant des siècles, libelles, livrets, pamphlets ou textes officiels de quelques pages. La fréquence des rééditions, des répétitions montre que l’étude de cette littérature peut être d’autant plus fructueuse ». Loin d’être considérés comme errants ou vagabonds, les colporteurs se sont affranchis de toutes les entraves pour donner, par le biais de leurs éventaires, un nouvel élan à cette forme de littérature longtemps considérée comme primitive et éphémère.

Comme le Volksbuch en Allemagne ou le Chapbook en Angleterre, cette forme particulière de paralittérature a trouvé un écho dans les villes comme dans les campagnes en France où des ouvrages politiques, littéraires et religieux ont été diffusés à un large public qui ne pouvait pas accéder à la bibliothèque. Vendues en format papier ou lues à haute voix par les diffuseurs, ces œuvres relevant de la littérature populaire notamment les romans d’aventures et les contes de fées, ont pu attiser la curiosité des lecteurs en leur permettant de puiser dans des sources riches et prolifiques.

Malgré les critiques minimisant la valeur de ces produits littéraires, la littérature de colportage ne cesse d’être un fonds de savoir inépuisable même après son extinction définitive lors de la Première Guerre mondiale.

N.E.H. B.

*Enseignante à l’université Hassiba Benbouali de Chlef, Algérie

2 thoughts on “La littérature de colportage en Europe : de la diffusion à la pérennisation”
  1. Le colportage est défini par plusieurs aspects;poétique, prose, ainsi les cafés littéraires animés par les mrs boudia,prof kouadri bouali(décé2013),Dr medjdoub,ont joué un rôle important ,grâce à eux la vie culturelle chéléfienne, ils ont trassé un impact puissant sur la langue de molière à chlef.

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