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Breira, l’été de toutes les souffrances

Chaque été, les choses se compliquent davantage à Breira. Le quotidien de la population de cette commune rurale et éloignée est de plus en plus difficile, et la situation s’aggrave durant la saison des grandes chaleurs. Dans sa majorité, la population attend avec impatience la fin de l’été pour oublier ses misères.

Plusieurs facteurs se sont combinés ces dernières années pour empoisonner la vie des familles de cette commune déshéritée. Parmi eux, les conditions naturelles dues aux changements climatiques, qui expliquent l’augmentation excessive des températures avec tous les désagréments qui vont. Ici, et quel que soit l’endroit où se trouve, on transpire de manière excessive sans fournir d’efforts en raison des pics de chaleur et du taux d’humidité très élevé. Beaucoup de gens sont pris de malaises respiratoires. Cette situation se serait aggravée, dit-on, par la construction du nouveau barrage Kef Eddir. Un ouvrage hydraulique imposant dont les habitants n’ont rien tiré comme bénéfice… sauf la forte humidité qu’il dégage. Pire, la population voit d’un mauvais œil ce barrage qui ne participe pas à réduire un tant soit peu le stress hydrique auquel elle est confrontée depuis des lustres.

Une pénurie d’eau chronique

A Breira, la pénurie d’eau est en tête de liste des revendications. En effet, les habitants de la commune vivent un véritable calvaire pour s’approvisionner en eau potable. Même ceux qui possèdent leurs propres véhicules ou peuvent louer les services des colporteurs d’eau n’arrivent pas à trouver où s’approvisionner, les sources étant asséchées et taries. Et quand ils arrivent à dénicher une source qui coule encore, les tarifs imposés par les colporteurs sont exorbitants ; ces derniers justifient les prix par la mauvaise qualité des chemins qui desservent les différents douars de la commune et, surtout, des conditions dans lesquelles ils exercent leur activité. Certains parmi eux nous ont appris qu’ils attendent parfois plus de quatre heures pour remplir leurs citernes, soit à cause de la file d’attente qui est très longue, soit parce qu’il leur faut patienter jusqu’au remplissage du puits ou de la source où ils s’approvisionnent. Forcément, la principale victime est le citoyen-consommateur.

Les familles des responsables d’abord

Les autorités locales restent de marbre et ne manifestent aucun intérêt pour cette question, pourtant vitale. Pour beaucoup de citoyens, c’est le laisser-aller total du côté des responsables locaux. Les mêmes comportements sont signalés, le népotisme et le favoritisme sont des pratiques fortement ancrées dans les mœurs des responsables et agents de la commune. L’eau est réservée aux amis et la famille ! Pour les autres, il leur est servi l’eau du barrage sans traitement préalable. Avec tous les risques que cela représente pour la santé publique.

La commune de Breira ne possède aucune source d’eau à même de faire face aux besoins qui s’accroissent d’année en année. Durant les années des vaches grasses, au lieu de réfléchir à trouver une solution à ce probleme épineux, les responsables de cette commune pensaient à « se faire une situation ». Tous les maires et les responsables qui se sont succédé sur la tête de cette commune depuis les années 2000 jusqu’à aujourd’hui sont accusés de s’être sucrés sur le dos du citoyen.

Il faut rappeler la décennie entre 2000 et 2010, l’Algérie a connu une aisance financière sans précédent.

A Breira, la mauvaise gestion et l’inconscience de la population ont condamné cette commune à rester dans la misère et dans le sous-développement chronique ; la commune manquant des infrastructures nécessaires à une vie décente.

Développement local ou enrichissement personnel ?

La plupart de gens à Breira jugent le responsable selon la manière dont il se comporte avec eux. « Quand le maire ou n’importe quel responsable sourit à un citoyen ou lui permet de s’assoir à côté de lui dans un café et lui paye un verre de thé, c’est déjà beaucoup », nous dit un citoyen. Il nous raconte qu’un ex-maire recevait les citoyens dans son bureau pour écouter leurs doléances et, à la fin de l’audience, remettait 1000 ou 2000 DA au malheureux plaignant qui s’en va ainsi tout heureux en priant dieu de préserver son bienfaiteur, oubliant ce pour quoi il est venu se plaindre. Ayant compris le manège, certains citoyens sans foi ni loi ont pris l’habitude de solliciter le maire pour soi-disant exposer un grave problème alors que leur but est de percevoir de l’argent de poche.

Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste en politique ou en matière de gestion des affaires publiques pour savoir que le rôle premier d’un responsable n’est pas de sourire ou gens, de leur payer un café ou de leur distribuer l’argent de poche. Mais à Breira, cela suffit pour certains pour étiqueter tel ou tel responsable de « Nass m’lah » (un bon gars).

La cherté de la vie est l’autre facteur qui rend l’été une saison indésirable. Ainsi, rares sont les familles qui peuvent se permettre des boissons rafraîchissantes, des glaces ou des fruits de saison. De même, se rendre à la mer qui se trouve à 20 km n’est également pas à la portée de tout le monde.

Autre problème : les femmes n’ont pas le droit d’aller à la mer, « horma » oblige. Rares sont celles qui ont de la chance d’avoir cette faveur. Même le climatiseur n’est pas à la portée de tout le monde.

Pour conclure, l’été à Breira est la saison de toutes les souffrances.

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