La citadelle d’El Kalaa est un bien culturel immobilier de type colonie romaine civile. Elle est située à Taougrite, aux limites de la wilaya de Chlef avec Relizane. C’est un bien domanial constitué des restes d’une ville antique dont l’état de conservation est médiocre. Voici ce qu’avait écrit à son sujet feu notre confrère Ahmed Cherifi.
La citadelle de Timici a été construite, comme tous les autres sites romains de Chlef, sur une crête, à pic au nord et au sud. Deux remparts à l’est, un seul à l’ouest. Sur les côtés nord et sud, des sentiers sont aménagés le long des flancs de la crête. Près de chaque sentier, des postes de vigie, taillés à même le roc, protègent la ville. Nous avons découvert de nombreuses citernes creusées dans la roche, une chapelle chrétienne avec des colonnes à environ 80 mètres de la porte du sud-ouest. À l’entrée de la ville, on aperçoit des stèles sculptées dans le roc, ornées de croissants, vestiges d’un caveau creusé dans le roc. Il y avait probablement un cimetière. Il y a des traces de tombes au nord-est et un autre cimetière à l’ouest (fosses et caveaux dans le roc). La partie Ouest du plateau d’El Kalaa est dépourvu de tout vestige de construction et est occupé par une vaste nécropole de 300 à 400 tombes, toutes creusées dans le roc, à environ 240 m à l’ouest du rempart occidental.
Il y avait une voie romaine qui la reliait à Arsenaria et à Vagal (Boukader) puis vers Castellum Tingitanum, d’après l’ouvrage « Géographie historique de Maurétanie Césarienne » de Philippe Leveau.
Site historique du IVème siècle classé en 1968
La crête d’El Kalaa peut se diviser en trois parties : Le centre, délimité à l’ouest par une muraille et à l’est par deux murailles parallèles ; la partie occidentale qui s’incline en pente très douce et se termine à l’ouest par un abrupt ; la partie orientale, vaste plate-forme qui s’incline en éventail vers la route de Taougrite à Renault. La citadelle d’El Kalaa est un site archéologique de la région de Chlef classé en 1968.
Le site historique de la citadelle occupe une superficie de 30 hectares, à 619 mètres d’altitude, sur une crête rocheuse située à l’ouest du village de Sidi Aïssa. Les vestiges de ce site appartiennent aux différentes phases de l’histoire de l’Algérie avec une prédominance de ruines romaines. D’après les techniques de construction du mur d’enceinte et les pièces monétaires trouvées sur place, elle date du IVème siècle.
Au pied des escarpements est et nord, ce sont de vastes ruines, voisines des sources. Tous les mamelons environnants sont également couverts de ruines. L’agglomération moderne la plus importante, voisine de cette position romaine, est la ville de Mazouna, au nord-est.
Elle était défendue à l’est et à l’ouest par des murs de deux mètres d’épaisseur. À l’extrémité nord du mur d’enceinte occidental, se détache un mur dont il ne reste que les fondations et qui reliait les défenses fixes à un escarpement rocheux, protégeant un assez vaste espace qui renferme une nécropole. De nombreux tombeaux creusés dans le roc, ayant de 0,90 à 1 mètre de profondeur, 1 mètre de largeur, 2 mètres de longueur, ainsi que d’autres de dimensions moindres, sont fort bien conservés. Tous ont été fouillés et vidés. Au centre de l’oppidum, de vastes citernes creusées dans le roc, des traces de voies, de nombreuses pierres taillées, des fondations de murs, attestent l’importance de l’ancienne ville. Sur chaque paroi rocheuse, au nord et au sud, sont taillés des escaliers aboutissant à de larges meurtrières, donnant vue sur les environs et servant de postes d’observation et de défense. Une deuxième enceinte protégeait également le mur de défense oriental.
À partir de Kalaa, la voie traversait la partie occidentale de la plaine de Tanguil, où elle rencontre plusieurs groupes de ruines, franchit le col qui sépare le Djebel-Archen du Koudiat-Bou-Khara, rencontre les ruines d’un poste, près d’Ain-Timoula, et, à un kilomètre au-delà, d’autres ruines, puis, suivant les crêtes, elle atteint le plateau sur lequel se trouvent les ruines d’Arsenaria. La citadelle a été occupée par différentes civilisations du II siècle avant JC jusqu’au 13ème siècle de notre ère.
Une cité datant du deuxième siècle avant JC
D’après l’étude chronologique de céramiques ramassées sur le site d’El Kalaa, et qui appartiennent à différentes productions dites universelles, la citadelle a été occupée par différentes civilisations du II siècle avant JC jusqu’au 13ème siècle de notre ère. Les symboles trouvés sur les stèles peuvent être une preuve que la ville a été civilisée en Ier siècle avant JC. Les tessons de poterie y sont extrêmement nombreux (poterie commune à pâte blanche ou rouge), ainsi que les scories. Les seuls vestiges assez nets pour être relevés sont, outre un bâtiment à colonnes, une trentaine au moins de bassins et de citernes creusés dans le roc, dont le nombre et l’importance ont frappé tous les observateurs, et qui donnent un aspect particulier à ce site où elles sont peut-être plus abondantes que partout ailleurs. Un des bassins les mieux conservé est juste au bord de l’abrupt sud ; c’est un rectangle entièrement creusé dans le roc, terminé par un hémicycle de largeur 1,35 m ; d’une longueur de 4,55 m. Tout autour des trois côtés du rectangle court une feuillure de 20 cm de large, creusée dans le roc. Ces feuillures se retrouvent fréquemment en bordure des bassins et doivent certainement avoir été aménagées pour recevoir des dalles ou des planches recouvrant ceux-ci. À l’angle nord-ouest, une rainure de 50 cm de large, creusée dans le roc et qui aboutit légèrement en dehors de la feuillure. Ce bassin doit être assez profond. Il est rempli de terre jusqu’à 80 cm du bord et cette terre a été sondée à plus d’un mètre de profondeur sans rencontrer le fond. Ce bassin est-il en relation avec une huilerie ? Tout près en effet se trouve un de ces gros blocs parallélépipédiques dont les deux faces latérales sont creusées d’une très large cavité en queue d’aronde et qui servaient à soutenir les montants d’une presse à huile ; ces blocs ne sont pas rares à Kalaa. Un autre bassin creusé dans le roc, assez semblable au précédent, mais rectangulaire, mesure 4,60 m sur 1,70 m ; il est encadré, mais sur les clés longues seulement, d’une feuillure d’une trentaine de centimètres de large. Un autre encore, à peu près des mêmes dimensions (4,30m sur 2,20m) a la partie inférieure creusée dans le roc et la partie supérieure construite en murs de petit appareil de 0,60 m de large.
Beaucoup plus nombreuses que les bassins, sont les citernes, ou entièrement creusées dans le roc, ou creusées dans le roc et recouvertes d’une voûte maçonnée. Beaucoup sont effondrées, obstruées et ne sont plus discernables que par les excavations qui parsèment le plateau. Les unes sont de simples rectangles entièrement creusés dans le roc, à voûte en berceau très aplati, non loin d’une autre plus petite à voûte recouverte de dalles épaisses ; une autre, assez vaste, est formée de deux rectangles parallèles reliés par une sorte d’atrium carré à ciel ouvert. Une autre à 7 ou 8 mètres au nord du poste de guet sud. Certaines, comme la précédente, communiquent avec un puits d’accès qui s’ouvre au ras du sol. Le roc dans lequel sont creusées ces citernes est tantôt laissé tel quel, tantôt recouvert d’un enduit en mortier. Leur hauteur ne peut être calculée car elles sont toutes encombrées de terre et d’éboulis.
Il faut noter que Timici et sa zone de protection viennent de bénéficier d’un plan de protection et de mise en valeur (PPMVSA) qui est actuellement piloté par le bureau d’études techniques d’architecture et d’urbanisme « AUTEN » qui en est à la première phase du projet et à la détermination des mesures d’urgence à prendre en faveur du site.
Ahmed Cherifi