Par Hamid Dahmani
Dans cette existence, il y a des personnes faciles et des personnes difficiles. On trouve aussi des personnes éveillées et des personnes molles pour équilibrer le vivre-ensemble. « Kayen » aussi et même beaucoup de personnes soumises et, à l’inverse, des personnes rebelles qui n’acceptent pas de se faire marcher sur les pieds. La sensibilité des gens n’est pas identique dans cette vie dure et insensible. Dans cet univers, Il y a en effet des gens qu’on malmène à longueur de journée, qui sont bousculés, insultés et humiliés publiquement et qui ne réagissent même pas pour chasser les mouches qui les importunent. Ces gens-là sont surnommés dans l’argot populaire algérien de «fercha» parce qu’ils ne réagissent pas quand ils sont «blessés» dans leur amour propre. En parallèle, il y a des gens dits «wa’arine» parce qu’ils sont incommodants et ont la riposte rapide, et ils ne sont pas faciles à courtiser, et ils rendent coup pour coup à leurs adversaires.
On dit que quelqu’un est «wa’ere» parce qu’il est difficile à manipuler ou à influencer. Entre le «wa’ere et le ç’iib», le difficile et le dangereux, il y a le tempérament de l’esprit du refus. Les gens malintentionnés ont toujours des préjugés et taxent de braves hommes de «wa’arine» gratuitement. Être «wa’ere», c’est ne pas être facile à «travailler» pour des besoins bien calculés. Les gens «wa’arine» sont généralement des durs à cuire qui n’aiment pas qu’on les prenne pour des demeurés ; ils ne sont pas faciles à embobiner, et en eux, dans leur cabosse, il n’y a pas de place pour «Iblis», le démon, pour faire la sieste.
Ont dit que ce n’est pas évident et au grand jamais qu’une lime puisse dégrossir une autre lime, «omro mabrad ma ihouk mabrad», ça se dit lorsque deux personnes «wa’arine» veulent faire des affaires ensemble et que tous les deux ont des arrière-pensées. Une personne difficile ne se laisse jamais faire et il n’y a rien à gratter avec elle quand on veut la rouler. Les gens, quand ils parlent en aparté de quelqu’un, préviennent toujours leurs vis-à-vis en lui recommandant de bien faire attention avec ces personnages : «H’rez rohok menou, hadhek wa’er !».
En général, une personne difficile est une personne qui se défend et qui défend ses principes. «Wahed wa’er», on ne le guide pas par le bout du nez pour le mener comme on mène un troupeau de moutons dans un pâturage.
Dans cette époque lente et monotone, les gens mous veulent dominer les êtres durs et intègres qui refusent les combines. Et les gens difficiles ne veulent pas se plier aux désirs des roublards d’un autre temps.
H. D.