Par Mohammed Guétarni*
C’est ce 8 juin que sera convoqué officiellement le corps électoral pour la présidentielle anticipée du 7 septembre prochain. Dans un peu plus de trois mois, les urnes décideront du futur président de la république. Si, pour beaucoup, il ne fait aucun doute qu’Abdelmadjid Tebboune aura les faveurs de la majorité des électeurs, d’autant qu’il peut déjà s’appuyer sur une coalition de partis politiques, et sur un capital sympathie avéré auprès de l’opinion publique, d’autres s’interrogent sur ce qui pourrait advenir si, d’aventure, le président décide de ne pas se porter candidat. Le professeur Mohammed Guétarni, enseignant à l’université de Chlef, nous livre son analyse.
Si l’actuel Président souhaite se succéder à lui-même, comme l’ont fait nombre de ses prédécesseurs, il n’appartient qu’à lui de le faire savoir publiquement et, donc, d’annoncer officiellement lui-même sa candidature pour briguer un second mandat. La Constitution l’y autorise. Pour ce faire, il doit instruire son peuple sur les tenants et les aboutissants de ces anticipations électorales de manière convaincante car il s’agit d’une décision hautement politique. Faute de débats, elle animera des spéculations oiseuses, voire tendancieuses qui n’engraissent ni n’apaisent la curiosité du citoyen parce qu’ils (débats) n’iront pas au bout de l’essentiel. Si le Président n’annonce pas lui-même sa propre candidature, la nouvelle ne dépassera pas le stade de simples spéculations sans fondement parce que la source est douteuse, sinon incertaine. Peut-être que le Président (et/ou son équipe) n’ont pas jugé, encore, opportun pour officialiser l’information. Y-a-t-il une raison ? Si oui, laquelle à même de couper court à toutes les rumeurs et, donc, d’informer les électeurs car il s’agit de ‘’LEUR’’ Président, à moins qu’il ne s’agisse d’un fake news.
La dictature n’est pas payante
Dans les pays dictatoriaux, l’absence de démocratie grippe le bon fonctionnement du système sociopolitique. Elle risque, par la même, d’empêcher l’instauration de la confiance gouvernants/gouvernés pour imposer la pensée unique comme seule référence à l’instar de la Russie, la Corée du Nord, la Chine, la Biélorussie…. Par contre en démocratie, la vie politique est plus tolérante. Elle s’organise de manière à permettre l’expression de toutes les opinions. C’est ce qu’on appelle le pluralisme politique. Ce dernier s’exprime par la tenue d’élections libres et transparentes au cours desquelles les électeurs élisent leurs représentants au moyen d’un suffrage universel à bulletins secrets. Dans ce cas, la force revient à la Loi et à la Loi seule et non plus à la fonction ou le statut du candidat puisque la Loi est au-dessus de TOUT et de TOUS.
Les dirigeants arabes sont-ils conscients du crime qu’ils sont de perpétrer à l’encontre de leurs peuples et les destructions massives de leurs pays à l’instar du Soudan, la Syrie, la Libye… ? La Nation arabe est tellement faible, aujourd’hui, qu’elle est incapable d’affronter l’avenir. C’est l’ignominie caractérisée parce que sans la démocratie tous les pays arabo-musulmans se meurent sans s’en rendre compte de leur agonie parce que le processus dictatorial est inhumain.
Le juge n’obéit qu’à sa conscience
La Justice ne doit être, en aucun cas, inféodée au pouvoir politique. En démocratie, elle ne peut ni ne doit aucunement s’accommoder avec la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme à même d’éviter toute forme de dérapage telle que la corruption, le détournement des deniers publics dans des comptes personnels et privés. Un autre point qui ne manque point d’intérêt, de par sa gravité majestueuse, est celle de « l’indépendance des juges » à l’égard du pouvoir. Les juges sont les garants des libertés et de l’égalité de tous les citoyens devant la Loi. Si un responsable veut ralentir ou étouffer un procès, la démocratie est, alors, en danger de mort.
Sagesse et philosophie politiques
Véracité et Sincérité, en politique, sont les deux jambes sur lesquelles s’appuie une nation dans le temps et dans l’espace. Elles sont, aussi, un droit inaliénable pour les peuples, à même d’être informés en temps réel sur la méthode de gestion de leurs pays. Il est, aussi, un devoir, pour les dirigeants, d’informer leurs compatriotes des résultats réels des urnes et la résultante de leur politique. Cela se passe dans les contrées gouvernées par des dirigeants de la trempe morale et intellectuelle de Minos (roi légendaire de Crète), du Mahatma Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela et consorts avec une sagesse et philosophie de Confucius. Si la presse et l’opposition ont des lignes rouges à ne pas franchir pour quelles raisons et quelles sont les limites? Dans un pays révolutionnaire comme le nôtre (Algérie), les ordres doivent émaner de la Nation et non d’un seul homme pour que le pays aille, sans faille, dans le sens souhaité par la société.
Il n’est pas interdit au Chef de l’État de se tromper car l’erreur est humaine. De même que… « Nul n’est infaillible. » Cependant, Opposition et Presse ne sont jamais ennemies à leur pays mais ne doivent pas, non plus, servir d’instruments de propagande au système. Elles sont les porte-paroles des gouvernés aux gouvernants. Ce qui explique leur présence sur le terrain pour le lui notifier et rectifier le tir et, donc, éviter au peuple de payer lourdement les factures salées des erreurs politiques comme par le passé. De son temps (vers 427 avant J.C.), Platon disait : « Tout ce que font les rois comme erreurs, les Grecs le payent. » D’où, la démocratie reste un système politiquement « incontournable » dans notre pays. De même, le peuple doit avoir pleinement un droit de regard sur la politique et, aussi, sur les dépenses des finances publiques à même de faire de l’Algérie un pays transparent, un havre de paix, un asile de bonheur et… une terre de bien-être où il fait bon vivre en parfaite symbiose entre gouvernants et gouvernés. Aujourd’hui, les jeunes tentent, par désespoir de cause, de traverser « la Mort Méditerranée » au péril de leurs vies. Combien de jeunes algériens ont-ils perdu la vie à 20 ans (âge d’or de la jeunesse) en voulant atteindre leur eldorado à la recherche d’une aire de paix et de bonheur.
A défaut de faire le deuil de la « chair de leurs chairs » parce que morts au large de la mer, les mères des victimes se sont contentées d’une simple prière de l’Absent. N’y a-t-il aucune perspective d’avenir en Algérie ? Faut-il insulter l’avenir en Algérie ? Va-t-on vers une démoralisation sociale totale et généralisée ? Que non, l’espoir reste permis pour peu qu’il y ait une volonté politique sincère. Cependant, l’effritement du nationalisme risquerait de conduire le pays vers l’effondrement, sinon à l’affrontement et donc à sa perte. Ce qu’il faut, à tout prix, éviter car aucun Algérien ne le souhaiterait. Il faut retenir qu’en politique, « transparence = confiance. » Ceci devrait être le slogan de la prochaine équipe dirigeante. Le bourrage des urnes, devrait être éradiqué à jamais. Seules des élections libres, claires, honnêtes et transparentes seront, à même, d’investir les élus du peuple dans leurs nouvelles fonctions d’honorabilité sur la base du mérite, de la morale et de la confiance de la part de leurs électeurs. Plus jamais de cousinage, plus jamais de copinage, plus jamais d‘accointances mais seulement et seulement « les compétences. » L’Algérie sortira, alors, définitivement de son tunnel en conquérante sur le sous-développement. Les générations changent, la société change, le système doit changer, impérativement, en fonction des aspirations de la jeunesse. Celle-ci est le gage de l’avenir, le moteur du pays qu’il ne faut, en aucun cas, la négliger ni la pousser à la résistance. Une politique bien menée apprend des erreurs de son passé.
Quel rôle pour l’Administration ?
L’administration désigne un ensemble d’organismes organisés, de façon hiérarchique, de l’État (ministères) des territoires (Wilayas, Daïras, Communes), ainsi que les établissements publics (écoles, universités, hôpitaux…). L’Administration reste au service de l’intérêt public général, soit de toute la société toutes classes confondues. Elle dépend du niveau d’instruction et de la moralité de son (ses) chef(s) : du Président de l’APC au Président de la République ; du Chef de Daïra au Chef du Gouvernement. Son but est d’assurer l’application des lois et des règlements, maintenir l’ordre et la sécurité des citoyens, garantir la bonne marche des services publics et ce, conformément aux instructions données par le pouvoir exécutif. Mettre à la tête de l’APC, de la Daïra, de la Wilaya du pays des individus sans science ni conscience, c‘est-à-dire des ineptes, conduit droit au chaos.
L’administration algérienne assure des missions d’intérêt général. Pour ce faire, elle dispose de moyens humains et matériels: des fonctionnaires qui constituent la fonction publique. Ses missions sont de satisfaire les besoins collectifs, d’assurer l’application des lois et des règlements, maintenir l’ordre et garantir la sécurité des citoyens, de veiller sur la bonne marche des services publics et ce, conformément aux instructions données par le pouvoir exécutif en combattant toutes les voies menant vers la corruption, l’iniquité, le non-droit de quelle nature que ce soit. Ces missions, assurées par l’administration, doivent concourir vers le bien-être général, bien que cette notion varie selon le mode de gestion du pays et les forces politiques au pouvoir.
M. G.
*Docteur ès Lettres
One thought on “Élection présidentielle anticipée : que nous réservera le 7 septembre 2024 ?”
Vous avez dresser un constat réel bravo