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Tourisme national : Les trésors méconnus de la steppe et de l’Atlas saharien

Les Algériens n’ont d’yeux que pour le littoral où, de surcroit, sont consentis des investissements considérables pour l’émergence d’une assise touristique balnéaire capable de répondre à une demande qui s’exprime de manière exponentielle durant les 3 mois d’été. Mais il existe, en dehors des rives de la Méditerranée et du grand sud, des paysages à couper le souffle : la steppe et toutes les régions montagneuses de l’Atlas saharien, qui renferment un patrimoine matériel et immatériel inimaginable.

Djelfa, abrite-t-elle suffisamment de curiosités touristiques pour attirer l’attention? Eh bien, on serait tenté de répondre : il n’y a que ça ! Et ce, depuis des temps immémoriaux! Il se trouve simplement que ces potentialités sont sous appréciées et souffrent d’une absence criante de politiques de valorisation et d’innovation pour être hissées au rang de créneau touristique régional d’avant-garde, à même de supplanter l’activité de base qu’est le pastoralisme. En effet, grâce à des legs du passé, cette région bénéficie de fabuleux vestiges émaillés d’écritures libyco-berbères où cohabitent des dolmens sur tumulus, des monuments funéraires et des stations de gravures rupestres datées d’époques lointaines et variées. On y répertorie quelque 360 sites historiques remontant à la protohistoire, 208 stations rupestres totalisant près de 1160 gravures et 80 peintures localisées à Messaâd, Feïdh el Botma et Aïn el Bel et sur lesquelles sont gravés en association, l’éléphant, le buffle antique, le rhinocéros et le bélier ; en sus de dessins sous forme de silhouettes ressemblant à des humains comme celui du  » couple des amoureux timides « . Tous près, on dénombre de magnifiques ruines de villages berbères à Zaccar, et d’autres, romaines et aussi magnifiques à Ammoura, Zénina et Aïn Naga. Quant au fort qui fut érigé à Messaad, le Castellum de Demmedi, du nom de son fondateur, un général romain, il a hélas complètement disparu, n’ayant pu braver le temps faute de restauration due au manque d’intérêt scientifique et touristique. Djelfa jouit aussi d’autres faveurs de la nature comme son relief qui se caractérise par des dépressions endoréiques discontinues naissant depuis les basses plaines de Aïn Ouessara à 650m d’altitude et culminant à 1272m au sommet du col des caravanes situé entre Djelfa et Laghouat. Le paysage que ces dépressions offrent est tout simplement impressionnant. Un vrai délice printanier pour les yeux.

Site de gravures rupestres d’Aïn Naga

Côté thermalisme, il existe trois sources thermales : celle de Mesrane, très indiquée pour les personnes atteintes de maladies de la peau comme l’eczéma, celle de Guettara qui possède une eau recélant de nombreuses propriétés curatives, et enfin, celle de Hammam Charef dont on loue les vertus de son eau aux propriétés antirhumatismales. La localité qui abrite cette dernière source, à savoir Charef, elle, non plus, ne manque pas moins de coins absolument féeriques, des chutes à Kalane, un fantastique barrage foisonnant de gros poissons, une vaste plaine à Touazi et une forêt splendidement clairsemée à G’taya qui regorge de phacochères et de canidés. Le cordon dunaire fait aussi sensation au nord de ce pays et, rien qu’à le contempler, même de loin, il force instinctivement une première impression qui rappelle le paysage du littoral connu pour l’étendue de ces dunes transversales. La deuxième impression qu’on a au regard de cette merveille est ce contraste du panorama au coucher du soleil : un vert naturel et du sable pur. L’autre et néanmoins rareté naturelle dans la région de Djelfa, demeure certainement le rocher de sel, insolite par son relief en diapir de sel gemme aux formes et couleurs multiples nées de la circonvolution des rayons du soleil. C’est sans doute l’attraction géologique la plus féérique de la région. Preuve qu’Eugène Fromentin, peintre et écrivain hors pair du 19ième siècle, disait en 1857 de cette merveille dans son livre Un été dans le Sahara : « C’est un amas de roches étranges…, ce n’est pas beau, c’est formidable ».

Djelfa, réputé également pour ses zones boisées, jouit d’un patrimoine forestier incomparable dans les Hauts- Plateaux. Par exemple, le massif du Sénalba qui veut dire en dialectal l’échine de la lionne, principal chaînon des monts des Ouled Naïls, oscille de 300 m à 1500 m. Grâce à son microclimat et son ombrage, ce mont ou loge une forêt parsemée de pins d’Alep, fait également office de lieu de détente familial, de loisirs et de pratique de sport. Sa flore se distingue surtout par une végétation envahissante d’où se dégagent d’innombrables essences odorantes de chênes verts et de genévriers, de chèvrefeuilles et autres jasmins et genêts.

Danse des femmes de Djelfa

Enfin, le parc animalier situé à 17km du chef-lieu de wilaya sur la route d’Alger est un bestiaire ludique renfermant de mirifiques espèces sauvages à poils et à plumes tels le faon bleu, le pigeon ramier, la caille des blés et le mouflon à manchettes, la gazelle dorcas, le cerf daim, la chèvre naine etc. Quant à l’artisanat, il est réduit à sa plus simple expression à savoir qu’il constitue une micro activité relativement confinée dans la structure familiale. Le tissage du burnous à poils de chameau, du haïk, du djerbi, de la djellaba et, bien sûr, l’incontournable tente rouge et noire nailie, reste une activité essentiellement féminine. Ce qui devrait militer en faveur de l’écotourisme et stimuler le drainage d’investissements. D’autant qu’un grand nombre de jeunes femmes émargent à la liste des sans-emploi ! Par contre, la bijouterie traditionnelle et la dinanderie ont carrément disparu de la nomenclature de l’activité artisanale. Les produits de la vannerie et de la poterie satisfont seulement aux besoins des ménages. Il ne reste donc que la broderie qui tend à prendre timidement de l’ampleur.

Abdelkader Zighem

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