Par Hamid Dahmani
Il y a un proverbe du bled qui dit de quelqu’un qui est malchanceux et qui cumule les échecs : « Celui-là, même si on l’envoyait à la mer, il la trouvera asséchée ». En arabe darija : « Hadhak irouh lelb’har isibou nachef ».
Quand les malchanceux sont résignés et abattus, ils renoncent à leurs objectifs et abandonnent faute de pouvoir faire face au destin et à la déception. La chance et la malchance sont deux événements opposés dans la vie. Avoir de la chance, « z‘har », est une aubaine bienheureuse. Etre malchanceux, ou avoir de la poisse, « mek’houss », est une infortune qui afflige l’individu.
Dans un autre proverbe « chanceux », on dit : «El k’raa el merzouk, djih el naala men fez ». En arabe : « La chance fait que le pied fortuné voit sa babouche venir de fez ». Dans la vie, il y a des personnes au destin toujours éteint et, à l’opposé, il en est d’autres dont le destin est toujours serein.
Dans cette existence peu reluisante, la chance ne sourit pas à tout le monde. On reconnait le chanceux à sa baraka et dans les lignes de sa main. Et le malchanceux à sa fatalité répétitive et à la poisse qu’il lui colle : « Wahed dhawiya aalih koul youm, we lakhor tafia aalih daymen ».
Mais attention, la chance tourne vite, dit-on, et la bonne étoile s’éteindra un jour avec le hasard. Dans cette vie injuste, il y a des gens qui cumulent des tuiles tout le long de leur vie, et d’autres veinards qui se la coulent douce comme des parvenus. La même chance pour tout le monde, « macache » en ce bas-monde.
La vie est magnifique, aussi il faut la prendre avec ses bons et ses mauvais côtés. Quand la chance nous habite à tout instant, on est aux anges et on la tente à chaque occasion qui se présente. Et quand on est accablé par le manque de pot qui nous hante à tout moment, on est anéanti par notre sort maléfique.
Les gens sages évoquent un proverbe qui dit que « celui qui t’a battu par la chance, affronte-le par la fortune » (Li ghalbek bez’har … eghalbou bel mel). Les envies nous font tenter la chance, et l’on fait les yeux doux à dame chance pour qu’elle nous rende heureux et prospère.
Les perdants sont toujours les mêmes et ils se sont accoutumés à cette malchance qu’ils revendiquent durant toute leur vie. A l’inverse, Il y a des personnes porte-bonheur qui attirent la chance comme des aimants.
Le savoir est une grande chance pour celui qui le possède. Les pays qui cultivent une bonne image de la « chance » et qui la facilitent à leurs citoyens sans exclusion sont toujours gagnants. Par contre, l’ignorance est une grande catastrophe pour la société qui ne plaide pas pour une chance pour tous…
H. D