On a fêté ce mercredi l’orange à Chlef. Autorités locales, avec à leur tête le wali de Chlef, agriculteurs, représentants de la chambre d’agriculture et de la direction des services agricoles, banquiers et assureurs, ont assisté à l’exposition de produits agricoles du terroir qui s’est déroulée au sein de l’institut national de formation professionnelle « Moudjahid Chihane Mohamed », à Hay El Moussalah.
Les producteurs agricoles, au nombre de 21, ont exposé à l’occasion leurs différentes productions. Les producteurs d’agrumes ont ainsi montré les variétés d’oranges, pomelos, citrons, mandarines et clémentines qu’ils produisent sur des superficies d’inégale valeur, à travers la wilaya de Chlef. Selon les chiffres communiqués au wali, il y aurait quelque 1025 fellahs qui produisent des agrumes dont la qualité a dépassé les frontières de la wilaya. La wilaya de Chlef se classe deuxième en matière de production de ce fruit et certains agriculteurs arrivent à produire jusqu’à 1,5 quintal par arbre. L’orange est cultivée sur une superficie de 6 800 ha, la production annuelle moyenne est 1 300 000 quintaux. Une performance due à la maîtrise des techniques culturales mais aussi grâce au rajeunissement du verger, l’utilisation de techniques d’irrigation moins voraces en eau à l’introduction de nouvelles variétés. Malgré une pluviométrie défaillante et irrégulière, la productivité a été des plus importantes cette saison, ce que les consommateurs ont d’ailleurs remarqué sur les marchés où les prix ont nettement baissé par rapport à l’année dernière. « Cette année sera meilleure si la pluviométrie ne nous trahit pas », a indiqué un agriculteur en relevant cependant que la zone agrumicole entourant la cimenterie d’Oued Sly subit les effets néfastes de la pollution générée par cette dernière. « On peut dire que cette pollution sévit sur un rayon de 5 kilomètres à la ronde », a-t-il précisé en souhaitant que les gestionnaires de cette importante usine de dimension nationale trouvent des solutions « durables et profitables à tous ».
Un secteur convoité
Il y a de signaler que de nombreux investisseurs ont commencé à s’intéresser à l’activité agricole dans cette wilaya qui cherche encore sa vocation ou, plutôt, qui l’a perdue en raison des choix de développement décidés dans les années 1980. En particulier la concentration excessive des activités primaires, secondaires et tertiaires dans et autour du chef-lieu de wilaya. On voit de visu le précieux apport de ces investisseurs à la redynamisation de l’agriculture. Des industriels très connus de Chlef ont mis en valeur d’importantes superficies de terres agricoles, les uns produisant l’orange, les autres différentes variétés de fruits et légumes. Il en est aussi qui ont créé des abattoirs, des fermes d’élevage de poulet de chair et de ponte, d’engraissement des taurillons, voire de production de lait de vache. Signalons également que la seule et unique conserverie, « La Telloise » en l’occurrence, a été complètement modernisée pour tripler ses capacités de traitement de différents fruits, surtout la tomate industrielle qui est cultivée par plus de 1000 fellahs, leur offrant ainsi un débouché sûr pour leur production.
Une vocation méritée
Aujourd’hui, il existe quelque 34 000 fellahs enregistrés à travers la wilaya dont 3295 producteurs de céréales, 237 producteurs de fruits, 267 producteurs d’olives ; 702 maraîchers et plus de 2500 éleveurs.
Ces données ne sont que provisoires, a-t-on signalé au wali car le travail de numérisation engagé par les services agricoles et la chambre d’agriculture n’a pas encore achevé. Il faut attendre 3 à 4 mois pour que le système fonctionne de manière optimale. Non seulement, les chiffres seront au plus près des réalités. De même, a-t-on précisé, les données récoltées par les agents de suivi en ce qui concerne les maladies et autres affections des cultures et des cheptels seront plus fiables. Cela donnera aux services concernés la possibilité d’agir de manière ciblée contre les foyers d’épidémie.
Pour ce qui est de la céréaliculture, Chlef recouvre d’importantes superficies qui leur sont consacrées. Si dans certaines zones la production dépasse les 40 quintaux à l’hectare, dans d’autres elle atteint pargois moins de 15 en raison de la nature des terrains et des techniques culturales adoptées. En dépit du bon sens, on continue par ailleurs à semer du blé et de l’orge sur des terres ingrates, très pauvres et situées au piémont des montagnes qui a pour conséquence l’appauvrissement des sols et l’accentuation du phénomène d’érosion. L’idée préconisée par les ingénieurs agronomes est de remplacer progressivement les céréales par des plantations d’oliviers, de figuiers et de grenadiers qui sont d’un meilleur apport et qui aident également à la reconstitution des sols.
Bannir la jachère
Abordant la question des céréales, le wali a indiqué que l’année qui commence s’annonce sous de bons auspices eu égard aux précipitations soutenues que nous avons connues ces derniers mois. « Il faut qu’il y ait une production céréalière à la hauteur des attentes de tout le monde ; cette production est liée au bon usage des techniques et des technologies modernes mais aussi et surtout à éviter de laisser des terres en jachère, une pratique qui a des effets négatifs à la fois sur les agriculteurs qui voient leurs revenus diminuer et sur l’économie nationale qui s’en trouve affectée par le manque de produits agricoles sur le marché.
Toujours en ce qui concerne la production de céréales, le wali a rappelé que l’État a débloqué des sommes considérables pour accroitre les capacités de stockage des céréales afin d’engranger la production dans les délais voulus et assurer par là-même la sécurité alimentaire du pays.
En ce qui concerne l’attribution des terres en concession, en collaboration avec la DSA et l’ONTA, il y a le choix des terres devant abriter des périmètres agricoles. 1500 ha sont concernés, qui vont être attribuées dans un cadre légal et réglementaire à travers le traitement des dossiers des prétendants via plateforme numérique conçue à cet effet.
Menouer Aït Saada/A. L.