Par Hamid Dahmani
L’autre jour, un vendeur de vieilleries m’a fourgué une vraie-fausse montre qui avait pourtant l’allure d’un objet de collection. Une montre mécanique avec un joli bracelet, qui n’était pas en réalité aussi authentique comme je le pensais et comme le jurait le marchand. Une montre de poignée, estampillée du nom d’une marque bien connue dans le monde de l’horlogerie. Mais, en réalité, après l’avoir examiné sommairement, j’ai eu un petit doute sur son authenticité, il m’a semblé évident que j’étais en présence d’un produit de contrefaçon assez bien imité. Sur le champ, avec le coup de cœur, je n’y ai vu que du feu. Une belle montre en apparence de bonne qualité qui faisait des tic-tacs comme toutes les montres qu’on trouve dans les souks de toutes les transactions floues.
Une montre de belle taille avec un beau cadran enjolivé avec des chiffres romains et avec plein de couronnes pour régler les mécaniques. Une copie habillement réalisée, mais qui sentait le toc et qui ne valait pas un clou rouillé. La transaction scellée et la montre dans la poche, j’étais impatient de retourner chez moi pour admirer et revisiter ma montre pour chasser les doutes, «echek», qui me rongeait l’esprit. En effet, ma joie ne dura qu’un laps cours de temps. Arrivé chez moi, ce que je redoutais fut confirmé après avoir ouvert le fond de la montre et l’avoir examiné.
«Ya m’zawek men bara, wech halek men dakhel !». (Toi l’enjolivé de l’extérieur, comment es-tu de l’intérieur ?).
Une solide montre accrochée à la poignée, c’est très utile dans la vie, pour ne pas gâcher son temps à se regarder le nombril. Les marchands de la terre ne sont pas tous honnêtes, et tous les pays du monde ne sont pas respectueux des droits de la propriété intellectuelle.
Par les temps qui courent, le faux s’est répandu et a inondé le pays comme une trainée de poudre. Le faux est omniprésent, il se remarque à l’œil nu, il s’étale ouvertement au vu et au su de tous.
Les faussaires de notre histoire sont aussi nos fossoyeurs, ce sont de grands menteurs qui n’ont pas peur de rendre des comptes. Les faussaires vendent du vent et sèment des produits douteux au sein d’une population dépitée. Le faux a pris le devant et rien ne va plus dans ce bled en manque d’autorité. Notre histoire est racontée faussement et ne tient pas la route de la réalité. Toi, le «m’zawek men bara… faux, tu es, faux tu le resteras pour toujours !».
Le peuple n’est pas dupe. Il a été perverti par de faux slogans. Le faux est un mal qui ronge la société et qui détruit sa probité. Le faux, il faut le combattre avec la faux. Il faut l’étêter pour s’en débarrasser à tout jamais.
Le monde du faux se porte bien dans le pays plein de corrompus. Les falsificateurs de l’histoire ont de beaux jours devant eux. On trouve une multitude de faussaires qui prospèrent sans le moindre souci avec qui de droit. «Kayen» (il existe) des gens trapus avec une fausse taille, mais qui ont de vrais appuis pour se dérober aux souricières qui leur sont tendues. Devant la loi, tout faussaire est fautif. Le faux est inné, il se trouve dans le sang, dans l’esprit et dans la créativité. La société entière est imbibée du faux qui nous entoure et qui alimente notre quotidien.
Le trafic de faux billets de banque fait fureur dans les faits divers. Le faux et usage de faux en documents n’a pas de limite. Les fake news ont pris le relais du téléphone arabe. Les faux-braves pullulent dans les rues et sur le web. Les fausses alertes nous abrutissent. Les fausses notes, alors là, il n’y a pas photo. Les chiffres sont archi-faux et pas transparents du tout chez les adeptes de la langue de bois. Quand aux faux dévots, je ne vous le dis pas, chaque jour qui passe, on reste sur notre faim. Les fausses vérités font le plein dans un pays en manque de vérité…
H. D.