L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse ouvertement le gouvernement d’ultra-droite israélien de Benyamin Netanyahu d’affamer les Palestiniens de Gaza. Ce qui constitue un crime de guerre selon la charte des Nations Unies. L’ONG affirme qu’il s’agit d’une stratégie délibérée de l’armée sioniste pour obtenir des résultats militaires dans sa guerre contre la résistance palestinienne, principalement les combattants du Hamas.
Pour Ahmed Benchemsi, porte-parole de HRW pour la Moyen-Orient, «Affamer une population, l’assiéger et l’affamer en tant que moyen d’obtenir des fins militaires, c’est un crime de guerre. Quel que soit le but servi et c’est absolument illégitime et inacceptable.»
Pour preuve, des responsables israéliens ont publiquement annoncé leur intention de priver les civils de Gaza de nourriture, d’eau et de carburant ; c’est ce qui reflète d’ailleurs sur le terrain, dans les opérations militaires israéliennes.
Pour rappel, le ministre de la Défense Yohav Galant a déclaré officiellement au début de l’agression sauvage de la population de Gaza : « Nous allons établir un siège complet sur Gaza. Il n’y aura — et il l’a énuméré sur ses doigts — plus d’électricité, plus de nourriture, plus d’eau, plus de fuel, plus rien. C’est terminé. » Tout le monde se rappelle de sa phrase aux relents racistes : « Nous avons affaire à des animaux humains. Nous devons nous comporter en tant que tel. »
Selon le Programme alimentaire mondial, la moitié de la population souffre de faim extrême ou sévère. Des responsables de l’Organisation mondiale de la santé qui ont visité les rares hôpitaux encore fonctionnels de la bande de Gaza, les patients décèdent non seulement faute de soins médicaux, mais aussi de faim et de soif. Sean Casey, coordinateur des équipes médicales d’urgence de l’OMS explique : «Toutes les personnes à qui je parle, où que j’aille à Gaza, ont faim […] Nous avons affaire à des personnes qui meurent de faim, des adultes, des enfants. C’est insupportable. Les gens demandent de la nourriture, même à l’hôpital. Dans un service d’urgence, quelqu’un qui a une plaie ouverte, qui saigne, demande de la nourriture.»
«Il est absolument illégal d’assoiffer et d’affamer une population pour obtenir un objectif militaire, quel qu’il soit», souligne le porte-parole de HRW. «Il est tout aussi illégal d’avoir des otages. Ça aussi, c’est un crime de guerre et nous demandons que le Hamas les relâche tous immédiatement et sans condition. Mais conditionner à cette libération la fourniture de nourriture, d’eau d’électricité à 2 millions de personnes, c’est avouer qu’on les punit collectivement. Ce ne sont pas les conditions de la guerre qui ont précipité la population vers la famine, c’est la volonté délibérée du gouvernement d’Israël de couper les vivres à cette population.»
La bande de Gaza n’est pas autosuffisante : elle a toujours eu besoin d’importations de nourriture. Depuis le 7 octobre, seulement 10% de la nourriture nécessaire entre dans le territoire.
Ahmed Benchemsi estime qu’Israël entrave l’entrée de l’aide humanitaire par le point de passage de Rafah, entre l’Égypte et la bande de Gaza : «Les camions qui entrent par Rafah doivent d’abord passer par un autre poste frontière israélien pour se faire contrôler. C’est assez compliqué comme procédé : ils passent par ce poste frontière, ils se font contrôler, ils ressortent et repartent en Égypte et rentrent par Rafah. Tout ça est sous le contrôle étroit des Israéliens. Sans leur coopération, rien ne passe. D’ailleurs, ils ont bombardé Rafah avant et ils peuvent le bombarder encore. Donc c’est effectivement tout à fait à leur merci.»
Israël a ouvert ces derniers jours un second point de passage, celui de Kerem Shalom, directement entre Israël et Gaza. Le nombre de camions entrants reste néanmoins très insuffisant. Des habitants se ruent parfois sur les camions d’aide pour tenter de s’emparer de nourriture et d’autres fournitures.
Par ailleurs, note HRW, les terres cultivables de la bande de Gaza sont rendues inutilisables par les opérations militaires. «Un responsable israélien a été filmé sur ces terres-là, en déclarant que c’était la politique de la terre brûlée, que les Palestiniens qui reviendraient ne trouveraient plus rien, qu’il n’y aurait plus rien pour eux. Ce ne sont pas juste des déclarations, puisqu’on a pu aussi le confirmer par l’examen de photos satellites avant-après. Elles montrent que, là où il y avait des terres agricoles, aujourd’hui, il n’y a plus que désolation», ajoute Ahmed Benchemsi, qui considèrent que « ces faits sont de la compétence de la Cour pénale internationale de La Haye. «Des crimes de guerre ont été commis de part et d’autre. Tuer des civils comme l’a fait le Hamas, et les enlever pour en faire des otages, çà aussi, c’est un crime de guerre. Et il y a ce crime de masse qui est la punition collective de 2 millions de personnes par la famine et par le blocage de l’aide humanitaire qui est commis sous nos yeux par Israël. Cela relève aussi du crime de guerre et de la juridiction de la Cour pénale internationale.»
L. C.