La nation (musulmane) ne lutte pas contre la misère uniquement par des prières.
Elle ne lutte pas contre l’ignorance via les prêches religieux. [Iqra’]
Elle ne lutte pas contre le sous-développement par des « fétouate. »
Elle ne lutte pas contre la corruption avec les discours de chaire.
Elle ne lutte pas contre l’éclatement de la Société par des courants idéologiques.
Elle ne lutte pas contre le chômage par les mariages et la procréation.
Une pareille Nation possède tous les critères de la Mort.
Pour honorer un mort, on doit l’enterrer.
Taha Hossine, 1889-1973
(Traduction de l’auteur)
La même Histoire se répète douloureusement dans différents pays encore sous domination coloniale. A titre d’illustration, on relève une parfaite analogie, tant dans l’ampleur de sa cruauté que dans la mesure inhumanité, entre les évènements du 08 mai 1945 surgis à l’Est algérien et ceux du 07 octobre 2023 qui se sont produits à Ghaza. En dépit des différences de temps et d’espace, le scénario historique barbare reste à… l’identique.
La guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 à Ghaza, est un épisode sanglant supplémentaire d’un siècle d’affrontements dans la région. Il a suscité un étonnement mondial dans le choix du jour, la stratégie, le temps, la précision et la synchronisation des actes de cette opération. Rien n’a été laissé au hasard. A cette date, un commando de combattants (et non de terroristes comme veut les affubler l’Occident) a fait incursion en Palestine occupée, tuant 1 200 Israéliens et prenant un groupe d’otages de 249 personnes composé de militaires et civils (hommes, femmes, enfants, vieillards) aussi bien Israéliens que binationaux.
Le lendemain, la machine de guerre israélienne s’est mise en branle pendant deux mois non-stop. Ghaza est pilonnée sans répit par air, mer, terre. Durant ces deux mois, Israël a fait usage de tout son arsenal militaire lourd (aviation, blindés, chars, armes chimiques prohibées parce qu’interdites par le Droit International…) contre une population livrée à elle-même et, de surcroît, désarmée. Un massacre qui rappelle celui de la Seconde Guerre Mondiale. Plus de mille bombes ont été larguées, de jour comme de nuit, sur Ghaza et Khan Youcef en guise de représailles collectives tuant le maximum de Palestiniens, plus de 18 000 victimes.
Notons que la bande de Gaza est un petit territoire de 41 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large. Soit une superficie totale de 365 km2 et où s’entassent près de 2,5 millions de Palestiniens. Ce qui en fait l’un des endroits les plus densément peuplés sur terre avec une densité moyenne de 5 749 habitants/km2. Cette guerre a fait, à ce jour et selon les médias présents sur place pour couvrir les évènements, 18 000 martyrs civils (et la liste reste ouverte), dont plus de la moitié sont des enfants sans que ni l’ONU ni les Occidentaux ni, moins encore, les dirigeants arabes n’aient rien fait pour les protéger et s’y opposer à même d’arrêter le carnage contre la population ghazaouie. Notre nation est-elle morte pour autant ? L’ONU est devenue une caisse de résonnance de l’Occident qui n’a plus aucune valeur existentielle. Elle a perdu tout crédit et, particulièrement, ses prérogatives de gendarme du monde d’antan en raison de son impuissance décisionnelle ou… par complicité.
Cette indifférence des États face aux souffrances des Palestiniens est une forme horrible et terrible de la cruauté. Une guerre asymétrique et disproportionnée qui a rasé complètement les infrastructures sociales (routes, habitations, écoles, hôpitaux …). Israël a dépassé les limites de son inhumanité pour atteindre le summum de l’horreur exprimée par sa folie meurtrière. Il a perdu toute retenue. Netanyahou n’est rien d’autre qu’un criminel de guerre et un assassin d’enfants soutenu par son acolyte et protecteur : les État Unis. C’est un néo-nazi du 21ème siècle qui veut entraîner le monde avec lui dans l’abîme. Israël n’a-t-il de compte à rendre à personne ni devant aucun organisme ? Est-il au-dessus de toutes les lois internationales ?
Le masque, qui dissimulait mal les visées sionistes, est tombé. La stratégie de l’occupation est partout la même. Le dessein n’est pas seulement de neutraliser le Hamas en sa qualité de Front pour la Libération de la Palestine. L’objectif réel du sionisme est, plutôt, d’exterminer tout le peuple palestinien pour mieux implanter l’entité sioniste au cœur même des terres d’Islam, sans concurrent, via un terrorisme affiché de l’État hébreux appuyé, en cela, par l’Occident dans son ensemble qui ne se cache plus à même de contrôler, voire de s’emparer de ses richesses énergétiques (pétrole et gaz). Il s’agit d’un véritable « Far West hébreux » du 21ème Siècle. C’est-à-dire une région du monde où règne la loi de la jungle au vu et au su de tous. Tous les États arabo-musulmans font le dos rond devant Israël par leur faiblesse. D’autres se sont précipités pour normaliser des relations diplomatiques. Les États arabo-musulmans ont-ils fait leur choix de rester faibles et d’être écrasés par leur ennemi commun ? Notre nation est-elle morte tuée par ses propres dirigeants ? Les Israéliens sont-ils conscients qu’ils n’apprennent pas à mourir en tuant les Palestiniens car, au final, le crime finit par tuer l’âme du criminel en le déshumanisant.
La roue tourne. La victoire n’appartient pas, forcément, au plus fort mais au plus déterminé. Les Palestiniens préfèrent plutôt mourir en héros dans le combat fusil à la main que de s’offrir en victime expiatoire. Durant la décennie 1970, les États-Unis ont quitté, précipitamment, le Vietnam et le Cambodge presque sur la pointe des pieds alors qu’ils se croyaient plus forts. 25 000 soldats américains y ont laissé leur vie pour une guerre perdue d’avance et sans grand intérêt pour les USA. De même, lorsqu’on tue les martyrs, on n’enterre jamais leurs idées avec eux. Le combat continuera sans eux (martyrs) contre un État colonial et criminel.
Les combattants du 07 octobre 2023 sont les enfants et petits-enfants de l’exode palestinien de 1948. C’est pourquoi, Israël tue, de sang-froid et sans aucun état d’âme, femmes et enfants palestiniens. L’idée de l’Indépendance continuera à frayer son petit bonhomme de chemin de génération en génération jusqu’à la victoire finale même si Netanyahou ne sera plus de ce monde. Pour mieux dire, jusqu’à ce que la Palestine appartienne aux seuls Palestiniens comme l’Algérie appartient, depuis le 05 juillet 1962, aux seuls Algériens après 132 années de colonisation, de luttes acharnées, de crimes odieux qui se sont soldés par une lourde facture humaine de plus de sept millions de chouhada de 1830 à 1962.
Les autorités israéliennes ont toujours imposé leur dictat à la population palestinienne dans les territoires occupés. Ce régime oppressif et discriminatoire constitue un système d’apartheid que le Droit International inscrit la liste des crimes contre l’humanité mais… Israël n’en a cure.
La France coloniale a adopté la même stratégie envers les Algériens le 8 mai 1945. En l’espace de 15 jours seulement, il y a eu 45 000 morts (hommes, femmes, enfants, vieillards), contre 103 Européens alors qu’à Ghaza, en deux mois, il y en a eu 18 000 victimes. Le système colonial français a fait 2,5 fois plus de morts que l’entité sioniste en deux mois. La France est arrivée, elle aussi, au « bout du bout » de sa barbarie. Ce qui laisse croire que même si les espaces et les temps changent, boucherie et barbarie coloniales demeurent partout les mêmes jusqu’à l’heure.
Au lendemain du drame de ce massacre du 08 mai 1945 qui vient s’ajouter au long chapelet de crimes perpétrés, depuis 1830, notre peuple en fut traumatisé. Les Algériens ont, enfin, fini par prendre conscience de leur destin en affirmant leur identité et, du coup, leur ferme volonté de secouer le joug colonial. L’entité arabo-musulmane devient la « vedette » de l’actualité littéraire de l’époque. Une animosité viscérale mutuelle s’est définitivement installée dans les cœurs des deux communautés. Colonisés et colonisateurs se regardent en chiens de faïence parce qu’ils se sont positionnés en ennemis jurés à tout jamais. Ce massacre était ressenti pareil à un violent tsunami discriminatoire. Il a provoqué une commotion violente qui a fissuré l’âme collective de tout le peuple algérien. Il a permis de conscientiser politiquement nombre d’intellectuels nationaux pour se mobiliser et, donc, d’afficher d’une manière patente, leur nationalisme via un militantisme littéraire au service de la nation : « Mots contre maux. » Ce massacre génocidaire s’est fortement et définitivement ancré dans le subconscient de la société. D’où, la planification d’une guerre totale et généralisée de la « Révolution algérienne » du 1er Novembre 1954. Celle-ci est écrite d’une main et combattait de l’autre à même de redonner espoir et crédit au peuple algérien. A quelque chose, malheur est bon, selon le proverbe.
La question qui se pose et s’impose à l’esprit arabe : où étaient les aviations militaires saoudiennes et arabes qui ont pilonné le Yémen, l’un des pays les plus pauvres au monde ? Celle de Béchar El Assad qui a poussé son peuple à l’exode ? L’aviation soudanaise qui n’a pas fini de détruire Khartoum pour que les dirigeants continuent à se maintenir au pouvoir ?
Aucune de ces aviations n’a osé montrer le bout de son nez pour pilonner Tel-Aviv. L’aviation arabe est-elle restée clouée au sol par peur, par crainte, par lâcheté, par hypocrisie, par trahison des dirigeants arabes ? A quoi servent-elles les armées arabes si elles ne se sentent pas capables d’assister le peuple palestinien frère en danger d’extermination ? Les dirigeants arabes n’ont-ils plus aucun poids sur l’échiquier politique international ? Quelques milliers de militaires juifs suffisent à tenir tête à un milliard quatre cent millions (1 400 000 000) de Musulmans qui n’ont plus de l’Islam que son étiquette.
Parmi les raisons qui nourrissent la faiblesse des régimes arabes, il y a l’absence totale de la Justice sociale, le respect des Droits de l’Homme et du citoyen, la carence d’une démocratie réelle et non de façade, des élections propres, honnêtes, transparentes et non frauduleuses, la voix de l’électeur doit avoir son pesant d’or dans l’urne, des régimes autocrates qui ne tolèrent aucune opposition ni critique même constructive et sans invectives. Ils ne sont jamais à l’écoute de leurs peuples. Nos régimes devraient favoriser le Savoir plus que tout le reste car l’alphabet est, selon le Saint Coran, le premier besoin de l’Homme après le pain. « Iqra’ » Aussi, faut-il rappeler que cette faiblesse est due au refus catégorique de former une Nation unie forte et soudée à l’instar de l’Union Européenne. On l’appellerait, alors, l’Union des Pays Arabo-Musulmans (UPAM) avec comme capitale Jérusalem. C’est, alors, que notre nation relèvera le front. On établira une pièce d’identité unique, un passeport unique, une monnaie unique, une nation unique, unique comme Dieu. De même dans les aéroports arabes, une file à part pour les ressortissants arabo-musulmans devant la PAF… Ce qui n’est, hélas, pas le cas.
Le dirigeant arabe préfère partager son pays et ses richesses plutôt que de partager son pouvoir ou, encore moins, le céder à un autre au moyen d’élections honnêtes. Pour parvenir à ce niveau de conscience politique si haut, il faudrait que notre nation soit dirigée par l’élite de l’élite, les meilleurs des meilleurs. Pour mieux dire, des régimes civils et vertueux. C’est-à-dire des hommes animés par de nobles sentiments comme la culture, le mérite, une bonne moralité. Telles sont les conditions qui pourraient faire la grandeur, à la fois, du dirigeant et de la nation. Seuls les meilleurs d’entre nous seront à même à pouvoir occuper les postes de pouvoir comme ce fut le cas au temps de Haroun Rachid. Chez cet Émir, seul le mérite l’emportait.
Netanyahou se voit perdu en raison de ses scandales à répétition (corruption, négligence dans l’exercice de ses fonctions de 1er ministre…). Il veut rentrer dans l’Histoire par la cheminée comme un ramoneur pour inscrire son nom dans l’Histoire du crime avec des lettres de feux et de sang des Palestiniens comme Hitler pour les Juifs.
Les dirigeants arabes ont montré le fond de leur impéritie crasse à gérer les affaires de leurs peuples. Profitant des marches en faveur de l’arrêt des combats à Ghaza, la rue arabe n’a pas manqué de scander des slogans hostiles à leur encontre pour les vilipender. De ce fait, ils n’ont plus le droit de nous gouverner parce qu’ils n’ont plus le mérite pour être de commande de nous diriger en raison de leur incompétence et leur égotisme.
L’attaque du 7 octobre a provoqué une sidération mondiale. La Palestine sera-t-elle, un jour libérée du joug colonial sioniste à même de rendre espoir aux Musulmans de faire, un jour, le pèlerinage à la Troisième Mosquée d’El Aqsa avant que notre nation ne rende l’âme ? Cela dépend de la bonne volonté de nos pharaons. Il est possible de réaliser ce rêve. Pour ce faire, il faut serrer les rangs arabo-musulmans et ne pas rester dispersés comme nous le sommes aujourd’hui. La faiblesse de notre nation réside, justement, dans ses courbettes à l’Occident.
M. D.
*Docteur ès Lettres
*Cette connaissance, si longtemps bafouée, a failli être engloutie par les ombres de l’ignorance.