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Cours de « soutien », pression des parents sur leurs enfants : l’école en danger

« Que les parents aient pitié de leur progéniture ». C’est l’expression que je juge utile, convenable et adéquate pour débuter cet article sur deux phénomènes qui risquent de traumatiser à jamais les élèves.

Depuis quelques années, les parents font subir à leurs enfants scolarisés, et quel que soit le cycle et les classes qu’ils fréquentent, une pression psychologique intenable à l’approche des examens de fin de trimestre. En fait, ils les contraignent à obtenir les meilleures notes possibles. Certains vont jusqu’à leur imposer d’obtenir des notes tout en sachant qu’ils n’ont les capacités d’aller au-delà de la moyenne. Malgré cela, ils s’entêtent à vouloir faire de leurs enfants de brillants élèves… et dans toutes les matières. Sinon, c’est une sévère punition, parfois corporelle, qui sanctionne toute « défaillance » ou échec.

Le témoignage d’un enseignant au primaire résume fidèlement cette situation on ne peut plus alarmante : « J’étais en pleine séance de remise des copies d’examen que j’avais auparavant corrigées chez moi. Tout en restituant les copies aux élèves, je vérifiais si je n’avais pas commis d’erreur d’appréciation quand mon regard s’est posé sur un élève qui sanglotait. Au début, j’ai pensé qu’il pleurait à cause de sa mauvaise, mais grande fut ma surprise quand j’ai su qu’elle était de 8/10… En vérité, l’enfant ne pleurait pas à cause de sa note mais parce qu’il avait peur de sa mère qui l’attendait dehors. J’ai essayé autant que je pouvais de le consoler, mais l’innocent est resté collé à moi en me suppliant de convaincre sa mère qu’obtenir 8/10, « ce n’était pas aussi grave ». Je lui ai promis de le faire. Effectivement, la dame attendait impatiemment de connaître la note de son fils, oubliant qu’en tant que mère, elle devait d’abord et avant tout s’assurer de son état physique et moral. Elle le cherchait parmi les foule enfants, l’air renfrogné. En la voyant dans cette situation lamentable, je l’ai appelée et je lui ai expliqué que son fils était terrifié à l’idée d’être sanctionné pour sa note que je trouvais pourtant très bonne par rapport au reste de la classe. Le pauvre était très rassuré d’avoir vu sa mère m’écouter attentivement. »

L’histoire de l’enseignant explique un état de fait amer. Certes, il est encourageant et rassurant de voir les parents s’inquiéter des résultats scolaires de leur progéniture, de suivre de près leur scolarité et de veiller à ce qu’ils fassent leur devoir de manière régulière. Mais leur exiger d’être absolument les meilleurs de leur classe, cela parait un peu démesuré.

Cours de « soutien », l’autre fléau de l’école

Un autre phénomène redoutable et sinistre est en train de se faire une place dans la société algérienne, il fait parler de lui partout, c’est celui des cours de « soutien », communément appelé « l’étude ». Tous les parents y ont recours sans exception. Là aussi, on peut concéder que ces actions de formation sont nécessaires en certaines circonstances. Toutefois, il est conseillé que les cours soient assurés par des enseignants sérieux, compétents et reconnus. L’enseignement doit aussi se dérouler dans des lieux appropriés. Or, dans les faits, il en est autrement. Les cours sont dispensés dans les salons des maisons, les garages et même des sous-sols sans aération… Les enseignants ne sont pas forcément les meilleurs ; ils sont plutôt sans scrupules, leur seul objectif est de se faire de l’argent sur le dos de leurs élèves.  

Hélas, les parents, très mal conseillés, cèdent au chantage de certains enseignants malhonnêtes qui prodiguent des cours payants à leurs propres élèves alors que ces cours sont censés être dispensés à l’école. Comment expliquer qu’un enseignant soit meilleur quand il assure des cours de soutien et médiocre, voire incompétent quand il donne des leçons à l’école publique ?

On se pose d’ailleurs la question : quel type d’enseignement assure-t-on dans les établissements publics pour que les parents soient contraints d’adresser leurs enfants à des enseignants « privés » ? A-t-on pensé à effectuer des contrôles aussi bien dans les écoles que dans les garages et autres masures où l’on prétend donner le meilleur enseignement aux enfants ? L’école publique a-t-elle perdu définitivement sa crédibilité ?

L’école publique en danger

Abdelkader, un agent de l’administration, accuse : l’enseignant de sa nièce donne des cours payants à ses élèves et leur fait savoir que le sujet d’examen portera sur les cours qu’il leur prodigue chez lui. Faute d’argent, la nièce de l’agent n’a pas pu y prendre part et, à l’examen, ses camarades de classe qui assistent aux cours de soutien ont bien répondu. C’est ce qu’on appelle un « délit d’initié ». L’acte est déloyal, voire criminel, il nécessite d’être porté devant les autorités compétentes.

Ces énergumènes, par leurs actes malsains, ont terni l’image de l’école publique. Il est temps que les décideurs interviennent pour redorer blason de l’école publique. Cette institution devrait agir en fonction des besoins de l’élève. Et tout le système scolaire est justement conçu et élaboré pour répondre à ces besoins.

Il est pertinent de rappeler que les pratiques de l’école doivent tenir compte des particularités de l’enfant et de l’adolescent ainsi que de la différenciation de la pédagogie. Cette dernière doit être engageante pour l’élève. Les parents quant à eux sont appelés à collaborer étroitement et de manière permanente avec l’école pour organiser les activités parascolaires, pour partager les informations sur l’élève. L’enseignant se doit, sous l’inspiration d’une pédagogie active, d’habituer les élèves à apprendre, à comprendre et à travailler.

Les parents ne doivent, en aucun cas, remettre en cause le système éducatif en ayant recours aux cours de soutien et confier leurs enfants à des présumés enseignants, totalement indifférents à la pédagogie et à la psychopédagogie. Ils sont plus que jamais invités à s’y impliquer par le biais des fédérations et des associations des parents d’élèves, voire les syndicats accrédités. L’école publique est désormais, en danger, soyons en conscients !

Abdelkader Ham     

3 thoughts on “Cours de « soutien », pression des parents sur leurs enfants : l’école en danger”
  1. Tu as posé le doigt sur le mal provoqué par une mauvaise gestion de temps
    L’école devrait être le seul refuge pour l’enfant là où il apprend , il saisit les leçons
    Pour ma part ،l’ école demeure le lieu d’apprentissage et de délassement à travers des séances sportives et culturelles après les cours de math et de physique.nous devons participer dans le changement par la modernité des pratiques d’apprentissage.

  2. Merci cher Abdelkader,tu posé le doigt sur le mal.moi personnellement j’ai vécu le phénomène avec l’une de mes élèves et c’est adéquat avec ce que vous avez dit dans votre article. Les enfants ont peur de voir leurs notes parce qu’ils savent que le seuil est déjà tracé par le père ou par la mère donc il ne concentre pas au sujet le jour du test mais à la note.

  3. Cher collègue Abdelkader HAM, vous avez pertinemment choisi le thème qui coïncide justement avec la période des examens et l’approche des vacances. Je voudrais tout simplement vous dire et en toute franchise entant qu’acteur principal si j’ose dire…
    La situation est pareille à celle de l’économie informelle( la vente à la criée)
    On n’y peut rien contre ce qui est déjà agréé par des institutions disant compétentes.(des soit disant écoles de soutien…avec différentes appellations…)
    Tant que l’école publique reste incapable d’assurer les moyens adéquats aux nouvelles approches et se mesurer aux nouvelles technologies voire les éventuelles évolutions et surtout, je dois mettre l’accent là-dessus
    Le nombre d’élèves qui ne cesse de doubler au sein d’une même classe à vrai dire (la surcharge) qui pose un grand problème aux enseignants et se répercute bien évidemment et sur le rendement du prof et sur l’implication et l’application de l’apprenant sans se pencher vers les programmes qui sont eux aussi condensés et nécessitent un remaniement…

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