Par Rachid Ezziane
C’est presque surréaliste. Une coalition de plusieurs pays d’Occident et même des « frères » se sont rués sur le brancard pour sauver le bourreau de sa victime au lendemain du 7 octobre 2023. Seul contre tous, le paquet de terre appelé Ghaza s’ingénie, dans le génie de la tactique militaire, jusqu’à rendre ses geôliers sionistes fous de haine. Fous de meurtres. Que des enfants et des femmes. Que de la terre brûlée. Des hôpitaux bombardés. Des mosquées et des églises. Des écoles et des civils. Les chaînes de télévision occidentales ajoutant de l’huile sur le feu en s’arrogeant le devoir de désinformer l’information au profit des tueurs jusqu’à considérer toute voix contraire comme antisémite.
Mais les causes justes n’ont besoin que de leur foi. Là où le bât blesse, c’est de voir ceux-là même qui se sont arrogé le droit de donner des leçons de démocratie et de liberté tourner le dos à leurs valeurs humaines, comme si de rien n’était. « L’Occident, cet accident », comme le désignait Roger Garaudy, qui n’aurait jamais dû exister si ce n’est le concours de la révolution industrielle qui avait favorisé l’émergence de la domination du monde à travers les inventions techniques et notamment l’armement. La suite de l’histoire on la connait.
Mais la liberté n’a qu’une seule voie, la résistance. Le reste n’est que vaines palabres et discours creux. Et, cette fois-ci, les palestiniens, et que l’on ne se fourvoie pas, tous les palestiniens, de Ghaza et de la Cisjordanie, n’ont qu’un seul objectif, rendre le coup par coup jusqu’à satisfaire leurs revendications légitimes. Le terrain des combats le prouve. Et aussi la résilience de ce peuple courageux. Certes, les victimes se comptent par dizaines de milliers, mais le sang de ces martyrs ne sera pas vain, et, sans le moindre doute, ce sang versé donnera un jour, qui n’est pas loin, le fruit de la liberté tant escomptée…
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Deux poids deux mesures
Parlons maintenant de cet ordre mondial, vieux de je ne sais combien de décennies, et qui n’arrive plus à démêler l’écheveau des deux poids deux mesures. Comme on le sait, les Etats Unis ont, dès le premier jour, porté assistance à l’Etat sioniste. San aucune condition, l’oncle Sam a accouru avec armes et porte-avions pour secourir cet État en défaut de loi onusienne depuis 75 ans. Nous les avons vu paniquer comme si tout avait commencé ce 7 octobre 2023. Deux mois après, Biden revient sur ses premières impressions et veut cesser la guerre, non pas par solidarité avec les Palestiniens, mais de peur de voir son allié israélien prendre le fond avec la régionalisation du conflit. Plusieurs autres pays occidentaux ont suivi lors du vote de l’assemblée onusienne et ont voté pour le cessez-le-feu.
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En vérité, ces langues qui se délient, de Biden à Borel, Macron et compagnie, sont arrivées devant un dilemme de survie. Ils ont plus peur de leur avenir géostratégique (avec en plus la situation que prend la guerre de l’Ukraine avec son lot de morts et de sommes d’argent englouties) qu’une quelconque empathie envers « le Sud Global » incarné par Ghaza en ce moment, mais leur « Frankenstein » ne veut rien savoir. Le gouvernement d’extrême-droite de Netanyahu cherche l’apocalypse et l’internationalisation du conflit pour un dessein non avoué, ou peut être seulement pour sauver sa peau. L’Occident et l’Amérique ne savent plus sur quel pied danser, d’où leur discours contradictoires sur plusieurs points et prise de position.
Vu tous ces remous depuis le 7 octobre, peut-on dire qu’il y aura un avant et un après Ghaza ?
R. E.