Le Lion et l’Alouette

Par Sidi Mohamed Talbi*

Un lion marchait sur une laie,

Qui mène à la forêt.

Il se déhancha par quolibet,

Sur un nid d’alouette,

Nidifié de soie et d’œillettes.

« Qui te rend si hardi de piétiner mon nid ? »,

S’écria cet oiseau à mine pâlie.

Le lion la regarda avec dérision,

Et lui dit en ricanant :

« Ton nid est sis dans mon chemin,

Et sache que je suis un maître vilain,

Dont le défi est sûrement divin ! »

Reprit l’alouette :

« Odieux ! Tu tomberas dans le rets,

Et là où tu seras poignardé. »

S’esclaffa ce piètre animal,

Sans avoir reconnu son mal.

Le faucon et l’aigle furent évincés,

Allèrent voir le lion.

En lui demandant la raison,

Il les offensa en répondant :

« Qui ose se mettre,

Sur la terre du maître,

Qui a le rougeoiement,

Sur les yeux perçant,

Et qui a le sang chaud ? »

Ces deux alliés s’ordonnèrent :

« Que la vengeance nous appartienne ! »

Ils le piquaient de leurs becs aigus.

Ce roturier se mit dans une grotte exigüe.

Il fut stoïque un moment,

Et, perdit son courage durement.

S’excusa le lion vainement,

Avec un excessif saignement,

Mais si tard fut le pardon.

Il ne pouvait point tenir,

Se dirigea vers le plus haut sommet,

D’un grand ravin poncé,

Et se laissa choir en disant :

« Toute odyssée imprévue, tout acte narcissique, mènent à une fin périlleuse. »

S. M. T.

* Docteur en didactique de la littérature et de la langue française – Université Hassiba Benbouali de Chlef (Algérie)Laboratoire LOAPL de l’Université d’Oran 2

Membre de l’équipe TICE, Contextes Langage et Cognition, associée au Laboratoire CHArt de l’Université Paris 8