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Une virée en Kabylie … ou le poids de la nostalgie

Notre amie et collègue Adila Katia, chroniqueuse et auteure de plusieurs romans, qui participe pleinement et constamment dans les différents rendez-vous culturels, s’est rendue en cette fin de semaine à son hameau natal taddart (dachra) qui a vu naitre et grandir ses parents et ses grands-parents depuis plus d’un siècle.

Le sentiment si fort de la nostalgie a guidé Adila dans les terres de ses ancêtres pour restituer les moments joyeux qu’elle avait vécus au début des années 1970 avant qu’elle ne s’installe passagèrement en France avec sa famille. Enfant, Adila Katia voulait coûte que coûte terminer ses études en France mais le hasard en a voulu autrement parce que son père avait décidé de rentrer définitivement au bled et s’y investir. Au pays natal, notre amie Katia s’est efforcée d’avancer dans ses études pour fuir la vie paysanne où la fille est moins considérée que le garçon. Hélas ! le chemin est pavé d’embûches insurmontables et infranchissables. C’est au secondaire qu’il a été mis fin à son parcours scolaire, ce qui l’a contraint à se consacrer aux tâches ménagères tout comme les filles de son âge.

Résolue de mener à bout ses rêves, de publier son premier roman, le hasard l’amènera à tenir une chronique, dans un organe d’information auquel elle collabora pendant de longues années de manière régulière. Son abnégation et son amour pour le métier lui ont permis de s’illustrer et de se démarquer en ayant sa propre griffe.

Dans un article publié sur son compte Facebook, notre amie revient sur une tournée qui l’a conduite dans son village natal perchée sur les monts de la Kabylie où elle décrit minutieusement les vieilles maisons qui sont de charmantes bâtisses dont il ne reste que des ruines. Certaines maisons, selon notre descriptrice, tiennent toujours malgré l’aléa naturel comme pour défier le temps et aussi témoigner qu’elles ont porté en leur sein des familles où régnaient l’hospitalité, la générosité, l’entraide, la solidarité et toutes les formes de la vie en communauté. Tous les habitants de la région avaient connu la disette à un moment ou un autre de l’histoire, mais qu’ils se contentaient du peu qu’ils possédaient. Malgré les altercations et les malentendus perpétuels, qui se dissipaient aussitôt à l’intervention des sages, les villageois vivaient dans la sérénité et l’harmonie de la tribu. Ils s’asseyaient à l’ombre des oliviers pour échanger et discuter les préoccupations tribales.

Quand Katia se met à décrire l’olivier où elle s’abritait autrefois, elle nous fait vivre des moments agréables. Elle parle aussi des soirées interminables que passaient les Kabyles en abordant des sujets sur le travail de la terre, la cueillette des olives, l’huile, la figue sèche etc. A travers la description d’Adila Katia, l’état auquel est arrivée la situation des hameaux kabyles est plus que lamentable. « Les ruines et les oliviers nous rappellent, dit-elle, que l’histoire de ses aïeux a commencé là-bas à l’endroit où je me rends très rarement ». Et d’ajouter : « J’affectionne particulièrement les ruines qui furent une chambre où ma mère m’a donné naissance un certain 8 mars 1971, où mon premier cri a retenti avant que je ne l’écrive aujourd’hui. Une pensée pour nos aïeux, leurs belles âmes qui nous ont quittés. Le présent ne sera jamais à la hauteur du passé », conclut-elle.

Abdelkader Ham     

      

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