Ce texte a été écrit par feu notre ami le Dr Ali Medjdoub, dentiste, et a été publié dans l’édition du 9 avril 2014 du journal Le Chélif (numéro 18). Nous le reprenons in extenso en hommage à une figure emblématique de la région de Chlef que très peu de gens connaissent.
« Des intellectuels ont écrit en lettres d’or l’histoire de la Révolution. Benabdellah Medjdoub fait partie de ceux-là. Il est né le 14 janvier 1920 à Pontéba (l’actuelle Oum Drou) où exerçait son père comme instituteur.
Très tôt, à l’âge de huit ans, il devint orphelin. Son oncle maternel, remarquant son intelligence et sa volonté, se résolut à prendre en charge son instruction. En 1940, il se présenta au concours des adjoints techniques de la santé qu’il réussit avec succès. Cet examen lui permit d’étudier pendant cinq ans à la faculté de médecine d’Alger, sous la direction du professeur Levy Valensy. Le cursus terminé, il fut envoyé aux quatre coins du pays pour son stage pratique, de Barika à Oued-Taria (Mascara). Ses voyages à travers l’Algérie profonde furent propices à un éveil nationaliste engendré par une population en détresse face à un colonialisme sans merci.
En 1950, il revient à sa ville natale pour continuer à exercer ses fonctions. L’année 1954 fut marquée par un séisme meurtrier et il fut chargé d’organiser les secours. Cet épisode douloureux a été marqué par un événement représentant un indice d’une révolution en marche et un effet d’entraînement sur le cours de l’histoire. En effet, le ministre de l’Intérieur de l’époque, en visite d’inspection, devait déposer une gerbe de fleurs au pied de la statue de Jeanne d’Arc, en hommage aux victimes de la catastrophe, après avoir traversé deux haies de scouts musulmans. Un louveteau, âgé d’à peine cinq ans, jeta son fanion aux pieds de l’officiel lorsque ce dernier passa devant lui en signe de réprobation de la politique coloniale menée par la France. Quelle précocité pour ce Hellal Hacène ! En 1955, il fut mandaté par Larbi Ben Mhidi pour intégrer l’état-major de la « fida » d’Orléansville, en compagnie de Saïdi Abdelkader et Ahmed Mehdi. Ensuite, il fut structuré comme commissaire politique de la zone 3 de la wilaya IV. En cette qualité, il participa à la mise en place, en 1956, des nouvelles katibate auxquelles on distribua les armes détournées par Maillot, afin d’activer le front de l’Ouest. Il fut arrêté en juin 1957 et incarcéré à la prison de Serkadji pendant 18 mois.
A l’indépendance, il fut nommé directeur départemental de la santé d’El Asnam. Puis il occupa plusieurs fonctions dans les hôpitaux d’Alger. Pendant tout ce temps, il s’occupa beaucoup d’écrire l’histoire de son pays. Dans son premier travail, il va se pencher sur “Les signes avant-coureurs de l’implantation ottomane au Maghreb”. Dans ses recherches, nous aurons beaucoup d’enseignements sur les dynasties arabes qui se sont succédé pendant cette période. Toutes les divergences entre ces différents protagonistes seront mises en relief pour expliquer l’affaiblissement de l’Andalousie et son effondrement avec la dynastie des Abbassides. On apprendra que les Fatimides fondaient leur recrutement surtout sur le mérite et la compétence en dehors de l’appartenance tribale ou religieuse. La responsabilité des Kharidjites, des Ommeyades, des Almoravides sera aussi mise en cause dans tous ces remous qui ont marqué cette époque. Un chapitre particulier est consacré à la création du grand royaume de Tlemcen, en 1080, par Youcef Ibn Tachfin, de la dynastie des Almoravides. Notons que ce territoire comprenait le Maroc et l’Algérie jusqu’à Béjaïa, Tlemcen devenant la capitale de ce royaume.
“Nadia, la plus franche des mondes“ est un ouvrage moins dense, mais pas moins passionnant. Il nous fera découvrir les Beni Menad, cette tribu conduite par Sidi Ahmed Medjdoub, qui va constituer le fer de lance, durant l’épopée de cheikh Bouamama. Elle donnera du fil à retordre aux troupes d’invasion françaises lorsqu’il sera question de défendre âprement leur ville Asla, dans la wilaya de Naâma. Finalement, cet impavide guerrier sera capturé et Bugeaud dira de lui : “S’il fallait décorer cette tribu, je devrais même donner des médailles à leurs chevaux.”
On apprendra, également, dans cette écriture des évènements, que les Beni Menad furent dépossédés de leurs terres de Hadjout en vertu du décret Crémieux, surtout en représailles à leur indiscipline, et envoyés à Hammam-Righa.
Histoire plus récente, il se passionnera pour un héros des Balkans, dans Georges Dimitrov. Il en profitera pour expliquer l’idéologie raciste de Mein Kampft et l’avènement du nazisme en Allemagne.
Rappelons, à toute fin utile, que Georges Dimitrov a mené la résistance face aux troupes hitlériennes qui venaient d’occuper son pays, la Bulgarie, pendant la Seconde Guerre mondiale. Lors d’un procès retentissant, ce chef de guerre eut le courage de fustiger la mégalomanie du führer. Pour ce travail très intéressant, il reçut, en 1973, le prix d’histoire Georges Dimitrov. Il eut droit à un séjour d’un mois en Bulgarie, pendant lequel il fut reçu par le ministre de la Culture de ce pays ».
Ali Medjdoub
One thought on “Hommage : Benabdellah Medjdoub, l’intellectuel engagé”
J’avait un recontre avec un dentiste nommé elmadjdoub.un intelectuel chelifien.il a enseigné à l’université de chlef .les modules français au debut de 21s°.j’ai passé quelques heures.marquantes par ses écits en poètes et en proses c’était vraiment des moments inoubliabes.enfin il m ‘a offri un livre intitulé »les quatrains d’elmjdoume ».elmadjdoum était l’un de ses ancêtres.