Sous l’égide de la Faculté des Langues étrangères, et le patronage du Laboratoire de l’Information et de la Communication des Technologies dans l’Enseignement des Langues Etrangères et de la Traduction, Mmes Fethia Braik et Nabila Naimi enseignantes au département d’anglais, ont co-organisé, en fin de cette semaine, une conférence internationale hybride. La rencontre a porté sur la « Recherche Formation – Universitaire sur la littérature et civilisation : les approches transculturelles dans un cadre post-disciplinaire ».
L’événement s’est déroulé comme à l’accoutumée dans la salle des conférences de la Faculté et y ont pris part des enseignants de plusieurs universités du pays. La conférence s’est étalée sur deux jours : mercredi et jeudi. Lors de la première journée, après le discours de bienvenue du recteur, M. Djilali Achour, le doyen de la faculté, M. Noureddine Dahmane, a donné le coup d’envoi de la conférence.
Plusieurs responsables ont intervenu à sa suite, entre autres la cheffe de département Mme Nacéra Benali Reguieg, la cheffe du laboratoire Mme Faiza Boukhlef et les présidentes de la conférence, Mme Fethia Braik et Mme Nabila Naimi qui ont donné un aperçu sur le thème et les conditions dans lesquelles il a été choisi.
Lors de la séance plénière qui a débuté à 9h 30, le conférencier principal, M. Saïd Keskes de l’université Mohamed Lamine Debaghine est intervenu sur un sujet d’actualité : « Les pragmatiques peuvent-ils objectiver ou subjectiver pour un meilleur enseignement/apprentissage et tester les œuvres littéraires ? ».
D’autres thèmes ont été abordés à l’occasion de cette conférence jugée indispensable par tous les acteurs enseignants et étudiants, on cite entre autres : « Langue, littérature, culture et société : comment / où / qui sommes-nous ? », présenté par le professeur M. Maniruzzaman de l’université de Jahangirnagar, au Bangladesh.
De son côté, le professeur Abdelkader Senkadi de l’université Hassiba Benbouali de Chlef a axé son discours sur le thème : « Enseigner le romantique britannique Percy Shelley : sous-tendre la conscience culturelle de Percy et favoriser les compétences culturelles des étudiants ».
« Déconstruire » les concepts
L’intervention de Mme Nabila Naimi a porté essentiellement sur le thème « littérature et civilisation, les études interdisciplinaires et transculturelles : tendances et défis ». Elle revient en détail sur le sujet : « Le concept de transculturalité, qui a beaucoup évolué depuis sa création par Fernando Ortiz en 1940, et sa théorisation par Wolfgang Welsch, puis Mikhail Epstein à la fin des années 1990, s’est progressivement imposé comme un nouveau champ d’études dans les sciences humaines et sociales … Il permet en effet de repenser à nouveaux frais l’idée de mondialisation culturelle, moins sous l’angle de l’uniformisation que, au contraire, des croisements multiples et d’un développement exponentiel des diversités … L’ère transculturelle est à nos portes », a proclamé Richard Slimbach en 2005, alors qu’il définissait le « transculturalisme » comme une « quête pour définir des intérêts partagés et des valeurs communes au-delà des frontières culturelles et nationales ».
Pour la conférencière, la transculturalité implique la déconstruction de concepts tels que «société», «classe», «nation», «culture» ou «civilisation» et l’analyse des phénomènes sous divers angles, insistant « sur la multipolarité, les perspectives multiples et les dynamiques transformatrices inhérentes au sujet de recherche » (König et Rakow).
Des centres d’études transculturelles ont été créés à l’échelle internationale, et notamment en Europe et aux États-Unis, comme à l’Université de Heidelberg, à l’Université de Lancaster, à l’Université Jean Moulin Lyon 3 ou à l’Université de Pennsylvanie, chacun ayant une orientation particulière et/ou offrant des diplômes. La filière d’études transculturelles est proposée en option dans les programmes de licence (par exemple, à l’Université américaine de Washington), tandis que l’Université du Michigan propose un programme de Master accéléré en études transculturelles. Cette montée en puissance de la transculturalité nous incite à nous demander comment la perspective transculturelle a transformé les études anglophones et en particulier, les études américaines car cette perspective a été adoptée avec empressement non seulement dans l’étude de la littérature mais aussi en linguistique et traductologie. Les œuvres des écrivains exilés, (im) migrants, colonisés ou issus d’unions mixtes, ont souvent incarné, dans leur rapport à la langue, ce phénomène de passerelles d’une ère culturelle et linguistique à une autre – propice à l’élaboration d’une langue absolument singulière, expression neuve et propre à chaque auteur.
Mieux comprendre les sociétés
La littérature est un moyen de transmission de la culture. Elle vise à éduquer, à communiquer des pensées, à influencer et même à séduire. Une culture littéraire se constitue par la fréquentation régulière des œuvres. Elle suppose une mémoire des textes, mais aussi de leur langue, une capacité à retrouver, chaque fois qu’on lit, les résonances qui relient les œuvres entre elles. La littérature constitue un héritage patrimonial et peut concourir à la préservation du patrimoine d’un pays, lorsqu’elle en souligne les valeurs, la culture et la civilisation avec une très grande l’importance. La culture permet aussi de découvrir le monde. Tous les styles de vie, les valeurs et les croyances sont différents selon les pays. Nous pouvons ainsi savoir comment ils vivent, ce qui est important pour eux et ce qui ne l’est pas, leurs inquiétudes, leurs appréhensions et comment ils envisagent leur avenir. L’un des objectifs prioritaires des approches interculturelles en éducation est de contrer la tendance habituelle des acteurs scolaires à produire des comportements ethnocentriques. Donc, une ouverture au relativisme culturel est nécessaire pour mettre en place les approches interculturelles en éducation.
Cependant, l’approche transculturelle est fondée sur le complémentarisme entre les grilles de lecture et les disciplines, lesquelles s’enrichissent l’une l’autre plutôt que de s’opposer. L’étude de la diversité culturelle, avec ou sans comparaison explicite entre les cultures, permet de mieux comprendre l’ensemble des sociétés humaines, et par le miroir de l’altérité, de mieux comprendre sa propre société. L’enseignant peut, par exemple, concevoir tout un ensemble d’activités pour permettre à l’apprenant d’analyser sa propre expérience de la « culture-cible » – uniquement à partir de ce qu’il a entendu dire ou de ce qu’il a pu lire à ce sujet – et d’en tirer des conclusions. ».
La co-organisatrice de la conférence Mme Fethia Braik est intervenue quant à elle sur la nécessité de l’enseignement de l’anglais à travers la littérature pour améliorer l’apprentissage des langues.
Pour terminer, il faut noter que la conférence qui a pris fin jeudi dans l’après-midi, s’est déroulée dans de bonnes conditions et tous ceux qui ont assisté aux interventions ou aux débats en ont tiré profit.
Abdelkader Ham
One thought on “Université Hassiba Benbouali de Chlef : « littérature et civilisation » … ou le débat sur la diversité sociale et culturelle”
Bonjour !.. C’st par ces initiatives et ces rencontres que l’université Algérienne renaîtra et gagnera ses lettres de noblesse. Félicitation et Merci aux organisatrices – organisateurs, bon courage aussi !..
C’est plus que réjouissant de constater cette vie culturelle à travers toutes ses manifestations. La 26ème édition du SILA, qui vient de prendre fin. Peu avant il y eut à Oran la rencontre de quelques écrivains organisée par la nouvelle maison d’édition, Haya. Puis la maison d’édition, Le Chélif qui fait revivre la culture dans la région, la vocation doit être nationale et je pense que les choses vont dans ce sens pour cette maison. Je n’ai cité que celles-ci mais il y en a d’autres certainement. Tout cela augure d’une ère nouvelle et d’une renaissance culturelle qui a failli sombrer….