Le 88è anniversaire de la création de l’école El Falah Djillani Benabdelhakem Atba Benatba a été célébré de manière grandiose à Chlef au sein même de cette prestigieuse institution située au centre-ville de Chlef.
Comme à l’accoutumée, l’événement est une occasion opportune pour les assoiffés de savoir, de culture et d’histoire de se retrouver et de passer en revue les différentes étapes historiques de cet établissement. Ils sont venus, comme chaque année durant cette période de plusieurs régions du pays. Des chouyoukhs, des imams, des chercheurs, des universitaires, des journalistes et des enseignants, entre autres, tous fidèles à ce rendez-vous, ont animé des conférences-débats, des causeries religieuses et des travaux d’ateliers organisés à cette occasion selon un programme éducatif et culturel à la fois riche et varié.
« Cela fait plusieurs années que nous n’avons jamais raté cet important rendez-vous car l’école en question fait intégrante partie du patrimoine de toute la région du centre-ouest du pays ; son apport à l’émergence culturelle ne peut être occulté », nous confie un jeune chercheur universitaire. Des étudiants de l’université Hassiba Benbouali de Chlef indiquent pour leur part avoir suivi attentivement l’ensemble des travaux qui étaient au programme ; cela nous a permis de prendre encore plus et amplement connaissance de son histoire et du rôle prépondérant qu’elle a joué durant toute l’époque coloniale jusqu’à notre indépendance, et même après ». Certains d’entre eux affirment avoir assisté à toutes les activités organisées à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la création de l’établissement.
Pour plusieurs des intervenants, des chouyoukhs et des imams en l’occurrence, le rôle qu’a joué cette école dans différents domaines, surtout pendant l’époque coloniale, a été capital, cela a permis à tous les Algériens, alors entièrement privés de scolarisation par le colonisateur, d’étudier et de faire face à un analphabétisme général qui gagnait l’ensemble de la population colonisée. « Ce même établissement, qui a formé par le passé, avant et après l’indépendance, de grandes figures patriotiques, dont plusieurs avaient assumé par la suite d’importantes responsabilités dans plusieurs secteurs à travers tout le pays, à l’exemple des Kaddour Belaroussi, Idris Belkrit, Abdellah Belharich et Belkacem Senoussi El Harrathi, entre autres. Ces derniers avaient, à leur tour, fondé de nombreuses autres écoles similaires partout en Algérie et même à l’étranger.
L’école assure toujours son rôle dans le domaine de l’enseignement et de la formation. Fondée le 14 octobre 1935 à El Asnam (Chlef aujourd’hui) par le cheïkh Djillani Benabdelhakem Atba Benatba (1880-1965), l’école El Falah qui existe toujours, est devenue le point de chute de tous les jeunes qui ne peuvent fréquenter les établissements scolaires et de formation. L’école El Falah ne bénéficie d’aucune aide de l’État de quelque nature que ce soit, elle est entièrement financée par son propriétaire Moulay Atna Benatba, qui n’est autre que le fils de son fondateur. Aussi bien l’inscription que les cours qui y sont dispensés sont gratuits. Outre le Coran et sa récitation, on y étudie plusieurs autres matières comme la littérature arabe, la géographie et la jurisprudence entre autres qui sont assurés par de jeunes enseignants volontaires. Même la restauration est assurée régulièrement et gratuitement aux élèves et aux étudiants de l’école. « Cela fait partie des traditions que nous ont laissées nos ancêtres. Nous ne faisons qu’exaucer leur rêve ! », nous dit enfin Moulay, le petit-fils de Cheikh Benatba à l’issue de cette célébration.
Ahmed Chenaoui