L'Algérie de plus près

« Derrière les larmes de ma grand-mère » : une saga de ressentis

Par F-z Slimani/Douadi.

J’ai fermé ce livre… et j’ai senti que je sortais d’un pan de mon adolescence, d’une partie de ma vie, et aussi de plusieurs passages du roman qui traîne encore sur mon ordinateur depuis quelques mois.

Écrire une autobiographie n’est pas toujours facile… « Derrière les larmes de ma grand-mère » aurait pu avoir pour titre : « La profondeur de nos racines » ou encore « Une petite fille qui pensait grand ». Mais, de quoi je me mêle, moi qui peine toujours à trouver un titre pour mes écrits.

À l’orée de cette belle histoire, une tendre dédicace nous accueille :  « À mon frère Brahim »

Un élan d’affection et d’attachement familial qui traverse l’ouvrage de part en part, et parfume le récit de Jasmin dans la ville des genêts… Une saga de sentiments et de ressentis souvent tus, mais admirablement dépeints à  chaque page. Ferroudja Ousmer est l’artiste de cette œuvre aux multiples facettes.

D’emblée, l’auteur nous entraîne dans un tourbillon d’événements que l’époque coloniale a cruellement marqué de son empreinte, et notre autrice talentueuse, de ses mots concis et tellement réels lorsqu’il s’agit de décrire sans omettre les détails qui percutent.

Les transgressions, les non-dits, les tabous, la vie sociale, la quête d’émancipation.

Une sémantique dont Ferroudja Ousmer use à volonté afin de tracer le sillon creusé par ces frustrations qu’elle rejettera toujours, afin d’effacer « cette image d’Épinal »… ce « moule » que les autres ont conçu pour elle… sans elle !

Elle décrit les moments forts qui ont marqué sa vie avec une indulgence bienveillante envers ceux qui l’ont aidée à grandir. Yaya, aïeule charismatique et « imposante malgré sa petite taille », dirigeait sa famille avec ingéniosité, dans une société patriarcale aux traditions souvent incompréhensibles pour une jeunesse pleine de rêves.

À Tizi, au village, et dans la grande maison, la vie est racontée simplement, avec des détails brûlants d’authenticité, touchants, et qui nous renvoient à cette période où les moyens étaient faibles et les cœurs Immenses…dans une Algérie de solidarité et d’entraide.

Une enfant devenue femme trop vite face à la responsabilité imposée par une période sanglante…poursuit son rêve lorsqu’un papa virtuel mène une action clandestine de grande envergure.

Des rêves et une dure réalité se croisent le long des pages que l’on quitte difficilement. Parce que les personnages sont nos pères et nos oncles. Et Yaya fut notre mère  et notre grand-mère… et, quelque part, notre Patrie, cette Algérie chère à nos cœurs.

Les jours difficiles, les mots qui font mal et les chapitres douloureux qui nous arrachent une larme… Ce sont des pages de notre Histoire à conserver précieusement.

L’ image évanouie, la photo muette du père l’ont marquée, si bien que la fillette devenue femme, refuse le rôle de figurante et décide fermement d’agir désormais afin de « laisser des traces de son passage avant de quitter ce bas monde « .

Bravo , Grande Dame ! Une très belle lecture.

F. Z. D.

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