Le président syrien Bachar al-Assad a accordé, hier, une interview à la chaîne émiratie Sky News Arabia dans laquelle il passé en revue les principaux défis auxquels doit encore faire face son pays. Parmi eux, l’occupation du Golan par Israël, la présence de forces militaires en Syrie, les relations avec les pays arabes et la Turquie où se trouvent des millions de réfugiés.
Le président syrien est notamment revenu sur les causes du conflit qui ravage la Syrie depuis 12 ans. Al Assad a notamment expliqué que le pays aurait pu éviter cette guerre s’il s’était soumis aux conditions humiliantes qui lui ont été imposées de l’étranger. Cependant, a-t-il précisé, « cela voudrait dire délaisser les intérêts et la souveraineté syrienne», ajoutant que ce n’était pas sa personne qui était visé mais bel et bien la Syrie.
Pour le chef d’État syrien, outre l’exil de près de 10 millions de Syriens, la responsabilité de la mort de dizaines de milliers de civils, entre 160 000 et 300 000 civils, incombe à «celui qui a financé et soutenu les terroristes». Selon Al Assad, la reprise en main de la majeure partie du territoire par l’Armée Arabe Syrienne a permis une relative accalmie mais les conditions ne sont pas encore réunies pour le retour des réfugiés. D’une part, parce que les infrastructures ont été totalement détruites, rendant improbable le relogement des réfugiés et la scolarisation de leurs enfants. Le chef de l’État syrien a résumé la situation en ces mots : «Comment le réfugié syrien peut-il rentrer avant que l’eau, l’électricité et les écoles ne soient disponibles pour ses enfants ?».
Pour ce qui est des relations avec les pays arabes, Bachar al-Assad a ironisé sur le fait qu’elles se limitent à «des visites officielles et des communiqués» car, selon lui, les dirigeants arabes ne veulent pas résoudre les vrais problèmes.» Il ajouté que la Syrie n’attendait rien «des Arabes», soulignant que la Ligue arabe n’était pas «une vraie institution».
Le terrorisme, une création de la Turquie
Évoquant les relations conflictuelles avec la Turquie, Al Assad a admis l’existence de contacts directs avec des officiels turcs. Cependant, il n’a pas manqué de signaler que le terrorisme qui sévit dans son pays est «une création turque», précisant que «le front al-Nusra, Ahrar Shaam, etc., sont différentes dénominations pour un seul groupe. Ils ont tous été créés par la Turquie et ils sont à l’heure actuelle financés par la Turquie». Raisons qui expliquent son refus de rencontrer son homologue turc : «Il n’y aura pas de rencontre avec Erdogan sous ses conditions tant que la Turquie n’aura pas retiré toutes ses forces de Syrie». Il a ajouté que les forces turques sont toujours présentes dans le nord-ouest du pays et entretiennent des relations officieuses avec des groupes djihadistes.
Pour ce qui est de la tenue d’éventuelles négociations avec l’État hébreu, Al Assad a été clair : tant qu’il n’y aura pas de restitution du Golan, il n’y aura pas de résultats, rappelant que son pays se tenait aux côtés «de chaque partie palestinienne qui défend ses droits».
Enfin, pour Bachar al-Assad, le problème des sanctions américaines décidées contre la Syrie a fortement pesé sur l’économie du pays mais il a été contourné grâce à la volonté des Syriens et à l’aide désintéressée des pays amis. Selon le président syrien, c’est «la destruction» des infrastructures et «l’image d’une Syrie en guerre» qui empêcheraient les investissements étrangers.