Ce qui se passe à Ouled Fayet et, certainement, dans les autres villes du pays, devrait interpeller les plus hautes autorités du pays. En effet, des individus qui se croient au dessus des lois – et ils sont nombreux hélas à sévir dans cette commune – accaparent des espaces publics sans être nullement dérangés.
Dans un des nombreux lotissements de la ville, des citoyens ont bénéficié de lots de terrain s’étalant sur des superficies assez consistantes. Ils y ont érigé de somptueuses demeures qui font pâlir d’envie les habitants des immeubles collectifs sociaux décrépis (voire promotionnels) construits à la hâte, parfois sur des terrains privés.
L’appétit venant en mangeant, certains de ces propriétaires de villas ont accaparé des espaces mitoyens pour les transformer en jardins ou en dépendances. Ou les deux à la fois … en attendant d’en revendiquer la propriété, une fois l’affaire « oubliée ».
Parmi ces derniers squatteurs, il en est qui ont carrément privatisé des rues. Oui, des rues censées être empruntées et par les piétons et par les automobilistes. Pire, une longue portion de rue traversant le même lotissement a été incluse par des propriétaires gloutons. De 400 à 500 mètres carrés au départ, certains habitants se retrouvent avec 1000 à 1500 m² de terrain supplémentaire. Peut-être davantage.
Ce phénomène est perceptible un peu partout à travers l’agglomération où, profitant de leurs positions sociales et, surtout, à cause de l’absence -ou de la complicité- des élus locaux, des individus ont phagocyté des centaines de mètres carrés de terrains qui auraient pu servir à la réalisation d’équipements sociaux dont manque cruellement la commune.
Le foncier dilapidé …
Il faut savoir que tout le patrimoine foncier de la commune a été dilapidé par les différentes APC qui se sont succédé depuis les années 80. La curée a été telle que, au début des années 2000, il ne restait plus de terrains où ériger des établissements scolaires. Pour des affaires liées au foncier urbain, plusieurs élus se sont retrouvés derrière les barreaux. D’autres attendent de les rejoindre.
Raison qui explique la construction de l’unique lycée (Lycée Lotfi) en contrebas de la ville, sur la route de Bouchaoui, à cause du manque d’assiettes foncières. Hélas, mille fois hélas, le terrain en question est des plus instables. Moins de 10 ans après leur mise en service, les bâtiments se sont fissurés, d’autres ont « bougé » suite à des glissements de terrain répétitifs. On savait pourtant que la nature de ce terrain argileux et gorgé d’eau interdisait toute construction massive.
Résultat des courses : pour éviter que la bâtisse ne s’effondre sur la tête des élèves, on a dû la fermer dans l’urgence. Les lycéens ont été transférés à la nouvelle école coranique construite quelques centaines de mètres plus haut, en face de l’entrée du cimetière de la ville… En attendant la décision des autorités de wilaya de fermer définitivement le lycée et le démolir ou y entreprendre des travaux de réhabilitation longs et coûteux. Les responsabilités sont partagées entre les élus locaux, le bureau d’études et les « experts » et autres « ingénieurs » chargés du suivi des travaux. C’est en quelque sorte, de l’argent public jeté par les fenêtres…
La wilaya doit se manifester
Le squat des espaces publics n’est pas pris au sérieux par les autorités de la commune. Ni de la daïra. En plein centre-ville, une baraque en tôle servant de magasin d’habillement est érigée sur le trottoir bordant un centre de santé. Un marchand de légume occupe une partie de la chaussée, créant un goulet d’étranglement pour la circulation automobile dans son quartier. Des auto-constructeurs ont bouché une rue, se la partageant et la clôturant pour interdire tout passage… Et les exemples ne manquent pas sur cette dangereuse dérive.
Le manque de terrains à Ouled Fayet se combine avec la présence d’entreprises publiques et privées en plein tissu urbain. C’est le cas d’un entrepôt de médicaments faisant face au siège de l’APC. Ce bâtiment industriel tranche singulièrement avec les autres bâtisses. Selon des élus de l’APC, l’immense hangar aurait dû être démoli, une décision ayant été prise en ce sens par la wilaya.
Mais on n’en a cure. Même si l’on sait qu’un incendie dans ce bâtiment peut provoquer la mort quasi-instantanée de centaines d’habitants. Forcément, des médicaments qui brûlent, ça ne laisse aucune chance à ceux qui en respirent la fumée. Pourtant, la loi est très explicite dans ce cas. Il en est de même pour la petite entreprise de tissage située sur l’avenue principale du village…
L’accroissement naturel de la population impose la construction de nouveaux établissements éducatifs et sociaux. Les autorités de wilaya devraient, dès à présent, projeter leur réalisation sur les deux immenses terrains appartenant à… l’ENAGEO ! Mais que peut bien faire à Ouled Fayet une entreprise de géophysique, dont la mission est de prospecter des hydrocarbures dans le grand sud et dont le siège est situé à Hassi Messaoud ?
Les deux terrains pourraient accueillir de magnifiques structures sociales. Sur l’un, on peut ériger une école primaire ou un collège, sur l’autre une bibliothèque et un centre culturel … Non, il n’est pas interdit de rêver.
A. Y.