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Ferroudja Ousmer, écrivaine, à propos des feux de forêts : « Il faut un système d’alerte efficace et des moyens d’intervention »

Mme Ferroudja Ousmer se dit « concernée de très près » par les incendies qui se déclarent chaque été dans les forêts algériennes et qui ravagent des pans entiers du couvert végétal du nord du pays. Outre la perte du patrimoine forestier, il y a aussi et surtout des morts et des blessés à déplorer, notamment dans les régions fortement boisées et peuplées comme la Kabylie, Jijel ou Skikda.

Ayant vécu les dramatiques épisodes qui ont endeuillé sa Kabylie natale où elle vit, l’écrivaine et ancienne professeur de français plaide pour une politique de prévention qui permette d’agir et de conscrire rapidement les feux de forêts. La dotation des collectivités en moyens de communication, de signalisation et d’intervention est plus qu’indispensable, note-t-elle, plaidant pour la mise en place d’un système d’alerte efficace.

Mme Ousmer souligne que moins de 10% des départs de feu en forêt sont d’origine naturelle, il y aussi les incendies provoqués par des dysfonctionnements dans les transformateurs et les lignes électriques, de même que la possibilité que les tessons de bouteille abandonnés en forêt de provoquer des feux. Mais pour elle, et c’est l’évidence même, la quasi-majorité des incendies est provoquée par l’homme : « Les mégots, les travaux agricoles et forestiers, les barbecues, le débroussaillage… peuvent être à l’origine des départs de feu », indique Mme Ousmer non sans accuser ouvertement les pyromanes qui sont responsables de la majorité des départs de feu. « Les incendies les plus nombreux et les plus fréquents sont causés des actes causés par des criminels qui doivent être sanctionnés de la manière la plus sévère. « Les sanctions devraient être radicales pour toute personne à l’origine d’un incendie de forêt », soutient notre interlocutrice.

Elle préconise un ensemble de mesures à prendre d’urgence pour prévenir les feux de forêt, à commencer par proscrire toute source de flamme en forêt, surtout en été. L’écrivaine souhaite la réhabilitation des maisons forestières qui existaient autrefois. Les fonctionnaires affectés à ces structures sont tenus de préserver la forêt contre toute atteinte, traquer les braconniers, surveiller les lieux grâce à des tours de guet qui peuvent limiter les conséquences de ces feux, signaler toute activité suspicieuse en forêt.

L’utilisation des bombardiers d’eau est vitale

Tours de guets… et drones de surveillance

Mme Ousmer est d’avis à ce que l’État cède des parcelles de forêts à des particuliers qui les fructifieront selon un cahier des charges très précis : « Comme cela se fait en Europe, l’exploitant forestier bénéficie de mesures fiscales avantageuses mais il est tenu à respecter un cahier des charges consistant à entretenir la forêt, programmer la coupe de grumes, débroussailler les chemins et accès, nettoyer le sous-bois, éclaircir et planter des arbres… Un propriétaire forestier est donc responsable de sa parcelle et des dégât causés par un incendie provenant de sa propriété. »

Autres propositions : l’ouverture de pistes afin que les pompiers accèdent avec leurs engins au cœur de la forêt, construire des retenues d’eau afin d’agir très rapidement sur les feux et, enfin, débloquer des budgets conséquents pour l’acquisition de moyens d’intervention aériens comme les avions et hélicoptères anti-feux.

« Avec le dérèglement climatique, chaque commune doit disposer d’un matériel de premières interventions afin d’agir au plus vite », souligne l’écrivaine, insistant sur la nécessité d’une surveillance permanente des forêts. Cette dernière action peut être envisagée par la multiplication des tours de guet, l’implication des riverains des forêts, l’acquisition de matériel de communication et de de drones de surveillance. En parallèle, un effort supplémentaire de sensibilisation doit être consenti par les pouvoirs publics en direction des citoyens et ce, à travers des émissions radio et télévisées, la distribution de flyers et de dépliants au niveau des établissements scolaires notamment.  

Le reboisement des zones incendies est une nécessité pour la collectivité nationale

« Nos gouvernants doivent impérativement tirer des leçons des expériences précédentes car le réchauffement climatique est bien là et l’on doit nécessairement composer avec cette réalité en s’alignant sur les normes internationales de protection des forêts », conclut Mme Ousmer.

L. C.

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