Le président russe Vladimir Poutine a annoncé, à l’ouverture, jeudi, du deuxième sommet Russie, des livraisons gratuites de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine et à l’Erythrée. Les livraisons devraient commencer « d’ici trois ou quatre mois ».
Cette décision fait suite à la non-reconduction de l’Initiative céréalière de la mer Noire permettant les exportations de céréales ukrainiennes. Conclu en juillet 2022 entre l’Ukraine, la Russie, la Turquie et les Nations unies, cet accord a été dénoncé par la Russie qui accuse Kiev d’utiliser les couloirs maritimes prévus par cet accord pour attaquer la flotte russe avec des drones de surface. Le Kremlin a estimé également que certaines clauses sur l’exportation des engrais russes n’étaient toujours pas respectées malgré les engagements successifs de l’ONU.
Par ailleurs, accuse le Kremlin, sur 32,8 millions de tonnes de céréales exportées d’Ukraine dans le cadre de l’accord, « moins de 3 % sont allées vers des pays pauvres » mais « plus de 70 % vers des pays à revenu élevé, principalement l’Union européenne ». Devant les invités africains à Saint Petersburg, Poutine a affirmé la Russie peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial, et cela à titre gracieux, ajoutant que la Russie est un producteur « solide et responsable ».
C’est ce que confirment les cabinets d’expertise internationaux qui évaluent la production russe de céréales à plus de 124 millions de tonnes cette année. Le Conseil international des céréales (CIC), anticipe à 124,3 Mt la production de céréales russes en 2023, dont 82,8 Mt de blé et 15 Mt de maïs.
Ce sont les mêmes chiffres qu’a divulgués, le 19 avril dernier, le ministre russe de l’agriculture, Dmitri Patrouchev. Ce dernier avait annoncé que la production céréalière du pays devrait atteindre 123 Mt en 2023, dont 78 Mt de blé. Pour le responsable russe, il s’agit d’une « récolte décente et équilibrée » quoiqu’inférieure d’environ 20 % au record atteint en 2022 : 153,8 Mt dont plus de 100 Mt de blé, en raison d’une hausse des rendements.
« Cela nous permettra d’assurer pleinement la sécurité alimentaire nationale et de continuer à fournir des produits à nos partenaires étrangers », a déclaré le ministre
La Russie est le premier exportateur mondial de blé et pourrait approcher en 2023/24 le niveau d’exportations record qu’elle connait sur la campagne en cours. Le pays exporterait 45 Mt en 2023/24 contre 42 Mt en 2021/22.
L. C.