Il y a une succession de gargotes au quartier de la Cité, à Chlef, où l’on sert différents plats populaires. L’aspect extérieur ne paie pas de mine, l’intérieur non plus. Dès l’entrée, on est pris à la gorge par l’odeur de friture. Les lieux sont insalubres pour ne pas dire dégoutants ; il n’est pas rare en effet de voir les cafards courir sur les murs, le parterre et même les tables. Paradoxe très chélifien : ces insectes ne semblent pas déranger les occupants des lieux, en atteste leur fréquentation assidue entre 11h et 14h.
Avec la chaleur qui s’abat régulièrement sur la ville en cette période, manger dans les « restaurants » de la Cité est une véritable corvée ; il faut avoir l’estomac bien accroché pour ne pas dégurgiter ce que l’on vient d’avaler tant la saleté est prégnante. Les tablier crasseux des serveurs indiquent on ne peut mieux le peu d’intérêt qu’on accorde à la clientèle. C’est « tu manges ou tu déguerpis ».
« Manger ici équivaut à une tentative de suicide », me dit souvent mon ami le Dr K. Benmouhoub. Médecin retraité, il déplore une situation qui ne fait qu’empirer bien qu’elle ait été à maintes reprises dénoncée.
Tous les médecins exerçant à Chlef pointent du doigt ces lieux où l’on peut contracter aisément une intoxication alimentaire sévère. Surtout en période estivale où les températures atteignent des records dans la région. On le sait, les fortes chaleurs favorisent la croissance des bactéries, des moisissures et d’autres micro-organismes qui peuvent entraîner une détérioration des aliments et des risques d’intoxication alimentaire. D’autant plus que les aliments les plus consommés comme les frites, les croquettes de pomme de terre (maqouda), les poivrons, les sardines et les œufs durs sont exposés à l’air libre.
Source de contamination et de maladies
Selon le Dr Mohamed Hadjam, les aliments qui ne sont pas conservés à des températures sûres se détériorent très vite et sont source de contamination et de maladies. Il recommande de prendre quelques précautions pour éviter les intoxications alimentaires à savoir éviter les aliments crus ou peu cuits, tels que les viandes saignantes, les œufs crus et les produits laitiers non pasteurisés.
De même, conseille-t-il, les aliments périssables (viandes, produits laitiers, œufs et plats cuisinés) doivent être placés au réfrigérateur à une température inférieure à 4 °C.
Or, ce n’est nullement le cas dans les restos de la Cité : tous les aliments sont exposés à la température ambiante qui frôle les 40° Celsius pendant de longues périodes.
Il n’y a pas très longtemps, les services de l’hygiène et du contrôle de la qualité ont effectué une « descente » qui s’est soldée par la fermeture de plusieurs établissements. Tous les commerces ont réouvert et tous continuent d’exercer dans les mêmes conditions.
La responsabilité des pouvoirs publics est pleinement engagée. On ne peut tolérer qu’en 2023 il puisse exister au chef-lieu de wilaya pareils commerces de la mort. Un cahier des charges très strictes devrait être imposé à tous ceux qui comptent s’investir dans la restauration.
En tout état de cause, explique le Dr K. Benmouhoub, en cas de doute sur la qualité des aliments ou si l’on présente des symptômes d’intoxication alimentaire tels que des nausées, des vomissements, des maux d’estomac ou de la diarrhée, il faut consulter en urgence un professionnel de la santé.
A. Younes