Des députés européens ont dénoncé ce mardi à Strasbourg le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental et l’inclusion des territoires sahraouis occupés dans la signature d’accords illégaux entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.
Une semaine avant l’expiration de l’accord de pêche actuel entre les 27 et le Maroc, élargi illégalement au Sahara occidental et dans l’attente de la décision finale de la Cour de justice de l’UE (CJUE) sur le document, prévue pour la fin de cette année, les membres de l’intergroupe européen de soutien au Sahara occidental et des députés européens ont tenu à réaffirmer leur engagement en faveur de la légalité internationale ainsi que leur soutien aux revendications historiques du peuple sahraoui pour la défense de ses droits politiques, sociaux et économiques.
Les protestataires ont brandi des pancartes sur lesquelles étaient écrits les messages : « Le Sahara occidental n’est pas à vendre » et « Stop the plunder – Stop the looting » (arrêtez le pillage).
Après une rude bataille juridique menée par le Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, pour mettre un terme aux accords UE/Maroc incluant illégalement le Sahara occidental, la CJUE est parvenue à une conclusion sans équivoque : ces accords, y compris celui de la pêche, ne peuvent s’appliquer au Sahara occidental.
Depuis Valladolid où se tient actuellement le premier Conseil de la présidence espagnole de l’UE, le Commissaire européen à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche, Virginijus Sinkevicius, a exprimé publiquement son pessimisme de voir lesdits accords être renouvelés dans les conditions initiales.
« Cela est difficile », a-t-il résumé.
A une semaine de l’expiration des accords de pêche, le 17 juillet, les États membres de l’UE se trouvent face à deux choix possibles, selon les options présentées par le Front Polisario : continuer à soutenir l’acte de « piraterie du Maroc » ou choisir la voie de la « légalité offerte par le représentant unique et légitime du peuple sahraoui ».
Sur ce dernier point, le Front Polisario propose une voie de sortie avantageuse et honorable pour les pays membres de l’UE à travers la première réunion tenue la semaine dernière à Las Palmas avec le secteur de la pêche canarien.
Organisée sous le slogan « Construire des ponts et tisser des réseaux de dialogue qui unissent les intérêts du secteur canarien de la pêche et du peuple du Sahara occidental », la réunion, au cours de laquelle les scénarios post-17 juillet ont été discutés, s’est conclue par une proposition réaliste faite par les Sahraouis aux responsables canariens.
La proposition formulée par le Front Polisario était tout simplement l’octroi aux pêcheurs espagnols de licences de pêche directe pour un an. Le représentant du Front en Espagne, Abdallah El-Arabi, a d’ailleurs exprimé « la ferme volonté du Front Polisario de négocier tous les aspects liés à l’exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental, en tenant compte de l’existence du cadre juridique qui permet l’activité économique sur le terrain, malgré l’état d’occupation. »
De son côté, l’avocat du Front Polisario devant les juridictions européennes, Gilles Devers, a expliqué que les licences de pêche qui seront fournies par le Front Polisario « maintiennent les quotas et toutes les normes qui ont été appliquées dans le cadre de l’accord avec le Maroc et garantissent la sécurité de ceux qui pêchent dans les eaux de la zone exclusive du Sahara occidental. »
Il convient de rappeler qu’en septembre 2021, le Tribunal de l’Union européenne avait statué en faveur du Front Polisario, soutenant que « l’accord de pêche avec le Maroc avait été conclu sans le consentement du peuple du Sahara occidental ».
A noter que l’accord de pêche Maroc/UE, dont le protocole actuel expire le 17 juillet prochain, est entré en vigueur le 18 juillet 2019. Il permet à 128 navires de l’UE de pêcher illégalement dans les eaux du Sahara occidental occupé.