Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien « La Presse de Tunisie » publie un article d’une brûlante actualité : la fuite des nationaux vers l’Europe et l’arrivée massive des migrants subsahariens sur le territoire tunisien. Tous les pays du Maghreb sont en réalité concernés par cette problématique à laquelle les pouvoirs en place devraient trouver des réponses satisfaisantes.
L’auteur de l’article, Mohamed Hedi Abdellaoui explique d’emblée cette évidence : « Le départ des compétences nationales est motivé par plusieurs facteurs, en l’occurrence le chômage, la modestie des salaires perçus, la détérioration des conditions de vie, la lourdeur administrative et le déficit de transparence affectant la majorité des services publics. Ceux qui viennent en Tunisie, après des périples aussi divers que compliqués, fuient les crises politiques et économiques, les guerres civiles qui sont légion en Afrique, l’oppression, la pauvreté et la grande misère. »
Pour notre confrère, les départs massifs des nationaux vers l’Europe et l’affluence continue des Subsahariens en direction de la Tunisie sont des histoires ayant un même fil conducteur : hommes, femmes et enfants fuient les conflits, les persécutions, la misère et partent à la quête d’une vie meilleure. Et de signaler que chaque année plus de 200 millions de personnes quittent leurs pays, soit 3% de la population mondiale.
Adellaoui reconnait que son Tunisie n’échappe pas au phénomène car, depuis des années, les partants sont des Tunisiens qualifiés, alors que les arrivants sont, le plus souvent, des candidats à l’exil, des réfugiés transitant via la bande sahélo-sahéliennes et la Tunisie en quête de conditions de vie décentes.
Les compétences s’en vont
Selon les statistiques officielles, 902.300 partants Tunisiens qualifiés, toutes catégories confondues, sont partis à l’étranger en 2020, soit 7,65% de la population. Les cadres se chiffrent à 13.670 en 2016, à 13.951 en 2017 et à 14.232 en 2018.
Par catégories professionnelles, on apprend que 3.162 ingénieurs sont partis en 2016, 3.258 en 2017, 3.354 en 2018. 450 informaticiens ont quitté le pays en 2018. De 630 en 2018, on recense plus de 2700 médecins tunisiens partis vivre à l’étranger.
Le chiffre d’enseignants-chercheurs passe de 2.300 en 2018 à 4.000 en 2019.
Les dernières statistiques de l’Ordre des ingénieurs tunisiens font état de «100.000 cadres ayant quitté le pays entre 2011 et 2017 contre 64.000 avant 2011. Le mouvement migratoire s’est accéléré depuis en faveur de l’Allemagne et de la France essentiellement».
Le départ de ces compétences nationales est motivé par plusieurs facteurs, en l’occurrence le chômage, la modestie des salaires perçus, la détérioration des conditions de vie, la lourdeur administrative, et le déficit de transparence affectant la majorité des services publics.
Ceux qui arrivent…
« Ceux qui viennent en Tunisie, après des périples aussi divers que compliqués, fuient les crises politiques et économiques, les guerres civiles qui sont légion en Afrique, l’oppression, la pauvreté et la grande misère », écrit notre confrère en évoquant les flux migratoires intra-africains. Il cite l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui signale 246.183 départs en 2018 à l’intérieur de l’Afrique du Nord, plus de 1 million de l’Afrique du Nord vers le reste du continent et 658.540 du reste de l’Afrique vers cette zone.
L’auteur fait aussi part du dernier rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui démontre que les migrants africains vont majoritairement en Afrique.
L’âge moyen des migrants africains était de 29 ans. Tout comme au Burkina Faso, au Nigeria ou en Ouganda, en Tunisie, une grande partie des migrants subsahariens ont entre 15 et 34 ans, les femmes sont généralement plus jeunes et les hommes plus nombreux (entre 60 et 80%).
Source : Mohamed Hedi ABDELLAOUI in La Presse de Tunisie, édition du 10 juillet 2023